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Vicky Cristina Barcelona (2008)

Un film de Woody Allen

Le cinéma de Woody Allen a changé. C'est un fait établi depuis, disons, Match Point. Cette bifurcation, moins comique, plus thriller intimiste, apportait alors beaucoup de fraîcheur au parcours d’un cinéaste prolifique mais au renouvellement quasi absent. Avec son dernier film en date, présenté à Cannes 2008 dans l’euphorie de la présence simultanée à l’écran de deux bombes anatomiques, Johansson et Cruz, on semble arriver à un point de non-retour, un moment où s’étiole déjà (Match Point date de 2005) le renouveau Allen. Osons le dire, Woody est carrément en vacances. Au moins c’est raccord avec le thème du film (Vicky et Cristina passent l’été à Barcelone : comment ça, tout est déjà dans le titre ?)

Le Woody 2008, c’est relâche : scénario déjà vu sur lequel on a constamment trois temps d’avance, mise en scène absente où Allen se contente de filmer Barcelone et ses personnages à la touriste - Javier Bardem et Scarlett Johansson ne semblent pas vraiment concernés par ce qu'il se passe- ; personnages pour lesquels on ne peut avoir aucune empathie : tous guidés par des pulsions "incontrôlables" -seule raison invoquée : Barcelone est chaude, colorée et pleine d’architectures bizarres, et il y a Javier Bardem-, ils se détruisent eux-mêmes dans des abîmes de réflexions auto-analytiques (la palme à Vicky, qui a un peu de mal à jouer Woody Allen) sur le sens de l’amour. C’est ici et juste ici qu'on se dit : une mise en scène touriste, un scénario déjà vu, tous plein de défauts et cette tendance "ménage à trois, so modern !" : le film de Woody Allen est en fait le film de Cristina (Johansson), qui dit avoir joué et réalisé un film sur "la difficulté de l'amour" de 12 min. ! Celui-là, on ne le verra pas, bien sûr. Pour illustrer la jeunesse, l’inexpérience et –sûrement- la prétention de la réalisatrice, il aurait raté son film exprès (ou du moins, on ne pourra pas lui reprocher le résultat : c’est le film de Cristina !). Cette réflexion ne manquera sûrement pas d'être relevée par les adorateurs du cinéaste (Télérama anyone ?) pour crier au génie d'une mise en abîme invisible. N'empêche, le film est un gros ratage.

Cerise sur le tùron, la structure du métrage est bordélique dans sa façon de contrôler le récit, la faute à une voix-off insupportable qui vient déjouer à chaque fois le peu de tension dramatique qui pourrait poindre. En totale contradiction avec le reste du film –et dirait-on, comblant des explications que Woody Allen n'aurait pas eu le temps de tourner-, elle semble indiquer que le film est une comédie, ce qui est pourtant loin d’être évident.

Bref, quand on s’est ennuyé ferme tout du long, l'apparition de Penelope Cruz et sa scène sensuelle avec Johansson, baignée dans un rouge sur-signifiant inutile, ne suffisent pas à empêcher une des plus grandes déceptions de l’année.

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