Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le film était presque parfait - Page 92

  • Across the universe (2007)

    Un film de Julie Taymor

    3359461336_d02ab4532e_m.jpgRaconter une histoire (d’amour) en prenant pour matériau les chansons mythiques créées par les non moins mythiques Beatles. Tel est la proposition de ce film, forcément musical. En cela, le début constitue un préambule qui teste le spectateur, qui va recevoir une demi-douzaine de pop songs dans les oreilles pendant le premier quart d’heure, presque sans mot parlé. De fait, ce début fait montre de son concept, et dans le même temps prends le gros risque de désolidariser le spectateur avec le fil (ténu) du récit ; il le paie au prix fort. On a beau être charmé par les réorchestrations parfois ingénieuses de l’œuvre des quatre de Liverpool, on ne peut foncièrement pas accrocher à cette histoire d’amour contrariée, qui paraît d’autant plus artificielle que tout, des décors aux mouvements de caméra, ne semblent être que prétextes à une partie de jukebox géant qui s’éternise rapidement. Les acteurs, sélectionnés en premier lieu pour leur voix (très belles performances de l’ensemble du cast) ne sont pas franchement charismatiques ; le fadasse Jim Sturgess en premier lieu, qui donne cependant le ton de la romance en commençant dès les premières images à chanter Girl : l’objet de son affection, celui du film. Le personnage du jeune homme (Jude) est d’ailleurs plus une caricature qu’autre chose, artiste maudit dont le cœur est sans cesse mis à l’épreuve, comme l’illustre de belle manière la séquence de Strawberry Fields Forever, à coups de fraises épinglées sur une toile blanche.

    Déroulant son semblant de trame narrative à l’époque où les Beatles rendaient fous le monde entier, on passe ainsi de la guerre du Viêt-Nam, à l’assassinat de Martin Luther King, tout ceci composant une toile de fond essayant de capter la sensibilité d’une époque, et n’y parvenant que rarement. Un des dinosaures des années Woodstock est d’ailleurs de la partie, j’ai nommé un Joe Cocker qui se permet de jouer...à la Joe Cocker, mimiques faciales et tremblements de mains à l’appui, qui accompagne la partie psychédélique, phase plus réussie du film, convoquant épisodiquement la noirceur d’un The Wall (Alan Parker, 1982), notamment par l’intermédiaire de l'ami de Jude, parti au Viêt-Nam et revenu salement amoché -la chanson Happiness Is a Warm Gun, excellente. On y croise aussi un impressionnant Bono, méconnaissable sous ses lunettes et son épaisse moustache. Son jeu est d’ailleurs d’un naturel qui fait du bien au sein de cet univers très fabriqué. Enchaînements de véritables petits clips, certains pris à part étant très beaux (le lancinant Because), d’autres faisant preuve d’une exubérance qui, à la longue, insupporte (Being for the benefit of Mr Kite, qui la joue Moulin Rouge! sous acide). On prendra donc ce long, très long (2h dont la raison d’être est l’empilement du plus grand nombre de chansons dans ce temps imparti) morceau de cinéma musical comme une grosse glace, indigeste à la fin mais qui nous aura réservé certains moments graphiquement intéressants, ce qui incite à regarder le film par séquences. Enfin, entendre un best-of des Beatles est toujours bon à prendre...

  • L'histoire sans fin (1984)

    Un film de Wolfgang Petersen

    3350346133_4fa7338bf8_m.jpgLa redécouverte de certains films ayant bercé notre enfance nous réserve souvent de fort agréables surprises. Cette histoire sans fin, dont j’avais oublié la plupart des passages, m’a replongé dans un univers fantastique tout bonnement exceptionnel, et pour ainsi dire aujourd’hui disparu ; la grâce des effets spéciaux "en dur" rend vraiment attachant un personnage comme le géant de pierre, doté d’un chara design imparable. Plusieurs aspects rendent ce film tout simplement beau : d’abord la force évocatrice rendue à l’acte de lecture. Les expressions de Bastien, qui sort épisodiquement les yeux de son livre, ou qui fait le geste de fermer l’ouvrage pour regarder la couverture, sont vrais. De même, l’immersion dans le récit reste un modèle quasi parfait, par le biais d’un visuel onirique, fait d’un bestiaire imaginaire vraiment réussi -le dragon, le loup, l’escargot de course, et la tortue géante, extraordinaire- et de décors désolés ou foisonnants assez impressionnants. Filmé avec tout ce qu’il faut pour rendre ces décors majestueux, le métrage nous offre une ballade dans le souffle brumeux d’un rêve éveillé. Des moments durs, comme tout bon conte initiatique (la mort du cheval, cruelle) ou d’autres qui s’inscrivent directement dans une dimension mystique (le passage des Sphynx). Bien que tourné la langue de Shakespeare, le film est presque entièrement allemand, et constitue à ce jour l’un des plus gros budgets du pays ; peuplé d’un casting dont on n’avait jamais croisé les têtes ailleurs, le monde du film s’ouvre et se referme en même temps que la séquence-titre et le mot fin, telle une parenthèse magique.

    La deuxième dimension remarquable que l’on retrouve dans l’histoire sans fin est une mise en abîme particulièrement soignée, que l’on doit d’ailleurs au livre de Michael Ende dont est tiré le film. Cette mise en abîme marchait sûrement encore mieux avec le livre, car le lecteur se trouvait, de fait, dans la même posture que Bastien, qui lit lui aussi un livre nommé L’histoire sans fin. La possibilité entrevue d’interagir avec les personnage du roman est un rêve d’enfant, qu’on tenté de reproduire de façon bancale ces ouvrages "dont vous êtes le héros". Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?

    L’histoire est aussi un pur Creature Movie dont chaque nouvelle scène comprend une ou plusieurs créatures fantasmagorique, et dont le récent Hellboy II est un avatar (assez réussi). D’où une multitude de bonnes raisons de toujours apprécier ce film une fois adulte ; et aussi parce que le film s’ouvre sur une chanson typique des eighties (donc à l’orchestration dépassée mais à la mélodie terriblement entraînante), une NeverEnding Story bien-nommée... J’ai hésité à vous proposer le clip de la chanson sur Youtube qui est assez autre... Mais non. L’histoire sans fin de Wolfgang Petersen doit garder son intégrité artistique. A l’heure où un remake de ce chef d’œuvre est en discussion à Hollywood, proclamons notre attachement à l’original !

  • L'étrange histoire de Benjamin Button (2009)

    Un film de David Fincher

    3340965990_884987ce11_m.jpgThe curious case of Benjamin Button
    . Titre qui convoque l’imaginaire littéraire d’un R.L. Stevenson (The strange case of Dr. Jeckyll and Mr. Hyde), d’un Conan Doyle, d’un Poe ou d’un Lovecraft. Raté, c’est d’une nouvelle de Scott Fitzgerald qu’est tirée la substance du film. D’où une relative mésentente sur le parfum de mystère et d’irrésolu (qui appelle donc une résolution) qui se dégage de ce titre. En effet, la première chose qui saute aux yeux à la sortie de salle du nouveau Fincher (Se7en, The Game, Fight Club, Zodiac), c’est que la dimension fantastique proclamée n’est pas traitée : ce personnage qui naît vieux pour ensuite rajeunir, allant à contre-courant du sens de la vie, offrait des potentialités intéressantes au niveau du développement scénaristique -développement encouragé par la faible durée de la nouvelle, pour arriver à un film qui approche les 3h. Que signifie d’être le seul à parcourir le temps à l’envers ? Comment le personnage s’en sort avec cela ? Des questions qui, pareillement, ne seront pas traitées.

    Fincher est un réalisateur de l’image -il a notamment réalisé des clips pour Michael Jackson, Madonna ou les Rolling Stones-, il s’attache donc à démontrer visuellement le passage du temps : le personnage grandit, a de plus en plus de cheveux, de muscles ; moins de rides. Les coupes de cheveux changent, ainsi que les vêtements, les modes. Qu’y a-t-il au-delà de ces images ? Hé bien, pas grand-chose. Je ne peux pas dire que je m’y suis ennuyé, mais pas non plus que j’y ai vu tout ce que j’espérais. Il manque clairement une profondeur psychologique et philosophique qui était permise par le matériau de base. En fait, le postulat fantastique apparaît juste comme un prétexte à raconter une histoire d’amour finalement assez simple. Button traverse les époques, approche certains événements historiques, ce qui fait que certains ont rapproché ce film de Forrest Gump (Robert Zemeckis, 1994). Rapprochement pas franchement pertinent, tant la ligne directrice du film est différente. Sauf qu’effectivement, le film aurait pu être signé par Zemeckis. L’émotion n’est pas très présente non plus, car motivée par l’image, encore et toujours. Les stades du rajeunissement de Brad Pitt semblent être l’unique objet d’un métrage qui échoue à montrer autre chose qu’un sage album d’images. De plus, la narration en flash-back dans l’hôpital me semble une option tout à fait inutile pour ce genre de film, si ce n’est pour rajouter artificiellement une ligne temporelle. Le simple récit de l’histoire principale m’aurait d’ailleurs mieux convenu, tant les passages dans l’hôpital me sortait de la trame narrative principale.

    La somme des péripéties se réduit en fait à peau de chagrin, et on se surprend à guetter le running-gag du vieux sur qui tombe la foudre un certain nombre de fois. L’accueil de Benjamin dans une sorte d’hospice, qui lui fait côtoyer les personnes âgées, et donc la mort, cette "invitée particulière", aurait pu être plus forte si l’on sentait ce que cela faisait à Benjamin Button. Le fait que tout le film soit narré par la voix du Button adulte en fait un conte très américain qui se voudrait philosophique mais n’arrive pas à l’être. Le titre français, en modifiatn légèrement le vocabulaire du titre original, s'en fait d'ailleurs l'écho. On est donc en droit d’être déçu par une affiche aussi intéressante et des performances d’acteurs qui ne le sont pas moins. Au final, Fincher n’était peut-être pas le réalisateur qu’il fallait à Button. On restera donc sur notre faim pour cette fois-ci, en attendant cependant avec toujours autant d’impatience le prochain projet d’un homme qui constitue un excellent technicien de l’image.

  • L'année du dragon (1985)

    Un film de Michael Cimino

    3335018268_1790f30e50.jpg?v=0Ouf ! Après une longue semaine de silence critique (dûe entre autres à l’arrivée dans mon modeste lieu de vie d’un écran plat, à l’effet très hypnotisant...), nous découvrons aujourd’hui ce magnifique polar - film noir d’un Michael Cimino qui, décidément, est un grand metteur en scène. Après un Voyage au bout de l’enfer (1979) récemment visionné pour la première fois, ses films me font l’impression d’un grand choc tant esthétique que dramatique et lyrique, portés par des comédiens en état de grâce. C’est vraiment le cas ici avec la performance que livre Mickey Rourke, chien fou qui fonce tête baissée dans une croisade impossible contre le crime organisé dans Chinatown. Stanley White, son personnage, est hanté par l’échec (la guerre du Viêt-Nam, fantôme de l’œuvre de Cimino) et semble mener cette mission tant pour réussir enfin quelque chose, que pour fuir le monde qui l’entoure : son action peut être clairement interprétée comme une tentative de suicide, une fuite en avant. Entre sa femme qu’il délaisse et une journaliste chinoise qui l’attire, presque malgré lui, -représentant quand même tout ce qu’il cherche à oublier-, il semble définitivement ailleurs. Toujours flanqué d’un chapeau mou, réminiscence du film noir des années 40, son statut est flou : flic, il n’arbore pourtant jamais l’uniforme. Il semble se battre contre son propre camp, car c’est finalement un solitaire tant professionnellement que personnellement. Ces deux dimensions n’en font qu’une chez Stanley White, et de cet amalgame naîtront ses démons. En cela, il est l’architecte de sa propre déchéance.

    Plusieurs thèmes reviennent dans l’œuvre de Cimino ; parmi ceux-ci, la guerre du Viêt-Nam, mais aussi la dimension du sacré (la longue séquence du mariage dans Voyage au bout de l’enfer, ici les enterrements, les croix à tous les coins du cadre) et un pessimisme prégnant. Les flics s’arrangent avec la mafia, du coup ni vu ni connu, ils sont complices des pires atrocités. Les valeurs de bien ou de mal n’ont plus cours dans le monde de L’année du dragon. On y montre bien que chaque personnage abuse de la liberté qui lui est accordée, de la journaliste aux interpellations télévisées intrusives, au policier justicier qui doit bouleverser certains codes établis pour faire entendre sa voix, en passant par les mafieux, dont la fonction fondamentale est d’entraver les règles.

    Le film de Cimino montre une communauté multi-ethnique (chinois, américains, polonais) qui résiste à l’image du melting-pot (celui-ci correspondant à un mélange harmonieux des hommes) et dessine plus un paysage compartimenté, où les différentes pièces communiquent mal. C’est dans cette partie que j’ai trouvé le film le plus juste et terrifiant. La mise en scène très opératique de Cimino (ah, La porte du paradis) accompagne à merveille cette sorte de danse d’amour et de mort. Utilisant bien les possibilités du Cinémascope, la ville en ressort comme un monstre tentaculaire qui semble porter en lui (ambiance poisseuse, ruelles sordides) les signes de la déliquescence qui est en marche. Un excellent moment de cinéma, d’ores et déjà mon film du mois (difficilement détrônable !).

  • Batman Begins (2005)

    Un film de Christopher Nolan

    3312837451_bcc891802b_m.jpgEn des temps très Batman-esque, il est de bon conseil de regarder dans le rétroviseur pour apprécier, une nouvelle fois s’il ne vous a pas convaincu la première, combien le Batman Begins de Nolan, remise à zéro de toute la franchise cinématographique, est toujours, à ce jour, le meilleur film de toute la série, n’en déplaise à tous les fans de Burton -dont je fais partie- et du Joker made in Heath Ledger.

    Nous devons d’abord entrevoir la lourde tâche qui attendais Nolan quand il décide de réaliser le nouveau Batman pour la Warner : la franchise, commencée dans l’euphorie du succès planétaire du Batman de Burton (1989), semblait très bien partie. Contre toute attente, Burton accepte de tourner la suite, un projet qui paraît très... personnalisé, sombre et bizarre (les scènes Pinguin - Catwoman, la folie de Catwoman, le personnage de Max Schreck), et qui déplu fortement aux exécutifs de la Warner. S’en suit la lente mais implacable déchéance de la série avec deux opus signés Joel Schumacher (Batman Forever -1995, Batman & Robin -1997) pataugeant dans un visuel kitsch et flashy digne des boîtes de nuit les plus "in", ainsi que dans des dialogues semblant avoir été rédigés par un enfant de 5 ans. Batman devient un automate dans une fête foraine géante dopée aux néons fluo, et par la même occasion l'espoir d’une reprise de qualité s'envole après ces échecs consternants.

    L’objectif de Warner et de Christopher Nolan est de remettre les choses à plat ; recommencer sur de nouvelles bases pour donner un nouvel élan à un personnage qui, dans l’univers des comics, est quand même foutrement intéressant : traumatisé, il a soif de vengeance et son côté vigilante ne fait aucun doute ; légèrement schizo, il est également clair que, sous son masque, il dévoile sa vraie personnalité ; l’apparence du playboy Bruce Wayne n’est qu’un leurre.

    Pour un nouveau départ, il faut tout expliquer au spectateur, et c’est là la première force de BB : les premières 40 minutes du film vont condenser de façon virtuose tout ce qu’il y a à savoir sur Bruce Wayne pour rendre la suite logique, plausible et très divertissante.

    Les premières secondes sont totalement muettes, et les logos des studios surgissent en noir et blanc sur l’écran ; Pour Casino Royale, lui aussi film du renouveau pour James Bond, Martin Campbell avait également opté pour du noir et blanc, montrant une genèse, un work-in-progress pas encore finalisé, en train de se réaliser (rappelant également les débuts du cinéma, passant du noir et blanc à la couleur sur une grande échelle au prix de nombreuses années d’efforts). Les deux films se rapprochent également par la volonté évidente de donner plus de réalisme à chacune des entreprises -si tant est qu’un agent secret indestructible aux pouvoirs quasi-magiques (les filles font presque litttéralement la queue pour coucher avec ce cher James) et un super-héros qui se ballade en justaucorps de latex puissent être considéré comme réaliste-.La première minute montre le trauma initial que subit Bruce Wayne envers les chauves-souris, à travers une chute incontrôlée dans un trou profond ; plongeon qu’il réitérera une fois adulte, de façon totalement maîtrisée, pour mettre au jour la bat-cave. Toujours dans cette même minute, se dessine les liens indéfectibles entre Bruce et Rachel avec leur jeu "trouver, c’est garder". Jeu que le film nous rappellera, une fois encore, plus tard dans le récit. Alfred nous est également rapidement montré comme un véritable père de substitution pour Bruce, et devient lui aussi un personnage beaucoup plus important et subtil que dans le comics ou les précédentes adaptations. En fait, c’est dans un rêve que Bruce se rappelle ce passage de son enfance ; outil narratif intéressant que le rêve, qui permet d’accoler deux séquences temporellement différentes sans lien apparent entre elles. Ainsi, les premières 40 minutes font s’exercer à faire le lien entre les deux périodes, celle du Bruce enfant et du Bruce adulte, qui se trouve dans une prison glauque au milieu de nulle part. Va alors apparaître Ducard, qui va enseigner à Bruce l’art ninja, ce qui cautionne pour plus tard ses habiletés au combat et ses disparitions  à tous bouts de champ. La même dimension avait été exploitée dans la (fabuleuse) série animée de Bruce Timm au début des années 90 : les 7 ans d’absence de Wayne étaient comblés par un apprentissage d’un art martial en Asie.

    Dès ce début tonitruant de BB est posé la question de la différence entre justice et vengeance : Bruce ne semble pas la percevoir, si bien que son chemin de justicier se heurte à la vengeance aveugle dont il fait preuve dans un premier temps. Cette thématique sur le « vigilante occupe aussi bien le premier film (Bruce prend une arme pour tuer le meurtrier de ses parents) que The Dark Knight, avec ces citoyens ordinaires qui se fabriquent eux-mêmes un bat-costume pour faire justice. A la question : qu’est-ce qui te différencie de nous, Batman », la réponse de l’intéressé est éloquente : "je ne porte pas de jambières de hockey". Donc, pas grand-chose... La musique de Begins est aussi partie prenante dans la réussite du film : nerveuse, elle embrasse la montée en puissance du justicier, pour ne révéler son thème principal que tardivement (au passage, Hans Zimmer réutilise ici son propre thème composé pour Pirates des Caraïbes -Gore Verbinski, 2003-  et certaines phrases musicales de Gladiator -Ridley Scott, 1999- : pas très sérieux, tout ça...). Tout comme le personnage de Batman, qui arrive au bout d’une heure de film seulement. On décèle là aussi une bonne option pour ce BB : la quête de Bruce est montrée longuement, ce qui permet au spectateur de se lier émotionnellement avec le personnage ; si bien que Bruce Wayne est aussi important, sinon plus que Batman, et en tous les cas très intéressant, ce qui était un peu le maillon faible des films précédents ; on attendait alors juste de voir le Batman, qui effectivement était dévoilé dès les premières minutes des films. BB est vraiment équilibré, et articulé autour de Bruce Wayne, alors que dans The Dark Knight, Christopher Nolan a choisi le Joker (et Harvey Dente / Double-Face) pour contrebalencer le héros : la performance d’Heath Ledger, exceptionnelle, a malheureusement tendance à vampiriser le film ; lorsque la fin arrive, on n’a pas tant l’impression d’avoir vu Batman (alors qu’il est beaucoup plus présent que dans BB) que cette trogne défigurée du Joker. C’est à mon sens son plus gros défaut par rapport à Batman Begins.

    BB ne serait rien sans Gotham City, rendue poisseuse, sombre et glauque par une photo très travaillée, où le Batman se confond avec la nuit environnante. Le costume reste du coup assez mystérieux, ce qui n’est pas plus mal. Le film dessine un Bruce Wayne en rupture avec le système, avalisant son but : punir le crime sous un nouveau visage, un symbole.  C’est également le premier film ouvertement réflexif sur le costume, où Bruce Wayne nomme cette démarche symbolique. Batman Begins reste donc très riche, et pour l’instant le mètre-étalon d’une série qui ne peut que continuer...