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hong-kong - Page 2

  • Ciné d'Asie : Détective Dee, le mystère de la flamme fantôme (2011)

    Un film de Tsui Hark

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    Le sieur Tsui Hark se fait plutôt rare ses temps-ci. Son dernier film, Seven Swords, est sorti depuis sept ans déjà, malgré sa participation à Triangle (Hark, Lam & To, 2008). C'est dire si son nouvel objet filmique non-identifié était attendu (au moins par nous). Jadis précurseur et maître d'une fantasy fantasque et survoltée (Zu, les guerriers de la montagne magique et sa suite), en passant par le film de super-héros (Black Mask, 1995) et le film historique, avec la saga Il était une fois en Chine, Il nous joue un bien beau tour avec son Détective Dee, personnage ayant réellement existé s'employant à résoudre les affaires les plus tortueuses. 

    An 690. La veuve du dernier empereur en date va prochainement accéder au trône. Des meurtres inexpliqués -les victimes prennent feu et décèdent dans d'affreuses souffrances- viennent perturber les préparation de la cérémonie, dont la construction d'un gigantesque bouddha. 

    Malgré des effets spéciaux peu convaincants (les décors numériques se révèlent constamment sous leur vrai visage, soit un artifice voyant), Hark s'empare du matériau de base pour l'intégrer intelligemment dans son œuvre. Ainsi, les instants fantaisistes et extravagants peuplant sa filmographie se retrouvent ici par bribes savoureuses (un cerf qui parle, un mystérieux prêtre qui vole et s'évanouit dans les airs), pour ensuite trouver une explication rationnelle, déterrée des décombres de la croyance et des superstitions par le réaliste Dee. Comme on a plaisir à se laisser emporter par ce flot de magie, de complots, de romance échevelée et de cadrages survoltés -la bataille entre Dee et le Grand Prêtre est ahurissante ! Les personnages, interprétés par un casting impeccable (Andy Lau, Tony Leung Ka Fai, Li Bingbing), nous emmène dans un théâtre d'événements aussi invraisemblables que touchants. 

    Les belles scènes de combat, d'une lisibilité de tous les instants grâce aux chorégraphies de l'excellent Samo Hung, participent à la narration et amènent des idée visuellement excitantes. Celui opposant Dee au pseudo-grand maître, dans les grottes utilise le décor à bon escient, dessinant l'incertitude et les difficultés d'un combat dans ces zones sombres. Retrouvant par moment la furie cinématographique de The Blade, Tsui Hark démontre que son énergie, sa soif de filmer est intacte. 

    Entre policier, film de sabre et fantastique, Dee nous offre un cocktail inédit, recelant aussi de touches d'humour -la relation entre Dee et la jeune fille-, certes gâché par quelques effets spéciaux mal gérés. Il n'en est pas moins un bon film, haletant, dépaysant, constituant un retour aux premières amours de Hark pou les personnages historiques et les contes d'épées. Pas encore un chef d’œuvre, mais un moment vraiment plaisant, qui fait plaisir à voir dans une production contemporaine globale peu enthousiasmante.

  • Ciné d'Asie : The Heroic Trio (1993)

    Un film de Johnnie To

    5580019857_b022b5a11e_m.jpgAvant d'être le cinéaste de polars reconnu en France qu'il est devenu (The Mission, Fulltime Killer, Breaking News, Election 1 & 2, Exilé), Johnnie To a commencé par divers films de genre, et The Heroic Trio est celui qui a mis en lumière son talent naissant.

    Cocktail réjouissant s'il en est, The Heroic Trio convoque trois branches typiques du cinéma made in Hong Kong, via chacune de ses héroïnes, découvertes ici par le grand public. Michelle Yeoh incarne une femme aux pouvoirs apparemment magiques (ses déambulations sont camouflées par une cape d'invisibilité) chargée de rapporter des nouveaux-nés à un démon qui veut s'incarner dans l'un d'eux. Avec elle, débarque tout le folklores des films fantastiques, et notamment les standards vus dans Zu les guerriers de la montagne magique (Tsui Hark, 1984) et les Histoires de fantômes chinois troussées par Ching Siu-Tung à la fin des années 80. Des mondes souterrains nimbés de fumée, peuplés de vieux barbus aux ongles crochus, drapés dans des voiles interminables et coiffés de galurins improbables, aux couleurs surréalistes et décorés par des cadrages typiques (travelling au ras du sol shooté au grand angle), l'univers est solidement planté.

    Maggie Cheung (vue la même année dans l'excellent Green Snake de Tsui Hark) prend pour sa part l'allure des porte-flingues des films de John Woo ; carabine à portée de la main, chevauchant une moto, arnachée de lunettes d'aviateur, c'est la flingueuse, travaillant contre rémunération. Le personnage évoque un univers plus réaliste, toutes proportions gardées, que ses deux (futures) comparses.

    Quant à Anita Mui (qu'on verra ensuite dans l'immense Drunken Master 2, commencé par Liu Chia-Liang et terminé par Jackie Chan), c'est la Justicière, munie d'une cape et d'un loup, rappelant la kyrielle de héros masqués à la zorro, combattant le crime, protégeant les faibles et les opprimés. Les trois genres, policier, fantastique et aventures, se marient plutôt bien, faisant exploser par un décloisonnement brutal un univers réaliste et l'autre issu des cauchemars où le mal règne en maître absolu. Jonnhie To n'hésite pas, d'ailleurs, à s'aventurer loin dans la tragédie, deux nouveaux-nés trouvant la mort (dont un violemment en plein cadre) au cours du métrage. Un onirisme flottant baigne notre Heroic Trio, où le monde d'en bas et le monde d'en haut semblent inversé -on ne peut distinguer le plafond du repaire, pourtant souterrain, du grand méchant, tandis que la ville est plongée constamment dans une ténèbre d'ébène). Dans tous les extrêmes, la dynamique cinématographique du film est une réussite, un bon produit de la Film Workshop de Tsui Hark.

    Issues d'horizons bien différents, les trois héroïnes vont être, finalement, rassemblées, pour faire face à une même menace. Schéma certes classique, mais qui révèle tout de même de multiples surprises mises en scène énergiquement, dans un festival d'images léchées tout à fait recommandable. Dès lors, quoi de plus compréhensible que Johnnie To et Ching Siu-Tung emballent une suite la même année, baptisée Executioners (les deux film étant disponibles dans un beau coffret chez HK Vidéo / Metropolitan) ? 

  • Ciné d'Asie : Ip Man (2008)

    Un film de Wilson Yip

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    Ip Man a été, comme tant d'autres longs-métrages, privé de sorties salles en France ; ce qui, au vu du film enfin distribué dans nos contrées par l'entremise de Metropolitan / HK, est tout bonnement ahurissant.

    Ip Man est un maître d'arts martiaux ayant réellement existé, sa spécialité étant le Wing-Chun, style de combat de la Chine du Sud. La star du film, si ce n'est Donnie Yen, qui incarne le maître avec beaucoup de retenue et de style, est clairement l'art martial en lui-même : de nombreux affrontements se succèdent, la caméra agile de Wilson Yip captant chaque inflexion de main, chaque mouvement de pied, avec le plus grand impact visuel possible. Le talent martial de l'acteur ne fait aucun doute et jaillit jusqu'aux quatre coins du cadre. Il se dégage de ces séquences une poésie du mouvement totalement jouissive, alliant maîtrise totale et sérénité de l'être qui rapproche le personnage, ainsi que les combats, du légendaire Wong Fei Hung. Ip Man, contrairement à Fei Hung, éprouve cependant moins de scrupules à donner une bonne leçon aux japonais, méchants sans ambiguïté, et ce n'est pas plus mal. De même, les différents personnages sont très bien caractérisés dans leur niveau d'aptitude au combat, et la dynamique qui sous-tend les affrontements : à l'aide d'ellipses ingénieusement placées, on retrouve certaines personnes à d'autres postes, régis par de nouveaux rapports de force. 

    La structure narrative du film laisse apparaître des similitudes étonnantes avec Gladiator (Ridley Scott, 1999) : le général Maximus est déchu de ses fonctions, de la même façon que le maître Ip Man perd tout ce qu'il a lors de la guerre, et se retrouve à charrier du charbon comme un esclave ; Maximus devient peu à peu un gladiateur terriblement efficace, là où Ip Man se sert de ses qualités martiales pour en remontrer à des karatékas japonais dans un arène rappelant les jeux du cirque ; et, quand la renommée de Maximus lui fait rencontrer en combat singulier l'empereur lui-même, Ip Man affrontera lui aussi dans une séquence finale époustouflante le chef de l'armée japonaise ; et, malgré ce parallèle qui saute aux yeux, le film n'en est pas moins passionnant.

    Si les combats sont très réussis, dirigés par le bon Sammo Hung (également acteur et réalisateur), la dramaturgie générale du film l'est tout autant, ce qui est plutôt rare dans ce domaine ; prenez un Ong Bak, doté de chorégraphies de combat absolument démentes, il n'en reste pas moins que l'objet film reste bâclé par sa partie scénaristique, ... absente. Ici, les enjeux du film restent concentrés sur les personnages et le background historique, fondamentale (durant la deuxième guerre mondiale, la Chine étant sous domination japonaise). Dans la même veine, alliant histoire récente et arts martiaux, on avait été grandement impressionné par Fist of Legend (Gordon Chan, 1994), le remake de La fureur du Dragon avec Bruce Lee. Ip Man vient remettre au goût du jour cette qualité narrative, visuelle, psychologique et purement martiale, pour devenir une des meilleurs découverte cinéma de cette année, tous ganres confondus : il était temps !

  • Ciné d'Asie : L'île de la bête (1978)

    Un film de Chu Yuan

    4925278619_e2b1bcbb7e_m.jpgPour qui connaît la sensibilité hors normes de Chu Yuan au sein de la Shaw Brothers, L’île de la bête recèle des mêmes qualités, et d’autres peu vues chez le cinéaste. Depuis La guerre des clans (1976), premier film du cycle Gu Long -romancier à succès oeuvrant dans le genre aventures / fantasy / arts martiaux-, on a découvert le style inimitable de Chu Yuan : esthétisme poussé à son paroxysme, intrigues à tiroirs, bref une sorte de rêve éveillé qui frappe à chaque fois par son empreinte visuelle.

    Et c’est tout cela que l’on retrouve dans L’île de la bête, agrémenté d’un agréable parfum de surnaturel. En effet, une petite troupe se dirige vers la mystérieuse île, tous ayant de très bonnes raisons de faire le périple annoncé : retrouver un père disparu, oublier un passé de violences, ou accepter une mission pour sauver une jeune fille : c’est le choix qu’a fait Chu Liu-hsiang (Ti Lung), héros proclamé du film mais qui, finalement, se retrouve intégré dans une dynamique de groupe assez inhabituelle ; les films de la Shaw mettant souvent en scène des guerriers solitaires dont les alliances ne dépassent pas une ou deux personnes. Maître des arts martiaux, il aura fort à faire avec les différentes épreuves qui l’attende sur l’île.

    Le film est conçu comme une succession de pièges, de trahisons, de découvertes, bref lorgne vers le pur film d’aventures en mettant de côté l’aspect purement martial (une constante chez Chu Yuan, de toute façon plus intéressé par une dimension plus universelle donnée à ses intrigues). Voir le voyage en bateau qui permet d’accéder à l’île, permettant de faire connaissance avec les personnages et définir les rapports de force entre eux. Le groupe, composé de personnalités bien distinctes, est bien caractérisé et l’attachement aux personnages est réel ; malgré les différentes couches d’intrigues, elles sont ici quelque peu simplifiées dans un souci de clarté narrative qui donne un ton étonnant au film, le rapprochant d’un film américain d’aventures de groupe. Les passages dans la grotte de glace notamment, avec la notion de progressions obligatoire et de sacrifices, sont très réussis d’un point de vue narratifs et dotés d’un cachet visuel typique. Eclairages presque fluo, sources de lumière irréelles, on nage en plein délire (contrôlé), pour une très bonne surprise à l’arrivée.

    Unique par son côté fantasy, le film offre un moment soigné, dépaysant et un peu fou, dévoilant aussi son tribut au cinéma américain. S’il n’est pas le meilleur de son auteur (on ira chercher pour cela vers Intimate Confessions of a Chinese Courtesan, Le sabre infernal ou Le poignard volant, qui offrent d’ailleurs des formes plus classiques du cinéma de cape et d’épées chinois, le wu-xia pian.

  • Ciné d'Asie : Succession par l'épée (1992)

    Un film de Eric Tsang

    4798642120_dd810e9ef7_m.jpgProduction Tsui Hark lorgnant vers les racées Histoires de fantômes chinois, Handsome Siblings est l’occasion de revoir la belle Brigitte Lin Chin Hsia (Zu, les guerriers de la montagne magique, Tsui Hark, 1984, Les cendres du Temps, Wong Kar Wai, 1994), Même si l’on convient qu’elle est moins bien mise en valeur que pour Swordsman 2, réalisé la même année par Ching Siu-Tung. Suivant un sillon identique, héroïque et fantaisiste, peuplé de démons et de dieux à forme humaine qui veillent sur les humains, le film est d’une beauté typique de cette Fantasy chinoise. Vols en apesanteurs, boules d’énergies, rubans colorés flottant au vent lorsque apparaissent les dieux et démons sur Terre (magnifique première séquence dans un forêt ténébreuse, qui pompe cependant terriblement sur les Histoires de fantômes chinois, toujours elles).

    Un grand guerrier meurt au combat pour protéger une bande de voleurs, des vrais bras cassés, qui recueillent un enfant. Ce dernier deviendra un combattant hors pair et va participer à un grand tournoi qui a lieu tous les 18 ans. En chemin, il fait la connaissance d’une femme travestie en homme (grand classique HK, remember le conte des amants papillons, maintes fois adapté) ; une romance compliquée commence… Le clan des voleurs offre plusieurs moments de comédie très typée difficilement supportable, humour débile à la clé. C’est le jeune Andy Lau (l’un des deux infiltrés de Infernal Affairs) qui se lie avec Brigitte Lin. La magie imprégnant tout le métrage, elle se loge aux quatre coins du cadre ; personnages pliés en quatre, apparitions fantomatiques, une débauche d’effets qui distrait un temps, mais déçoit rapidement après la première scène d’anthologie dans la forêt. Les twists sont éculés, et l’humour totalement lourd nuit à la gravité et au romantisme échevelé de l’amour naissant entre les deux jeunes gens. C’est pourtant dans ce mélange qui nous est si peu familier que se forme les films HK, s’efforçant de concilier différentes sensibilités dans le résultat final. Un petit film bancal, qui bénéficie tout de même du soin des production de la Film Workshop de Tsui Hark.

    Source image : jaquette DVD © Metropolitan Video