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Le film était presque parfait - Page 17

  • Blue Jasmine (2013)

    Un film de Woody Allen

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    Le Allen cuvée 2013 est plutôt un bon millésime : alternant films moyens (Scoop, Minuit à Paris), et vrais mauvais films (Vicky Cristina Barcelona, Vous allez rencontrer un un bel et sombre inconnu, To Rome with love) depuis l'incontestable réussite de Match Point, le réalisateur américain ne s'en tire pas trop mal ici. La palme aux acteurs, Alec Baldwin, Sally Hawkins notamment. La structure du film est aussi plus recherchée qu'habituellement, jouant finement avec le flash-back, liant malicieusement les scènes.

    Comme souvent, les personnages ne sont pas ce qu'ils semblent être de prime abord ; Cate Blanchett, Jasmine dans le film,  est, à ce titre, stupéfiante (même si on a profocdément du mal à s'attacher à elle, mais c'est une autre histoire). Le décalage entre la bourgeoise Jasmine et sa sœur, au quotidien plus modeste, explose lorsqu'elles cohabitent, après que Jasmine a vu son mariage atomisé par des tromperies extra-conjugales et autre scandale financier.

    Le personnage principal a des traits alleniens (très verbeuse et totalement névrosée), mais l'ensemble donne une fraîcheur qu'on ne connaissait plus à ce cher Woody depuis des années. Une fraîcheur teintée de folie et même de mélancolie, la pauvre Jasmine paraissant parfois complètement paumée dans ce nouveau monde (celui de la sobriété financière, dira-t-on).

    Autre point positif, l'intrigue et ses personnages nous emmènent sous des horizons où se jouent les nuances de gris ; rien ni personne n'est l'homme ou la femme idéale, la sphère des gens fortunés est décrite par petites touches impressionnistes, mais son constat est sans appel.

    Ballade très amère aux pays des rêves désenchantés, le film, s'il est loin d'être parfait (fin abrupte, peu de personnages sympathiques), Blue Jasmine constitue le meilleur film de son auteur depuis un bail. Ce serait dommage de s'en priver.

     

  • Flashback Presse Cinéma : Midi-Minuit Fantastique n°2

    15163730451_4ffefa6504_m.jpgA la lecture de l'imposant n°2 de la revue Midi-Minuit Fantastique dans la réédition exceptionnelle signée Michel Caen et Nicolas Stanzic, plus constats s'imposent : tout d'abord, les rédacteurs en avaient sous le pied en créant la revue, car cette deuxième livraison totalise 130 pages, plus que certains numéros doubles (comme le numéro 4-5, consacré à Dracula).

    La revue, totalement consacrée au cinéma dans le premier numéro, s'ouvre à d'autres formes d'arts, certes reliées au domaine cinématographique ; la littérature, dans un premier temps. On avait bien perçu la qualité poétique des écrits de l'équipe. Le cinéma cher à Midi-Minuit Fantastique est bien celui d'une porte ouverte vers l'imaginaire, moteur d'un émerveillement constant, et d'un plaisir des sens à tous les niveaux. Ce n'est pas par hasard si ce numéro consacré aux "Vamps Fantastiques" débute par des extraits choisis de Boris Vian où il décrit fort joliment différents types de femmes fatales : à griffes, à nageoires, etc. Viennent ensuite une sympathique nouvelle fantastique d'une mystérieuse Bélen, et quelques critiques de livres en fin de numéro. La revue s'ouvre aussi, encore plus que dans sa première livraison, à l'illustration et à la peinture, de la main même des rédacteurs, qui ont visiblement plusieurs vies : ainsi, Félix Labisse, avec ses peintures détournant les codes de l'ère classique, et Jean Boullet, avec ses jolis dessins à l'encre, sont à la manœuvre pour donner plus de plaisir à l’œil. Un oeil est également à la fête dans la rubrique Rencontres..., qui rapproche des images issus de films différents autours de motifs récurrents : la femme araignée, les femmes fleurs, les vampires, femmes-oiseaux, etc. Là encore, l'admirable reproduction des photos est à mettre au compte de l'éditeur et des auteurs de l'intégrale Midi-Minuit, rehaussant si c'était possible l'intérêt de l'ouvrage.

    On retrouve la fascination de certains sur des films, ou des acteurs : le fameux Masque d'Or de Charles Brabin pour Jean Boullet, adaptation des exactions du diabolique Fu Manchu ; Caroll Borland, vamp tout aussi fameuse dans La marque du vampire (Tod Browning, 1935). On parle beaucoup de ce dernier dans ce numéro ; Freaks (1931), Les poupées du diable (1936) sont abordées pour leur personnages pittoresques de femmes fortes.

    Des images splendides, ce numéro en regorge, à commencer par sa couverture ; Mary Morris dans Le voleur de Bagdad (Ludwig Berger, Michael Powell, Tim Whelan, 1940), mais également la belle princesse ailée du Tour du monde de Sadko, film russe d'Alexandre Ptouchko sorti en 1952 ; la splendide Glynis Jonhson en sirène dans Miranda (Ken Annakin, 1948), ou encore Moira Shearer dans Les contes d'Hoffman de Michael Powell. Bref, en dressant un panorama complet des cinémas de l'imaginaire par le biais d'une thématique précise, en alternant cinéma du présent (dfe l'époque !) et remémoration des grands films des décennies précédentes, parfois oubliés, l'apport critique et historique de la revue, en plus d'une valeur littéraire assez exceptionnelle, est encore plus évident aujourd'hui qu'il ne pouvait l'être alors (on connaît aujourd'hui beaucoup des films invisibles de l'époque. Et ce n'est que le début !

  • Metal Hurlant Chronicles - saison 2 (2014)

    Une série TV de Guillaume Lubrano

    14844577938_db297fd945_m.jpgIl y a deux ans, les six épisodes de la première saison, entre tortues de l'espace et bimbos en latex, m'avaient bien fait rire ; l'audace de l'ensemble étant à louer devant l'absence des séries françaises de SF, à budget correct. En sachant à quoi m'en tenir, j'ai visionné la deuxième saison de 6 épisodes, diffusés il y a peu sur France 4 (également disponible en VOD sur Canalplay). Rappelons l'origine du projet : une série basée sur des bandes dessinées parues dans Métal Hurlant, la revue BD française typée SF qui a fait découvrir Bilal, Druillet, ... Le nom de la revue étant mondialement connu (notamment grâce à une parution aux Etats-Unis, Heavy Metal, depuis 1977, ayant inspiré deux films et des jeux vidéos), le producteur Guillaume Lubrano vend les droits de la série un peu partout dans le monde... L'un des derniers pays acquéreurs étant le France ! Etant donné le format court des saisons, Lubrano vend d'emblée les deux premières saisons. Voici que les derniers épisodes produits sont diffusés.

    "On ne change pas une équipe qui gagne" : cet adage bien connu se vérifiant souvent, on ne sera pas surpris qu'ici, rien ne change, même si la réussite n'est pas forcément au rendez-vous. On a toujours mal à s'emballer pour ses récits qui nous endorment à la deuxième minute d'un épisode pourtant court (25 minutes) ; la chute de l'épisode, sur laquelle repose tout le récit, est parfois tout à fait accessoire ; les quelques beaux plans de décors (un bar de l'espace, une salle du trône futuriste, un château, ou une ville du far-west) ne suffisant pas à garnir les péripéties des histoires. A tout le moins, on ne peut leur reprocher leur manque de considération visuelle, l'esthétique étant le point réussi de cette seconde salve. Costumes et décors sont soignés, même si quelques effets spéciaux masquent difficilement leur nature factice.

    Rayon casting, on reprend les mêmes et on recommence : Michael Biehn (Termintor), James Marsters (Buffy contre les vampires), Scott Adkins, Dominique Pinon, Michael Jai White ; au rayon des nouveaux venus, Frédérique Bel, pas avare de ses charmes dans le segment médiéval Le second fils, ou encore l'ex-hardeuse Katsuni, alias Céline Tran, John Rhys-Davis, et même une apparition-clin d'oeil de Jean-Pierre Dionnet, cofondateur de Métal Hurlant.

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    Un maquillage réussi dans l'épisode L'endomorphe

    Whisky, le récit western qui ouvre la saison, est assez réussi ; les décors et les prestations de James Masters et Michael y sont de bonne qualité ; le montage est par contre parfois à la ramasse, notamment sur le passage du temps (une séquence laisse paraître que le laps de temps écoulé est très important, alors qu'on se rend compte ensuite que tout s'est passé assez rapidement).

    L'endomorphe
    , second épisode, nous propulse dans une zone de guerre intergalactique assez bien fichue ; la chute, particulièrement, nous offre un impact assez fort. Malgré le manque d'ampleur de l'épisode (on ne peut s'empêcher de voir qu'une poignée d'acteurs est à l'étroit dans un huis-clos moyennement tendu).

    Seconde chance a l'air d'un Star Wars du pauvre, aux décors cependant soignés (rappelant ainsi Les maîtres du destin, épisode de la saison 1) ; on apprécie également les épisodes qui lient entre eux, certains personnages se croisant d'épisodes en épisodes, formant même un tout avec la première saison 1.

    Le dernier Khondor aurait pu être un bon épisode s'il n'était pas auto-centré sur la salle du trône, certes jolie, mais bon, 25 minutes c'est long... La chute, qui n'a pas l'air d'en être une, est plus intéressante qu'elle n'y paraît.

    Le second fils est l'épisode médiéval de la saison, lui aussi un peu coincé dans la grande salle à manger. De plus, les actions des protagonistes (un échange de lame entre frères) paraît n'avoir aucun enjeu narratif. On notera tout de même dans cet épisode la prestation d'un sosie de Vincet Cassel jeune, qui s'en sort bien en jouant les crapules. Les paysages nocturnes du château piquent un peu les yeux, parraissant sortis d'une cinématique de jeu vidéo d'il y a 10 ans.

    Enfin, Retour à la réalité est une histoire dans l'histoire digne de La quatrième dimension, malheureusement sans beaucoup de moyens. Dominique Pinon joue dans cet épisode, ainsi que dans le précédent, et y donne de sa personne.

    La saison est presque aussi décevante que la première ; peut-être devrait-on intimer à Guillaume Lubrano de lâcher les rênes de la série, ou au moins de partager les responsabilités, tant il fait tout (producteur, scénariste, réalisateur sur tous les épisodes)...

  • Focus presse : Clap!

    14770807267_c444c85a4f_m.jpgComme chaque été, j'ai l’œil sur les numéros spéciaux de la presse ciné ; cette fois-ci, les sommaires des différents numéros annoncés (un Spécial gore chez Mad Movies, un Super-héros chez l'Ecran Fantastique) n'ont pas su attisé ma curiosité.

    Parlons donc d'une vraie nouveauté, un nouveau mag de ciné trimestriel, Clap !, issu du site internet du même nom. J'y ai aimé la variété des contenus (David Fincher rencontre le cinéma gay et lesbien, True Detective fraie avec Les chevaliers du Zodiaque, Twin Peaks avec la hype-mais-pas-trop Naomi Kawase... J'aime également le rapprochement entre la presse papier et les chroniqueurs ciné du web, tel les échappés de DVDClassik ou les papiers signés Sandra Mézière (consoeur de la plateforme de blogs Hautetfort) ; bref, une variété de contenus inédite et salutaire, avec une réelle exigence éditoriale. Seul le flashback sur Brando ne me paraît pas un si bonne idée, monstre sacré certes, mais tellement traité déjà...

    Je vous laisse avec l'accroche de leur critique sur Edge of Tomorrow, le blockbuster SF avec Tom Cruise qui est effectivement loin d'être hors-sujet : L'ombre d'Alain Resnais ?

  • Flashback Presse Cinéma : Midi-Minuit Fantastique n°1

    14853437706_a15a800b4c_m.jpgToujours à l’affût des projets originaux dans le domaine du cinéma, la maison d'édition Rouge Profond nous a permis il y a quelques mois de redécouvrir tout un pan de la littérature cinématographique des années 60 avec la publication du premier tome d'une intégrale de la revue Midi-Minuit Fantastique, comprenant les six premiers numéros, augmentées de reproduction en couleurs de magnifiques photographies d'exploitation. Le mérite en revient évidemment surtout à Michel Caen, rédacteur en chef de la revue, et à Nicolas Stanzic, auparavant auteur d'un ouvrage indispensable sur la Hammer Films. Pour vous replonger dans une époque aujourd'hui révolue, de prime découverte et d'émerveillement pour le cinéma fantastique, je vous propose un bref compte-rendu de chaque numéro de la revue.

    Midi-Minuit Fantastique ouvre un territoire qui n'existait pas à l'époque, proposant une réflexion approfondie sur le genre que nous chérissons, entre autres, dans ces lignes. Ainsi, dans le premier numéro de la revue, daté de mai-juin 1962, les rédacteurs (Jean-Claude Romer, Alain Le Bris, Michel Caen, Jean Boullet, Paul-Louis Thirard, Michel Nuridsany), ont trouvé un thème fédérateur : le réalisateur Terence Fisher, grand architecte du cinéma de la Hammer, qu'ils apprécient par-dessus tout (et ils sont presque seuls dans ce cas-là à l'époque). Même si l’œuvre de Fisher n'est pas terminée, il a depuis longtemps déjà posé les jalons de son cinéma, notamment avec les relectures du cycle des Universal Monsters : principalement Frankenstein s'est échappé (1957), Le cauchemar de Dracula (1958), La nuit du loup-garou (1962). Et les cinéphiles passionnés de la revue de décortiquer la filmographie du réalisateur sont un angle quasi-uniquement visuel ; les figures du sang, du château, de l'érotisme sont ainsi abordées, de même que le mythe de Frankenstein.

    On remarque que la musique, importante dans la constitution d'une ambiance Hammer, n'est symptomatique pas évoquée dans le numéro, alors que d'autre part, le directeur photo Jack Asher est tout de suite repéré comme un artisan notable du charme des images made in Hammer. La répartition des illustrations, nombreuses dans la revue, est souvent construite sur des comparaisons avec les anciennes versions des films (Universal versus Hammer), les articles étant également épaulés par les dessins à l'encre d'Adrien Dax. A la suite des articles thématiques, on trouve un cahier critique des nouveautés sorties dans les genres qui intéressent la revue ; Jean Boullet nous donne par exemple envie de voir L'épée enchantée (Bert I. Gordon, 1962). Dès ce premier numéro, on note également l'accent mis sur le côté encyclopédique de la revue, misant à chaque fois que l'occasion le permet sur la liste : filmographies commentées à tous les étages.

    Découvrir ces précieux documents aujourd'hui génère bien des surprises, la première d'entre elle étant l'intemporalité de l'écriture et le sérieux de l'analyse. Bien qu'on soit en plein voyage dans le temps culturel, les textes ne peuvent être réduits à de simples documents historiques relatant les débuts de la cinéphilie fantastique à la française et gardent aujourd'hui toute leur pertinence. On relèvera particulièrement dans ce numéro l'édito de Jean Boullet sur "Terence Fisher et la permanence des mythe",  témoignant d'un profond amour du cinéma fantastique et reconnaissant en Terence Fisher son nouveau prophète du genre... alors même qu'il n'a pas encore vu un seul de ses films ! Aujourd'hui, à mon tour de témoigner ma plus grande gratitude envers les cinéphiles passionnés qui ont permis l'exhumation de ce trésor inestimable : Michel Caen et Nicolas Stanzic, merci à vous pour le cadeau que vous faîtes aux amoureux du cinéma fantastique qui redécouvrent aujourd'hui l'origine de leur passion ! Quant à moi, je vous donnerai régulièrement rendez-vous ici-même au fur et à mesure de la lecture de l'imposant et magnifique pavé constituant le premier tome de cette intégrale.

    Pour plus d'infos concernant Midi-Minuit Fantastique, une seule adresse : midiminuitfantastique.com