Une série TV de Guillaume Lubrano
Il y a deux ans, les six épisodes de la première saison, entre tortues de l'espace et bimbos en latex, m'avaient bien fait rire ; l'audace de l'ensemble étant à louer devant l'absence des séries françaises de SF, à budget correct. En sachant à quoi m'en tenir, j'ai visionné la deuxième saison de 6 épisodes, diffusés il y a peu sur France 4 (également disponible en VOD sur Canalplay). Rappelons l'origine du projet : une série basée sur des bandes dessinées parues dans Métal Hurlant, la revue BD française typée SF qui a fait découvrir Bilal, Druillet, ... Le nom de la revue étant mondialement connu (notamment grâce à une parution aux Etats-Unis, Heavy Metal, depuis 1977, ayant inspiré deux films et des jeux vidéos), le producteur Guillaume Lubrano vend les droits de la série un peu partout dans le monde... L'un des derniers pays acquéreurs étant le France ! Etant donné le format court des saisons, Lubrano vend d'emblée les deux premières saisons. Voici que les derniers épisodes produits sont diffusés.
"On ne change pas une équipe qui gagne" : cet adage bien connu se vérifiant souvent, on ne sera pas surpris qu'ici, rien ne change, même si la réussite n'est pas forcément au rendez-vous. On a toujours mal à s'emballer pour ses récits qui nous endorment à la deuxième minute d'un épisode pourtant court (25 minutes) ; la chute de l'épisode, sur laquelle repose tout le récit, est parfois tout à fait accessoire ; les quelques beaux plans de décors (un bar de l'espace, une salle du trône futuriste, un château, ou une ville du far-west) ne suffisant pas à garnir les péripéties des histoires. A tout le moins, on ne peut leur reprocher leur manque de considération visuelle, l'esthétique étant le point réussi de cette seconde salve. Costumes et décors sont soignés, même si quelques effets spéciaux masquent difficilement leur nature factice.
Rayon casting, on reprend les mêmes et on recommence : Michael Biehn (Termintor), James Marsters (Buffy contre les vampires), Scott Adkins, Dominique Pinon, Michael Jai White ; au rayon des nouveaux venus, Frédérique Bel, pas avare de ses charmes dans le segment médiéval Le second fils, ou encore l'ex-hardeuse Katsuni, alias Céline Tran, John Rhys-Davis, et même une apparition-clin d'oeil de Jean-Pierre Dionnet, cofondateur de Métal Hurlant.
Un maquillage réussi dans l'épisode L'endomorphe
Whisky, le récit western qui ouvre la saison, est assez réussi ; les décors et les prestations de James Masters et Michael y sont de bonne qualité ; le montage est par contre parfois à la ramasse, notamment sur le passage du temps (une séquence laisse paraître que le laps de temps écoulé est très important, alors qu'on se rend compte ensuite que tout s'est passé assez rapidement).
L'endomorphe, second épisode, nous propulse dans une zone de guerre intergalactique assez bien fichue ; la chute, particulièrement, nous offre un impact assez fort. Malgré le manque d'ampleur de l'épisode (on ne peut s'empêcher de voir qu'une poignée d'acteurs est à l'étroit dans un huis-clos moyennement tendu).
Seconde chance a l'air d'un Star Wars du pauvre, aux décors cependant soignés (rappelant ainsi Les maîtres du destin, épisode de la saison 1) ; on apprécie également les épisodes qui lient entre eux, certains personnages se croisant d'épisodes en épisodes, formant même un tout avec la première saison 1.
Le dernier Khondor aurait pu être un bon épisode s'il n'était pas auto-centré sur la salle du trône, certes jolie, mais bon, 25 minutes c'est long... La chute, qui n'a pas l'air d'en être une, est plus intéressante qu'elle n'y paraît.
Le second fils est l'épisode médiéval de la saison, lui aussi un peu coincé dans la grande salle à manger. De plus, les actions des protagonistes (un échange de lame entre frères) paraît n'avoir aucun enjeu narratif. On notera tout de même dans cet épisode la prestation d'un sosie de Vincet Cassel jeune, qui s'en sort bien en jouant les crapules. Les paysages nocturnes du château piquent un peu les yeux, parraissant sortis d'une cinématique de jeu vidéo d'il y a 10 ans.
Enfin, Retour à la réalité est une histoire dans l'histoire digne de La quatrième dimension, malheureusement sans beaucoup de moyens. Dominique Pinon joue dans cet épisode, ainsi que dans le précédent, et y donne de sa personne.
La saison est presque aussi décevante que la première ; peut-être devrait-on intimer à Guillaume Lubrano de lâcher les rênes de la série, ou au moins de partager les responsabilités, tant il fait tout (producteur, scénariste, réalisateur sur tous les épisodes)...