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Le film était presque parfait - Page 12

  • Dracula et les femmes (1968)

    Un film de Freddie Francis

    22546235616_f6743d1804.jpgLe film, première co-production entre la Hammer Films et Warner Bros. / Seven Arts, est sorti récemment sur support blu-ray en France, accompagné de sa suite directe, Une messe pour Dracula : c'est l'occasion de revenir sur ce Dracula et les femmes. Véritable troisième épisode de la saga Dracula par la Hammer Films -on exclut le mensonger bien qu'excellent Les maîtresses de Dracula, dans lequel le comte n'apparaît pas, au profit d'un autre vampire, le baron Meinster-, Dracula has risen from the grave devait également être réalisé par le grand cinéaste maison, Terence Fisher. Étant immobilisé après un accident de la route, c'est Freddie Francis, chef-opérateur de talent (Les innocents, Jack Clayton, 1960) également réalisateur, qui prend les rênes du projet. Un épisode délicat, car pré-vendu aux financeurs sur la présence de Christopher Lee, lequel n'était pas au courant. Soucieux de ne pas être catalogué, il accepta tout de même, à contrecœur et après d'âpres négociations, ce nouveau film, pour lequel il a des mots durs :

    "Je n'ai pas osé [le] regarder tant je suis convaincu que c'est une œuvre médiocre. [...] [Le film] a été tourné avec une absence complète de style, de goût ou de qualité de production."
    Christopher Lee Club Bulletin, février 1969

    Même si le film n'est pas, loin s'en faut, le meilleur de la Hammer, on ne peut s'empêcher de sauver quelques éléments intéressants dans cette suite : une année s'est écoulée depuis le précédent Dracula, prince des ténèbres. Le mordant comte, souvenez-vous, avait fini emprisonné dans l'eau glacée d'un torrent gelé. La scène d'introduction montre pourtant la découverte d'une plantureuse morte coincée dans la cloche d'une église, deux points rougeoyants ornant son cou. Situation très étrange d'ailleurs, car plus tard, on retrouve Dracula piégé dans la glace et ranimé par quelques gouttes de sang... La projection de l'esprit démoniaque de Dracula suffit-il à vampiriser ses victimes ? Mystère... Il faut savoir que la présence du comte sanglant était souvent ajouté a posteriori de la rédaction du scénario, et l'on voit là, à mon avis, une des énormes incohérences produites par ce fonctionnement. Le film montre par contre d'autres sujet de contentement, comme celui de faire d'un prêtre un serviteur de Dracula.

    Complètement muet dans Dracula, prince des ténèbres, Lee retrouve ici un peu la parole, pour quelques tirades bien senties. Il est également fort peu présent à l'écran, mais chacune des ses apparitions sont marquantes, notamment dans les fabuleux décors sur les toits de la ville, qui sont le théâtre de nombreuses déambulations nocturnes. La raison de ses sanglantes exactions est, disons-le, risible : remarquant à son retour que son château, exorcisé et aux portes barrées d'une croix chrétienne, lui est inaccessible, il réclame vengeance et tuera les responsables. Dracula dans un revenge movie, franchement ?

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    Christopher Lee et Veronica Carlson

    Le titre français du film, bien différents de l'original, met l'accent sur les atouts physiques du métrage, notamment en la personne de la généreuse Veronica Carlson, Hammer Girl dont c'est le premier film pour la firme. A ses côtés, la jolie barmaid Zena (Barbara Ewing) fait également partie du package sexy de la Hammer, même si elle a dû pour cela opérer un rembourrage généreux pour garnir son costume.

    La trame principale est très décevante, se concentrant sur l'histoire d'amour entre Paul, athée et serveur dans une taverne, et Maria, belle-fille de Monseigneur Muller. Elle n'est sauvée que par la sophistication visuelle de l'ensemble, qui se résument les décors de Bernard Robinson et la photo de Arthur Grant (un peu d'abus de la machine à fumée, toutefois !) ; notamment, les filtres colorés apposés sur les apparitions du vampire donnent à ces moments une note onirique bienvenue. Un plaisir visuel qui aurait pu être décuplé par une meilleur scénario...

    La Hammer est à un tournant de son histoire, misant désormais plus sur le côté érotique et sanglant de son cinéma ; pour promouvoir Dracula et les femmes, les publicistes s'essayent à l'humour, dimension totalement étrangère à la Hammer... Aussi étonnant que cela puisse paraître, cet opus mineur fut le plus grand succès de la firme !

    Disponibilité vidéo : DVD/Blu-ray - éditeur : Warner Home Video France

    Sources bibliographiques :

    The Hammer Story / Marcus Hearn, Alan Barnes, 2007
    L'antre de la Hammer / Marcus Hearn, 2012
    Les Dracula de la Hammer Films, in Fantastyka n°11

    D'autres critiques du film :

    Devildead
    DVDClassik

    dracula,vampires,suites de films,hammer film,60's,fantastique

  • Jurassic World (2015)

    Un film de Colin Trevorrow

    jw-1.jpgIl n'est pas étonnant qu'en 2015, le cinéma américain continue de capitaliser sur ses valeurs sûres, notamment les super-héros et les suites de films. Malgré cela, Jurassic World a tout de même mis longtemps à se monter, le dernier épisode remontant tout de même à quasiment 15 ans. Plusieurs événements, indépendants de l'économie du cinéma, ont effectivement retardé la production, notamment les décès de Michael Crichton, auteurs du roman original, et de Stan Winston, responsable des effets spéciaux, en 2008. D'autre part, différentes pistes de scénario sont envisagés au cours des années, ainsi que plusieurs réalisateurs. C'est finalement le quasi inconnu Colin Trevorrow qui obtient la confiance des studios. Ensuite, une pluie de records : meilleur démarrage de l'histoire du cinéma, le palier d'un milliard de recettes atteint en 13 jours, et finalement troisième plus gros succès au box-office à ce jour, rapportant la coquette somme de 1,6 milliard de dollars (tout cela sera balayé par Star Wars : le réveil de la force, me direz-vous). Au vu de son budget important mais mesuré (150 millions), Jurassic World est une très bonne opération financière, qui ouvre la voie à une nouvelle vague de suites. Mais est-ce pour autant un bon film ?

    Certes, certains plans à effets et toutes les créatures sont bluffantes, car on y croit. Chris Pratt (Owen Grady) est toujours un aussi bon choix de casting que dans Les gardiens de la galaxie (James Gunn, 2014). Les scènes de foule impressionnent comme dans tout bon film catastrophe qui se respecte. Mais les bonnes nouvelles s'arrêtent là, car La trame du film est tout bonnement calquée sur le premier épisode. Pire que cela, plusieurs plans sont quasiment repris à l'identique, soutenus par la même musique de John Williams (même si c'est Michael Giacchino qui officie sur le score). On assiste éberlués à un remake éhonté du premier Jurassic Park, et tout le monde n'a pas l'air de s'en soucier. Qui plus est, le personnage féminin interprété par Bryce Dallas Howard est antipathique au possible, sa romance avec Grady n'est pas crédible pour un sou en plus d'être totalement survolée.

    Comment ne pas se rendre compte que le schéma directeur est identique, et que, au final, on fait la même chose (chaque petite séquence renvoie à son modèle) en moins bien ? et surtout, comment cette pâle photocopie a engrangé tant de bénéfices ? Cela montre surtout que le modèle du cinéma hollywoodien de divertissement, une "industrie de prototypes", est devenue une industrie de produits en série, régit par des franchises réduits à l'état de marques. Le comble étant que ce film en particulier constitue profondément ce qu'il a l'air de critiquer (la rentabilité financière à tout crin, la tentation trop belle du bigger and louder...).

    Réalisée sans génie, cette suite pataude (même le 3, pourtant pas fantastique, aura ma préférence en comparaison) aura en plus eu une conséquence directe sur une autre saga cinématographique bien plus attendue : Trevorrow est désormais le réalisateur attitré de Star Wars IX... (MAJ : il s'agira finalement de J.J. Abrams)

    Disponibilité vidéo : DVD/Blu-ray/Blu-ray 3D - éditeur : Universal Pictures France

  • Brigitte Lahaie, les films de culte : un projet de livre inédit en approche !

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    Il y a quelques jours apparaissait sur la toile un projet de livre en financement participatif au thème plus qu'évocateur, pour tous ceux qui aiment le cinéma bis, x et z : la filmographie de Brigitte Lahaie, véritable icône nationale qui n'avait pas encore bénéficié d'un travail rétrospectif, qu'il était, convenons-en, urgent d'entreprendre ! Cédric Grand Guillot et Guillaume Le Disez, assistés par Nicolas Lahaye, sont à la manœuvre pour nous offrir ce qui présage d'être l'ouvrage définitif sur le sujet. Jugez plutôt :

    "Tout a commencé il y a bientôt deux ans. Nous avons réalisé que personne n'avait raconté les exploits cinématographiques de Brigitte Lahaie. Cette idée ne nous quitterait plus. [...] Assurés du soutien de Brigitte, notre projet pouvait prendre forme, celle d'un livre qui retracerait deux décennies folles, où une jeune femme timide découvrait le fascinant pouvoir de son corps. Elle embrassait le courant joyeux et libertaire qui soufflait alors sur la production érotique et pornographique, en affirmant une liberté sexuelle absolue dont elle deviendrait l'incarnation, avant de travailler avec Christopher Lee, Alain Delon, Henri Verneuil, Helmut Berger, Roger Carel, Stéphane Audran, Aldo Maccione, Jean-Jacques Beineix, Pierre Richard, Max Pécas, Michel Galabru et bien d'autres."
    (présentation issue de la page du projet sur Kisskissbanbank)

    Le projet n'est pas uniquement livresque, car à cela s'ajoute, pour les heureux contributeurs de cette noble cause, des contreparties aussi nombreuses qu'étonnantes : DVD, bouteille de vin, plaque de chocolat, sac illustré, disque vinyle, illustration de Milo Manara, ou bien encore une rencontre avec la seule, l'unique et révérée, Brigitte Lahaie. Il vous faudra à ce moment-là débourser la coquette somme de 750 Euros, mais quand on aime...

    Le crowdfunding est bientôt à mi-parcours, et le livre est déjà financé à hauteur de 57%. Tout cela est bien engagé est laisse présager d'une collecte réussie. Mais que peut-on faire de plus, semblez-vous implorer au loin, de tous les recoins brumeux de l'Internet ? Eh bien, si le projet dépasse la collecte initiale fixée à 20 000 Euros, je vous le donne en mille : une liste de bonus rares qui marquent autant de paliers à atteindre. A 30 000 Euros, le documentaire French Love (François Cognard, François Fiol, 1998), à partir de 40 000 Euros, un film totalement introuvable, Ta gueule je t'aime (Serge Korber, 1980), et ainsi de suite...

    Encore quelques jours (jusqu'au 14 novembre pour être précis) pour participer à cette grande aventure du cinéma bis, illuminée par la belle Brigitte. Une seule adresse : Brigitte Lahaie, les films de culte

    Vous savez ce qu'il vous reste à faire !

    Image d'illustration : Brigitte Lahaie dans Les volets bleus (Haydée Caillot, 1988)

  • Flashback Presse Cinéma : Midi-Minuit Fantastique n°6

    65862301.jpgJuin 1963, un autre numéro consacré au panthéon cinématographique fantastique de l'équipe MMF sort ses griffes : le numéro 6, consacré aux Chasses du comte du Comte Zaroff (Shoedsack, Cooper, 1932) ; le film a été tourné dans les mêmes principaux décors que King Kong, sujet du déjà mythique MMF numéro 3. Le numéro débute par la reproduction intégrale de la nouvelle de Richard Connell, à l'origine du film, que l'on retrouve également dans la réédition de la revue parue chez Rouge Profond. La diffusion de ce texte a du être jugée plus confidentielle que le Dracula de Stoker, reproduit dans l'édition originale mais coupée de la version reliée. Relire le texte de Connell est aujourd'hui précieux, car on y retrouve cette dimension sulfureuse, taboue, de l'évocation d'une chasse à l'homme par ce comte d'apparence somme toute débonnaire.

    Un long texte de Michel Caen fait suite à la nouvelle, essayant tout à la fois de "donner à lire" le film, tout en évoquant les implications philosophiques, et autres envers du décor du film. Grands amateurs de la revue Star Ciné Cosmos, qui consiste en un "ciné-roman" du film et aligne plusieurs centaines de photogrammes légendés d'un film à chaque parution, les joyeux bougres de MMF en donnent leur version forcément plus modeste ; 30 photogrammes (dont certains disponibles en version HD dans l'édition reliée Rouge Profond) racontent cette histoire courte. Dans l'intervalle, le numéro formule un bel hommage au regretté Ray Harryhausen, à ses créatures et évidemment, aux rejetons de Kong, qui furent aussi nombreux que médiocres : Mighty Joe Young (Shoedsack, 1949), Konga (John Lemont, 1961)...C'est l'occasion pour donner à nos yeux ravis de magnifiques visuels issus du Septième voyage de Sinbad (Nathan Juran, 1958). 

    La filmographie de Ernest Shoedsack est abordée, nous offrant des pages de splendides photos de production de Docteur Cyclope (1940). On gagne l'affiche en couleur dans la version reliée, car à l'origine la revue paraissait intégralement en noir et blanc. Fidèle à la volonté encyclopédique du titre, des filmographies très largement commentées et remplies de renseignements d'une précision chirurgicale (cinéma qui diffusait le film, quelle version, combien de temps...) sont présentées.

    L'HorrorScope est de retour, rassemblant les critiques de films sortis contemporainement de la revue. Notons un papier ô combien précis sur l'intriguant Le rayon de la mort (Kuleshov, 1925), film rare que Jacques Champreux décrit dans ses moindres détails. Jean-Paul Torok m'a fait hurler de rire avec sa critique de Maciste en enfer, titrée "Le Maciste ne passera pas", et dont voici une ligne bien sentie :

    "Tous les Maciste que j'ai pu voir sont exécrables, hideux plastiquement et moralement. Ce sont des sous-produits bâclés de la série des Hercule, des combats de catch de sous-préfecture".

    On retrouve aussi les références aux films préférés de la bande, au premier rang desquels l'indéboulonnable Masque d'or (Charles Brabin, 1932), mais on remarqué également la présence par au moins de deux mentions du Voyeur (1960), le chef-d’œuvre sadique de Michael Powell. Bref, une livraison anthologique comme on en prend l'habitude. Plus qu'à attendre la livraison du tome 2 de l'anthologie (comprenant les numéros 7 à 11 de la revue, plus un DVD rempli comme un oeuf ainsi que des textes inédits ; à priori, c'est pour le 21 octobre ! Pour en savoir plus, midiminuitfantastique.com

  • Star Trek III : à la recherche de Spock (1984)

    Un film de Leonard Nimoy

    Star-Trek-III-The-Search-For-Spock-poster.jpgStar Trek II : la colère de Khan est un succès mondial (enfin, sauf en France, comme d'habitude). Tant est si bien que très peu de temps après sa sortie au cinéma, le producteur Harve Bennett a le feu vert pour plancher sur la suite. Souvenez-vous : à la fin de Star Trek II, un suspense insoutenable : l'icône Spock meurt, se sacrifiant pour la survie de l'équipage de l'Enterprise. Leonard Nimoy, ayant repris goût à ce personnage qui a fait sa renommée, souhaite être partie prenante de cette suite dont il sera le sujet principal : très tôt, Harve Bennett décide en effet que le fil conducteur du film sera la résurrection de Spock. Autre héritage du film précédent : la création de la planète Genesis, grâce à un appareil de terraformation. Cette planète, sur laquelle est envoyé le sarcophage contenant la dépouille de Spock, est au centre de l'intrigue : sa réalisation est imparfaite, et son sursis sera de courte durée. Nimoy souhaite également inclure les klingons, adversaires historiques de Starfleet, dans l'affaire.

    Si la majeure partie du film découle directement du précédent, il y a quelques nouveautés : Kirstie Alley ne reprend pas son rôle, étant vraisemblablement trop gourmande question salaire. L'actrice Robin Curtis reprend le flambeau jusqu'à l'épisode suivant, Retour sur Terre (Leonard Nimoy, 1986). De même, cet opus marque le retour de Sarek, le père de Spock, interprété par Mark Lenard, comme dans la série d'origine. Les moeurs vulcaines prennent une importance considérables dans cet épisode, légitimant encore plus Nimoy, devenu un des plus grand "vulcanologues" (dixit Harve Bennett). Pour autant, le changement d'acteur à réalisateur ne plurent pas à tout le monde, et Nimoy fut mis à l'épreuve par ses compagnons de route. William Shatner n'en est pas revenu, proclamant à qui veut l'entendre que tout ce que sait Nimoy en matière de mise en scène, il le lui doit... Shatner profitera d'ailleurs de la renégociation de son contrat pour l'épisode IV pour exiger le poste de réalisateur pour le futur Star Trek V (pour rappel, le pire des épisodes, et de loin, de toute la saga).

    Autre affaire à suivre, la destinée du fils de James Kirk, David : Les fils sont tissés, restent à en faire un bel ouvrage. L'arc narratif principal, en dépit de sa richesse pour la mythologie de la saga, est tout de même assez faible et met un bon moment pour se conclure, même s'il est l'occasion de l'équipage historique de l'Enterprise de constituer une galerie de renégats bougrement sympathiques. On joue toujours la carte des vieux qui en ont toujours sous la semelle, contre des jeunes qui ne semblent pas avoir le même esprit de combativité. A noter, le vaisseau Pour cela, les effets spéciaux, conçus par ILM pour la seconde fois de l'histoire de la saga, sont de très belle facture. Le vaisseau Excelsior, censé succéder au vieillissant Enterprise, est réussi, tout comme les poursuites spatiales et la destruction de vaisseaux qui conclue le film.

    Finalement, et même si Christopher Lloyd est bon dans toute la démesure d'un chef klingon, Star Trek III est beaucoup plus porté sur la mystique que sur l'action et les prouesses spatiales : l'esprit de Spock investissant Bones, le rituel du jeune vulcain sur la planète Genesis, enfin le retour de l'esprit de Spock dans son corps. Véritable centre d'une trilogie non préméditée, Star Trek III, premièe réalisation de Nimoy, est un Star Trek dans la bonne moyenne, mais brille plus dans ses séquences d'introspection que d'action.