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conte - Page 2

  • L'histoire sans fin (1984)

    Un film de Wolfgang Petersen

    3350346133_4fa7338bf8_m.jpgLa redécouverte de certains films ayant bercé notre enfance nous réserve souvent de fort agréables surprises. Cette histoire sans fin, dont j’avais oublié la plupart des passages, m’a replongé dans un univers fantastique tout bonnement exceptionnel, et pour ainsi dire aujourd’hui disparu ; la grâce des effets spéciaux "en dur" rend vraiment attachant un personnage comme le géant de pierre, doté d’un chara design imparable. Plusieurs aspects rendent ce film tout simplement beau : d’abord la force évocatrice rendue à l’acte de lecture. Les expressions de Bastien, qui sort épisodiquement les yeux de son livre, ou qui fait le geste de fermer l’ouvrage pour regarder la couverture, sont vrais. De même, l’immersion dans le récit reste un modèle quasi parfait, par le biais d’un visuel onirique, fait d’un bestiaire imaginaire vraiment réussi -le dragon, le loup, l’escargot de course, et la tortue géante, extraordinaire- et de décors désolés ou foisonnants assez impressionnants. Filmé avec tout ce qu’il faut pour rendre ces décors majestueux, le métrage nous offre une ballade dans le souffle brumeux d’un rêve éveillé. Des moments durs, comme tout bon conte initiatique (la mort du cheval, cruelle) ou d’autres qui s’inscrivent directement dans une dimension mystique (le passage des Sphynx). Bien que tourné la langue de Shakespeare, le film est presque entièrement allemand, et constitue à ce jour l’un des plus gros budgets du pays ; peuplé d’un casting dont on n’avait jamais croisé les têtes ailleurs, le monde du film s’ouvre et se referme en même temps que la séquence-titre et le mot fin, telle une parenthèse magique.

    La deuxième dimension remarquable que l’on retrouve dans l’histoire sans fin est une mise en abîme particulièrement soignée, que l’on doit d’ailleurs au livre de Michael Ende dont est tiré le film. Cette mise en abîme marchait sûrement encore mieux avec le livre, car le lecteur se trouvait, de fait, dans la même posture que Bastien, qui lit lui aussi un livre nommé L’histoire sans fin. La possibilité entrevue d’interagir avec les personnage du roman est un rêve d’enfant, qu’on tenté de reproduire de façon bancale ces ouvrages "dont vous êtes le héros". Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?

    L’histoire est aussi un pur Creature Movie dont chaque nouvelle scène comprend une ou plusieurs créatures fantasmagorique, et dont le récent Hellboy II est un avatar (assez réussi). D’où une multitude de bonnes raisons de toujours apprécier ce film une fois adulte ; et aussi parce que le film s’ouvre sur une chanson typique des eighties (donc à l’orchestration dépassée mais à la mélodie terriblement entraînante), une NeverEnding Story bien-nommée... J’ai hésité à vous proposer le clip de la chanson sur Youtube qui est assez autre... Mais non. L’histoire sans fin de Wolfgang Petersen doit garder son intégrité artistique. A l’heure où un remake de ce chef d’œuvre est en discussion à Hollywood, proclamons notre attachement à l’original !

  • L'étrange histoire de Benjamin Button (2009)

    Un film de David Fincher

    3340965990_884987ce11_m.jpgThe curious case of Benjamin Button
    . Titre qui convoque l’imaginaire littéraire d’un R.L. Stevenson (The strange case of Dr. Jeckyll and Mr. Hyde), d’un Conan Doyle, d’un Poe ou d’un Lovecraft. Raté, c’est d’une nouvelle de Scott Fitzgerald qu’est tirée la substance du film. D’où une relative mésentente sur le parfum de mystère et d’irrésolu (qui appelle donc une résolution) qui se dégage de ce titre. En effet, la première chose qui saute aux yeux à la sortie de salle du nouveau Fincher (Se7en, The Game, Fight Club, Zodiac), c’est que la dimension fantastique proclamée n’est pas traitée : ce personnage qui naît vieux pour ensuite rajeunir, allant à contre-courant du sens de la vie, offrait des potentialités intéressantes au niveau du développement scénaristique -développement encouragé par la faible durée de la nouvelle, pour arriver à un film qui approche les 3h. Que signifie d’être le seul à parcourir le temps à l’envers ? Comment le personnage s’en sort avec cela ? Des questions qui, pareillement, ne seront pas traitées.

    Fincher est un réalisateur de l’image -il a notamment réalisé des clips pour Michael Jackson, Madonna ou les Rolling Stones-, il s’attache donc à démontrer visuellement le passage du temps : le personnage grandit, a de plus en plus de cheveux, de muscles ; moins de rides. Les coupes de cheveux changent, ainsi que les vêtements, les modes. Qu’y a-t-il au-delà de ces images ? Hé bien, pas grand-chose. Je ne peux pas dire que je m’y suis ennuyé, mais pas non plus que j’y ai vu tout ce que j’espérais. Il manque clairement une profondeur psychologique et philosophique qui était permise par le matériau de base. En fait, le postulat fantastique apparaît juste comme un prétexte à raconter une histoire d’amour finalement assez simple. Button traverse les époques, approche certains événements historiques, ce qui fait que certains ont rapproché ce film de Forrest Gump (Robert Zemeckis, 1994). Rapprochement pas franchement pertinent, tant la ligne directrice du film est différente. Sauf qu’effectivement, le film aurait pu être signé par Zemeckis. L’émotion n’est pas très présente non plus, car motivée par l’image, encore et toujours. Les stades du rajeunissement de Brad Pitt semblent être l’unique objet d’un métrage qui échoue à montrer autre chose qu’un sage album d’images. De plus, la narration en flash-back dans l’hôpital me semble une option tout à fait inutile pour ce genre de film, si ce n’est pour rajouter artificiellement une ligne temporelle. Le simple récit de l’histoire principale m’aurait d’ailleurs mieux convenu, tant les passages dans l’hôpital me sortait de la trame narrative principale.

    La somme des péripéties se réduit en fait à peau de chagrin, et on se surprend à guetter le running-gag du vieux sur qui tombe la foudre un certain nombre de fois. L’accueil de Benjamin dans une sorte d’hospice, qui lui fait côtoyer les personnes âgées, et donc la mort, cette "invitée particulière", aurait pu être plus forte si l’on sentait ce que cela faisait à Benjamin Button. Le fait que tout le film soit narré par la voix du Button adulte en fait un conte très américain qui se voudrait philosophique mais n’arrive pas à l’être. Le titre français, en modifiatn légèrement le vocabulaire du titre original, s'en fait d'ailleurs l'écho. On est donc en droit d’être déçu par une affiche aussi intéressante et des performances d’acteurs qui ne le sont pas moins. Au final, Fincher n’était peut-être pas le réalisateur qu’il fallait à Button. On restera donc sur notre faim pour cette fois-ci, en attendant cependant avec toujours autant d’impatience le prochain projet d’un homme qui constitue un excellent technicien de l’image.

  • Le cheval venu de la mer (1992)

    Un film de Mike Newell

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    Le cheval venu de la mer est réalisé en 1992, deux ans avant le triomphe du film suivant de Mike Newell, Quatre mariages et un enterrement. Ce n'est qu'à l’occasion de la sortie française de cette comédie que Le cheval venu de la mer nous parvint.

    Le film est un conte initiatique particulièrement fin dans les thèmes qu’il aborde, que ce soit le deuil, la mort, la famille ou bien l'appel de l’aventure. Le quotidien d’une famille de nomades irlandais est bouleversé par l'arrivée d’un magnifique cheval blanc. Le père, alcoolique (Gabriel Byrne, excellent), voit ainsi ses deux garçons partir à l'aventure à dos de cheval, à la découverte de leurs racines. Le film est à la fois une comédie et un conte sur fond de drame humain. La peinture des conditions de vie de la famille donnerait en effet froid dans le dos si elle n’était pas secondée par une musique folklorique sautillante et des images d'une beauté si simple qu’elle en deviendrait surréelle.

    Le titre français, comme le début du film, insiste sur la dimension fantastique du récit, à l'aide de l’apparition extraordinaire et du décalage entre le cheval et la civilisation qui l'accueille. Les premières images installent d’ailleurs le film dans une sorte d’intemporalité, mettant en présence la mer, une plage, le cheval, un vieil homme et sa calèche. Le choc de l'apparition des tours d’immeubles du quartier irlandais désolé duquel la famille est proche n'en devient que plus fort. Ce sentiment d'intemporalité pourrait bien nous conduire vers le Western, genre pour lequel le titre original (Into the west) a beaucoup d'importance. Les enfants sont marqués dès leur plus jeune âge par l’idéal du Cow-boy et du Western, auxquels, nomades et marginaux, ils s'identifient sans mal. L'arrivée du cheval dans ce contexte les rapprochera de leur rêve de western. Car Into the west symbolise autant l'Ouest américain fantasmé que l'Ouest réel de l'Irlande, région dans laquelle ils vont effectuer leur périple.

    Road-movie, conte initiatique, le film de Mike Newell lorgne aussi vers la comédie surréaliste à la Kusturica lors de nombreux passages extrêment réjouissants ; citons ici une séance cinéma clandestine et privée où nos deux cow-boys se font la projection de Retour vers le futur 3 avec leur inséparable cheval.

    Pour les jeunes garçons, qui n'ont que leur père alcoolique et leur grand-père, le voyage qu’ils entreprennent a un autre enjeu que le simple appel de l’Ouest, enjeu inconnu à leurs yeux jusqu'à la presque toute fin : c’est là qu'on retrouve la thématique du deuil, par ailleurs présente tout le long du film, fort bien traitée dans ce film destiné avant tout à un public familial et très jeune. Depuis sa sortie, il est ainsi régulièrement proposé lors de travaux en classes de primaire, à même d’aborder des questionnements pas évidents dans l’esprit d’un enfant. De quoi passer un bon moment !

  • La Belle et la Bête (1946)

    Un film de Jean Cocteau

    3095171218_d7dc68ae07_m.jpgGrosse impression pour la première vision (hé oui !) de ce classique fantastique de l'artiste total Jean Cocteau. Au sortir de la seconde guerre mondiale on pouvait donc voir à l'affiche ce conte de fée sur pellicule, fait avec les moyens du bord (ce n'était pas un gros budget même pour l'époque), qui constitue en soi un vrai miracle cinématographique. Tous les éléments s'y assemblent parfaitement, à commencer par Josette Day, alors amante de Marcel Pagnol, que ce dernier recommanda à son ami Cocteau. Elle est Belle dans une simplicité et une clarté solaire impressionnante. Jean Marais, jouant deux rôles, la Bête et le soupirant de Belle, a transformé sa voix précieuse et haut placée avec le concours de cigarettes à gogo et de rhumes pris exprès. Ainsi, il donne à la Bête une très crédible irritabilité et une voix rauque douloureuse. Les décors somptueux créés par Christian Bérard, dont ce sera l'œuvre la plus significative, imprègnent le film d’une atmosphère gothique propice aux rêves. Cocteau est également épaulé par René Clément, assistant-réalisateur sur le film mais aussi réalisateur de seconde équipe, et déjà cinéaste depuis les années 30, futur réalisateur de Plein soleil (1960) ou Paris brûle-t-il ? (1966). Tous ces éléments sont soumis à la vision d'un artiste, Cocteau, qui commence d'ailleurs le film en écrivant lui-même les crédits du générique devant la caméra, démontrant dès les premières minutes sa position d'auteur. Et le film d'émailler pendant 90 minutes des visions étonnantes : l'entrée de Belle au ralenti dans le château de la Bête, guidée par des torches portées par des bras étrangement animés, la première apparition de la Bête, et diverses transformations et autres ingéniosités qui font de La Belle et la Bête un creuset d'inventions pour faire croire au fantastique. Les costumes, extraordinairement travaillés, sont aussi l'élément qui nous fait y croire.

    On peut voir deux mondes bien opposés dans le film, d’un côté le quotidien de Belle et ses sœurs dans le village, traité de façon plutôt comique / comédie de mœurs, et de l’autre le château de la Bête, théâtre gothique d’un temps onirique où les statues sont vivantes et où un miroir magique peut vous montrer ce que vous voulez ; où les choses préférées d’une Bête sont des roses... Deux mondes tellement dissemblables qu'on prendrait l'un pour le monde réel et l'autre pour un rêve éveillé. Le côté réel et comique de la vie de Belle et ses sœurs au village, dimension qu'on tend à oublier devant les passages -certes plus long- au château de la Bête, révèlent de forts bons moments, comme ces laquais qui dorment au soleil en attendant une possible requête de leurs maîtresses, et ce jeune homme qui parodie l'énervement des nobles, en criant "Petits laquais ! petits laquais !" est hilarant. Film sans équivalent, à l'époque comme aujourd’hui, La Belle et la Bête a marqué au fer rouge l'histoire du cinéma mondial (avant ce film, le conte de Mme Leprince de Beaumont n'avait jamais été adapté) dont on retrouve des traces toujours vivace ; le film de Disney, celui par lequel le conte est aujourd'hui plus connu, utilise beaucoup d'aspects du film de Cocteau ; pour sa mini-série Angels in America, Mike Nichols (Le Lauréat, Closer) rend un bel hommage à la scène magique de Belle entrant dans le château de la Bête. Même si on a tendance à user de ce mot à tour de bras, on peut bien parler de visionnaire en parlant de Jean Cocteau et de son adaptation de La Belle et la Bête.