
Adapté d’un roman de Gu Long, Le poignard volant est un film de sabre tendance polar, superbement mis en scène par le réalisateur esthète de la Shaw Brothers. Li le lettré (Ti Lung, un des acteurs préférés du cinéaste), chevalier errant, devenue alcoolique et souffrant, revient après 10 ans d’exil, alors qu’il a précédemment donné à son sauveur la femme qu’il aimait, en mariage. Tous les experts en arts martiaux se rassemblent pour combattre Fleur de Prunier, épéiste fou qui en veut à Shi-Yin, la fameuse femme que Li a laissé derrière lui, et dont il est toujours amoureux. Mais il est pris au piège... Une première quête mènera à la découverte du contenu d’un mystérieux sac rouge, tandis que la deuxième partie se concentrera sur l’identité de Fleur de Prunier.
"Les êtres humains ressemblent [aux araignées]. Chacun tisse sa toile. Et quand elle est achevée, on s’y enferme pour la vie. Tout ce qu’on a fait autrefois par affection, amitié, amour, ou pour soi-même, sont des fils dans lesquels on s’enroule. La toile qu’ils forment est une prison. Il nous est impossible de fuir. Certains appellent cela le destin."
Cette déclaration, récitée par Li le lettré, résume admirablement le principe même des films de Chu Yuan, dans lesquels le scénario, telle une toile tissée de dizaine de fils, va d’une direction à l’autre en l’espace de quelques secondes. Ici, Li réchappe à une tentative d’empoisonnement mais pas deux, un ennemi d’un temps devient le compagnon de route du héros... Les chemins se croisent, et la plupart du temps se recroisent avec une donne toute nouvelle. La dimension aliénante se rapporte, sinon à la vision du réalisateur, plutôt à celle du personnage de Li, qui a fait un choix par le passé, qu’il regrette depuis lors. Sa cicatrice, incurable, est constituée par sa toux et son alcoolisme, gravés dans les caractéristiques psychologiques du personnage. C’est ce qui fait tout l’intérêt du cinéma de Chu Yuan, qui n’a de cesse de complexifier ses intrigues.
L’autre point fort du Poignard volant, c’est le tournage en extérieurs -chose assez rare chez la Shaw- de leur périple qui passe par des plaines désertiques et enneigées, ou des magnifiques lacs gelés et autres rivières figées dans la glace. Ces passages portent en eux une certaine poésie, confrontant l’homme à l’immensité du monde naturel, et du même coup au poids trop lourd de sa vie. Leur déambulation, soutenues par la musique épique pour une fois tout à fait appropriée donne l’ampleur nécessaire au récit.
Les pièges évités par les héros se révèlent retors à souhaits, soit fruit de l’esprit de Fleur de Prunier ou de Cinq Venins, un faiseur de poison ne manquant pas de ressources ni d’imagination ! Au final, doté d'un surréalisme unique, Le poignard volant est une très belle surprise, alliant l’originalité des décors à la grâce des combats, bondissant dans de véritables arabesques spatiales dues à Tang Chia, qui accompagne nombre de films du réalisateur. La Shaw Brothers est bien un monde à part qui, alors même qu’il vit ses derniers instants dans cette fin des années 70, sait procurer des instants de pure jouissance formelle : vive Chu Yuan !
Source image : capture dvd Wild Side Video
Luxure pour un vampire : tout un programme pour Jimmy Sangster, plus reconnu en tant que scénariste à la Hammer Film (Frankenstein s’est échappé,
Le film ne fait pas partie des chef d’œuvres de Chu Yuan, que ce soient
Utilisant encore une fois un titre trompeur destiné à relier le film à son cycle vampirique, la Hammer conte une histoire inspirée de la comtesse hongroise Elisabeth Bathory, qui fut, avec sa cour, emprisonnée pour plusieurs meurtres de jeunes femmes. De nombreuses légendes se greffèrent à cette sanglante tuerie, parmi lesquelles elle se baignait dans le sang de jeunes vierges pour avoir rester jeune.
Dès le début, Tristana, le film, porte bien son nom : tout y sonne grave, glacé et désespérément triste, à l’image de Catherine Deneuve, interprète du personnage principal qui donne son nom au métrage. Cette dernière, à la mort de sa mère, est recueillie par Don Lope, un aristocrate très attaché aux principes, sauf en ce qui concerne les femmes. De fille adoptive, Tristana va devenir sa maîtresse. Le scénario est d’apparence simple, propre à être résumé en trois phrases. C’est d’ailleurs ce qu’il faudra à StudioCanal vidéo, lors de l’édition DVD du film, pour raconter tout le film et ainsi gâcher la vision de tous ceux qui ont eu le malheur de lire le dos de la jaquette... Mais derrière cette simplicité apparente se cache un des plus beaux films sur la vieillesse et les problématiques du couple, ainsi qu’un film très personnel.