60's - Page 11
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Ciné d'Asie : Un seul bras les tua tous (1967)
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Quand l'inspecteur s'emmêle (1964)
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Promenade avec l'Amour et la Mort (1969)
Un film de John Huston
John Huston revisite le Moyen-âge et plus précisément la Guerre de Cent Ans avec ce film, aux antipodes des représentations hollywoodiennes auxquelles la période a généralement droit. Deux personnages, un jeune étudiant -Assaf Dayan- et une jeune fille noble -Angelica Huston dans son premier rôle-, vont errer dans un monde chaotique, où les paysans et les nobles se livrent à une lutte des classes -historiquement vérifiée. Ils rencontrent des individus des deux bords, ainsi que des gens d’Église intolérants et sots. Cette promenade est habitée par l’innocence et l’inexpérience des deux acteurs principaux, perdus dans un monde qui n’a plus de sens. Eux-mêmes ne savent que faire, à l’image du jeune étudiant qui tue un paysan en fuite sûrement plus jeune que lui ; le désordre -territorial, sentimental,...- crée le désordre. Le manque de direction, ce flottement dans lequel se trouvent nos deux héros fait perdre pareillement la direction du film, qui du coup peut occasionner un ennui poli, que dis-je, courtois.
C’est toute une idée du romantisme qui habite le film, avec le personnage de l’étudiant, poète, amoureux et protecteur de sa Dame, qui a fait ce voyage dangereux avec toute l'inconscience de la jeunesse dans le but de... voir la mer. Le film, accompagné de chansons jouées au luth, retranscrit bien la sensation du Moyen-âge dans une réalité palpable, et non plus irréelle et statique comme ont pu l'être certains films hollywoodiens de l’âge d’or. La caméra, parfois mobile, libre, capture des images d'une grande beauté, rehaussées par la lumière de Ted Scaife (qui a travaillé sur plusieurs films de John Huston, et avec Jack Cardiff, le directeur photo de génie du duo Powell-Pressburger). Il en ressort une grande fraîcheur, une impression plus réaliste. On note même une épure stylistique devant le peu de décors, la musique douce -de Georges Delerue- qui évite un traitement grandiloquent, et un montage clair qui présente les enjeux d’une façon assez neutre. Huston, qui décidément aura touché à pas mal de genres (policier, aventure, drame, film biographique, parodie) s'octroie ici le rôle d'un seigneur d’une grande sagesse ayant rallié la cause des paysans. Dans cet égarement du monde, cette direction flottante, il montre le chemin du droit.
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Le visage du plaisir (1961)
Un film de José Quintero
Warren Beatty, dans son deuxième grand rôle au cinéma (après La fureur dans le sang d’Elia Kazan) paraît d’abord assez risible dans le rôle d'un italien roulant les "r" comme personne ; mais l'intelligence du scénario, adapté d'un roman de Tennessee Williams, rattrape le coup.
Les personnages apparaissent comme des outcast, des marginaux : un gigolo, sa maquerelle, un SDF, tous gravitent autour du personnage principal, une actrice vieillissante (Vivien Leight, excellente, qui aurait pu faire Sunset Boulevard) dont il ne reste de sa gloire passée qu'une immense fortune. Son mari, mort subitement, la laisse dans une solitude que sa richesse ne parvient pas à combler. Elle passe donc un été à Rome pour se changer les idées.Les personnages de Tennessee Williams sont souvent des grands malades (La nuit de l’iguane : alcoolisme et obsession sexuelle, La chatte sur un toit brûlant : impuissance, culpabilité, Un tramway nommé désir : maladie mentale). Ici, la maladie est peut-être l’argent, qui gangrène et régit les relations humaines. Plus grande maladie encore, la solitude, qui ronge silencieusement tous les personnages. La galerie des caractères dresse un portrait vérolé de l'humanité, qui contraste avec la beauté classique et intemporelle d’une Rome sous un calme ciel d’été. Dans cet endroit paradisiaque, la détresse des âmes paraît anti-naturelle, mais n'en est que plus évidente. José Quintero, cinéaste panaméen sorti de nulle part qui réalisait ici son premier et unique long-métrage, filme tout ceci malheureusement de façon assez banale. Mais c’est toute l’épaisseur des personnages de Williams, pleins des tourments de l’écrivain, de cette angoisse existentielle, cette peur de la solitude, qui remplit le film de vérité.
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The Shooting (1967)
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