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2010's - Page 5

  • Under the Skin (2014)

    Un film de Jonathan Glazer

    14664177810_f73ea238af_m.jpgTout d'abord, mille excuses aux internautes concernant cette longue pause : quelques semaines de vacances, ainsi qu'une panne internet de grande ampleur (toujours en cours) m'ont empêché de publier à mon rythme habituel. Malgré la panne, je peux tout de même vous proposer quelques petites choses en attendant...

    Un réalisateur rare (pas de films depuis 10 ans), une star, une exclu (on voit Scarlet Johansson nue), voilà une recette qui sait attirer l'attention. Le film de Jonathan Glazer, clippeur renommé, est par moments expérimental (images en surimpressions, extrême économie de dialogues) et réussit l'exploit de faire paraître Scarlet normale. Certains passages sont également esthétiquement bluffants (le rituel d'attraction de Scarlet), et la séquence du freak malformé est très forte. Mais cela ne suffit pas : la prétention visuelle de l'ensemble, mêlé à une bande originale très arty (sonorités industrielles suscitant le malaise) n'a d'égale que l'extrême simplicité du propos (l'éveil d'une extra-terrestre aux sensations humaines).

    Est-ce aussi simple que cela ? Peut-être pas. Mais le film, déjà pauvre en personnages, s'accompagne d'un homme totalement inutile (le motard, sensé "nettoyer" les exactions commises par l'extra-terrestre?) qui n'arrange rien à l'affaire.

    Le film passe à deux doigts du ratage complet tellement le parcours des personnages a du mal à susciter l'intérêt. Certes, le film sort des sentiers battus : c'est un film de science-fiction à la sauce indépendant, racontant tout dans les moments « en creux », qui colle aux plus près de ses personnages, si peu intéressants qu'ils soient. Rallonger les séquences jusqu'à l'ennui n'est pas, à notre sens, une preuve de grand talent : Glazer aura tenté quelque chose de différent, et, hors de quelques trouvailles et ambiances réussies, se plante tout de même. Same player, try again !

  • Maps to the Stars (2014)

    Un film de David Cronenberg

    14405904103_8f035b9620_m.jpgDès les premières minutes du dernier film de Cronenberg, je me suis rappelé Cosmopolis (et les quinze minutes que j'ai tenu avant d'éteindre le poste) : limousine + Robert Pattinson + dialogues abscons = Maps to the stars. Si ce dernier n'est toutefois pas totalement comparable à la purge Cosmopolis, il ne raconte cependant rien de transcendant, les interminables névroses d'acteurs ayant été le sujet de bien des (télé)films. Tout au plus guetterons-nous l'apparition de Carrie Fisher, qui reviendra bientôt rejouer son rôle historique de Princesse Leia pour le bonheur des fans de Star Wars.

    C'est d'autant plus rageant que, pris individuellement, chaque acteur tire son épingle du jeu : Julianne Moore, qui tient là son prix d'interprétation décerné à Cannes 2014, mais aussi John Cusack, Mia Wasikowska (à qui on donne malheureusement toujours le même rôle à jouer), la rare Olivia Williams et même Evan Bird, l'enfant acteur. Le cynisme et les extrêmes ne surprennent plus personne quand on parle de l'usine à rêves, mais l'on sent que Cronenberg s'offre là une croisade toute personnelle, dégoûté qu'il est de l'ambiance mortifère qu'il semble y rencontrer. Ce film sur le cinéma joue un énième jeu de miroirs entre sa forme et son contenu, son contenu et l'objet-même qu'il représente. Certes, le film est cérébral, mais son histoire est cent fois vue. L'emballage pourrait être une raison d'aimer le film, mais là encore, alors qu'on connaît l’œil esthète de Cronenberg et son travail méticuleux sur les costumes et la photo, on est ici pas loin d'un Direct to Video de luxe : photo très banale, direction artistique aux abonné absent.

    Une scène surnage tout de même, par sa cruauté et le jeu incroyable de Julianne Moore : alors que son personnage a raté un rôle qu'elle attendait depuis des lustres, elle apprend que l'actrice choisie ne pourra finalement pas jouer à cause de la mort accidentelle de son petit garçon, qu'on a croisé dans une scène précédente. Entre le rire et les larmes, Julianne Moore se met à entamer une danse de joie horrible face à cet événement qui la remet en selle pour l'obtention du rôle.

    On reviendra à Cronenberg, c'est sûr : celui qui nous a jadis estomaqué avec Videodrome, Chromosome 3 ou encore eXistenZ. Mais ses deux derniers essais ratés ne donnent pas de bons signes pour le futur...

  • Darwyn Cooke's Batman Beyond (2014)

    Un film d'animation de Darwyn Cooke

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    DC Comics sait fêter dignement ses héros, et ne lésine pas à la dépense. Pour Batman, ce n'est pas un (Batman : Strange Days), mais deux court-métrages qui viennent célébrer ses 75 ans. Et comme c'est un âge relativement avancé, Darwyn Cooke a voulu faire revivre la série d'animation Batman Beyond (Batman, la relève chez nous). Réalisée après le succès de Batman, la série animée et des Nouvelles aventures de Batman, cette série montrait un Gotham futuriste où un Bruce Wayne vieillissant passait la main à un jeune homme -Terry McGinnis-, qu'il initie et seconde dans la lutte contre le crime.

    Le court commence dans la Batcave, lieu ô combien signifiant dans la mythologie du Batman, recelant à la fois son arsenal technophile et guerrier, comme le souvenir de ses affrontements et traumas du passé. McGinnis, croyant Wayne attaqué, se rue à son secours... en fait, ce dernier lui a concocté une séance d'entraînement plutôt intense ! C'est d'abord un Batman jeune qui l'attaque. En vérité, il s'agit d'un robot aux couleurs du Batman de la série Les nouvelles aventures de Batman. Après en avoir fini, McGinnis lâche un "Désolé mon gars, mais tu es de l'histoire ancienne", commentaire méta-textuel sur ce Batman anachronique en 2039, époque de Batman Beyond.

    L'hommage aux oeuvres télévisuelles ou cinématographiques dédiées au Dark Knight ne fait que commencer, car d'autres opposants viennent se mesurer au tandem Bruce Wayne / McGinnis : on reconnaît ainsi, dans l'ordre d'apparition, l'incarnation de Beware the Batman, dernière série animée en date sur le personnage, The Batman, la série typée "enfants" entre 2005 et 2010 ; puis c'est au tour du Batman de Neal Adams, ancré dans les années 60 et repris dans la série Batman, l'alliance des héros, d'apparaître. Ensuite, le Batman massif de Frank Miller dans Dark Knight Returns, puis celui des adaptations cinématographiques de Tim Burton, le Batman campy de la série des années 60 avec Adam West, puis l'apparence du Batman originel tel que présenté sur la couverture de Detective Comics #31, daté de septembre 1939. Par ce voyage dans le passé de quelques instants, Darwyn Cooke réussit à rendre un hommage dynamique et expressif aux différents visages du chevalier noir.

    Le court-métrage :

    Source image : image extraite du court-métrage © DC Entertainment / Yahoo Movies

  • Batman : The Dark Knight Returns (2012)

    Un film d'animation de Jay Oliva

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    Profitons des 75 ans de Batman ce mois-ci (l'apparition du personnage date de mai 1939) pour nous attarder sur une excellente adaptation animée d'un comic exceptionnel, The Dark Knight Returns. Paru directement en vidéo dans la collection DC Universe Animated Original Movies, l'adaptation du comic de Frank Miller, qui a redéfini jusqu'à aujourd'hui la vision du Chevalier Noir, est marquante à plus d'un titre.

    Pour la première fois depuis la création de la collection, un comic est adapté en deux films distincts totalisant plus de 2h30 ; le casting vocal est de haute volée, et emprunte plusieurs acteurs de renom (Peter RoboCop Weller, Michael Lost Emerson). Adapter un monument tel que The Dark Knight Returns n'a pas été pris à la légère : la qualité graphique est de très belle facture, tentant de s'approcher autant que faire se peut du style brut de Frank Miller.

    The Dark Knight Returns propose un Bruce Wayne vieux, ayant délaissé depuis longtemps son activité de justicier ; activité qu'il reprendra lorsque son ami d'atan, Harvey Dent, devenu Double-Face, s'évapore dans la nature. L'adaptation est faite intelligemment, ne calquant pas forcément case à case par rapport au comic, ce qui avait été reproché à l'adaptation de Batman : Year One, tout en conservant une très bonne dynamique (de magnifiques plans où l'on entrevoit des hommages aux cases les plus emblématiques du comic). Les monologues intérieurs, très présents chez Miller, dans une forme de réminiscence du film noir, sont quasiment tous gommés, pour plus d'efficacité. La violence extrême du comic est également encore présente, le sang giclant lorsque c'est nécessaire.Sur le plan de la ligne temporelle, l'adaptation réussit là encore un bon point, en dépeignant un monde futuriste, tout en restant graphiquement ancrée dans les années 80, Miller ayant écrit créé Dark Knight Returns en 1986.

    Le portrait à charges des figures de l'autorité (gouvernement, médias, police) passe également bien la barrière de l'animé ; l'impact de ce contenu politiquement incorrect (Superman est le bon petit soldat du Président, Selina Kyle, croulante, est devenue gérante d'une maison de passes, le maire de Gotham meurt dans d'atroces souffrances, ...) est épaulé de façon tonitruante par la bande-son de Christopher Drake, déjà responsable de celle de Batman : Year One ou Batman et Red Hood : sous le masque rouge.

    Avec The Dark Knight Returns, DC renoue avec la qualité qui a fait sa renommée dans les années 90 ; une adaptation respectueuse des personnages, une direction artistique parfaite, loin des sous-traitances coréennes qui ont entachées nombre de leurs productions ces dernières années. A ce jour, il s'agit de la plus grande réussite de DC / Warner dans le domaine de l'animation, rejoignant Batman contre le fantôme masqué ou Batman et Red Hood : sous le masque rouge. Une grande réussite qui vaut largement les meilleures adaptations en prises de vues réelles dédiées au personnage tel que Batman Begins

    Disponibilité vidéo : DVD / Blu-ray - éditeur : Warner Home Video

    Source image : image du film © Warner Premiere / DC Entertainment

  • Her (2014)

    Un film de Spike Jonze

    14196504986_c91aa0c0c0_m.jpgUn film romantique de science-fiction par le cinéaste de Dans la peau de John Malkovitch, avec le rare Joaquin Phoenix et la voix de Scarlett Johansonn, ça interpelle ; tous les éléments sont là pour attiser la curiosité. Mais en vrai, c'était bien ?

    Le film propose une toile de fond temporelle assez irrésistible : dans un futur proche, tout le monde vit rivé sur son portable, la moustache est à la mode (pour tout ça, c'est déjà le cas aujourd'hui), et l'hologramme a remplacé le tactile, so 2010's. Une firme informatique lance le système d'exploitation intelligent ; cet ensemble de programmes devient une personne, qui réagit, apprend, surprend, se comporte naturellement. C'est le coup de foudre entre Samantha, la voix dans la machine, et Theodore, qui vit une histoire compliquée, entre son ex et sa meilleure amie.

    Il y a quelque chose d'assez exceptionnel dans le début de ce film, qui se trouve dans l'équilibre ténu entre ce qui nous est familier (en terme de technologie et de psychologie) et ce qui l'est moins ; le fait que cette science-fiction soit déjà là. Le film de croule pas sous les artefatcs futuristes, et pourtant les rares éléments que l'on aperçoit sont marquants : un jeu vidéo auquel on a tout de suite envie de jouer, des ordinateurs qui comprennent tout ce qu'on dit. Cet univers nous parle et donne envie d'en savoir plus.

    La science-fiction est un peu plus qu'un prétexte, mais le cœur du film est ce besoin de rencontrer l'autre, d'être toujours à la recherche de celui ou celle qui partagera notre vie ; et l'histoire de donner une résolution très moderne (et pas du tout invraisemblable, compte-tenu de l'avancée des technologies et de l'addiction terrible que produisent les ordinateurs et internet) à cette quête universelle. Le film, qui baigne dans une une douce mélancolie, évoque le cinéma de Sofia Coppola et plus particulièrement Lost in Translation. Scarlett Johansson, qui joue aussi dans ce film, pourrait occuper le même appartement que Joaquin Phoenix, mais les ressemblances ne s'arrêtent pas là : les teintes légèrement passées de la photo du film, par ailleurs sublime, affichent une correspondance évidente avec le film de Coppola.

    Le film coince tout de même sur la longueur ; deux heures, pour un film romantique, même un peu spécial, c'est long. Il a une différence entre prendre le temps et faire ressentir le temps long. Les péripéties de la dernière demi-heure sont poussives, alors même qu'elles sont attendues, le mérite du réalisateur étant au moins d'aller au bout de l'idée, et d'offrir un message clair sur l'évolution des relations humaines. Je vous le dis, on était à vingt minutes du chef-d’œuvre.