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The Guilty (2018)

Une femme, Iben, victime d'un kidnapping, contacte les urgences de la police. Asger, outrepassant sa mission de simple prise d'appel, tente d'aider la femme. The Guilty, après avoir écumé les festivals -et raflé un certain nombre de prix- a bénéficié d'une sortie limitée en plein été 2018 ; le film débarque en vidéo en décembre, l'occasion de rattraper un des meilleurs thrillers de l'année, qui rappelle les bons thrillers français.

The Guilty s'inscrit dans la tradition des films par procuration ; de ceux qui nécessitent que le spectateur s'invente une partie de l'histoire qu'il est en train de voir. Une partie du film est montrée, l'autre est entendue par un relais : téléphone, radio, écran. C'est souvent l'apanage des films de huis-clos, pour démultiplier les fils narratifs, les personnages, les lieux de l'action, même lorsque les protagonistes restent coincés au même endroit. Le suspense naît alors du décalage entre le calme apparent dans lequel les personnages que l'on voit demeurent, et la violence / tension extérieure que le spectateur ne peut que deviner : C'est le cas dans Phone Game (Joel Schumacher, 2002), Pontypool (Bruce McDonald, 2008), The Divide (Xavier Gens, 2011) ; c'est aussi le ressort de beaucoup d'épisodes paranoïaques de La quatrième dimension ; les films post-apocalyptiques en sont également coutumiers, l'économie -ne pas montrer- devenant un élément de suspense.

The Guilty est un thriller qui tire sa force de son dispositif (un opérateur dans une salle générique, en contact téléphonique avec une personne en danger ; ce danger réaliste et plausible qui accroche immédiatement l'attention du spectateur. Le décor du centre d'appel d'une austérité et d'une tranquillité qui détonne évidemment avec ce qui semble se tramer au bout du fil : un bureau en open-space aux éclairages froids et au mobilier triste et utilitaire.

Ce type de film-concept ne peut fonctionner qu'avec un principe de réalisation très carrée (ici, unité de lieu et de temps illustrées par de longs plans-séquences) et la performance d'acteurs de haute volée. Pour le premier point, le réalisateur Gustav Möller, dont c'est le premier film, tisse une histoire plus complexe qu'il n'y paraît à l'aide d'une réalisation simple et efficace, avec pour résultat une tension exacerbée au fur et à mesure que le film progresse : tout cela en montrant un homme assis dans un bureau, au téléphone. La mise en scène ne serait rien sans son acteur principal : Jakob Cedergren. Son interprétation rentrée, monolithique, sert diablement bien le propos, à l'occasion violent psychologiquement. Plus émotionnel en arrivant vers un final bluffant, il est impeccable, tenant le film à bout de bras. Pour autant, il n'est pas seul : Jessica Dinnage, qui interprète Iben et dont on n'entend que la voix, est parfaite.

Le travail sur le son, primordial, est bien troussé ; le scénario, implacable, achève de faire de The Guilty une vraie réussite : vous tremblerez tous avec Asger ! Les jurys de festivals ne s'y sont pas trompé : Sundance et Beaune l'ont consacré et l'on est bien d'accord avec eux. Un premier film époustouflant de maîtrise, à (re)découvrir d'urgence.

Disponibilité vidéo : en DVD et Blu-ray le 12 décembre, ainsi qu'en VOD depuis le 5 décembre 2018 - éditeur : ARP Sélection + Facebook

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