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Un jour sans fin (1993)

Un film de Harold Ramis

4228751970_c691e9b009_m.jpgVous avez l'estomac lourd, l'impression que tous les repas se succèdent et se ressemblent ? J'ai le film qui va vous donner la banane, tout en ayant un sacré air de déjà-vu... Idéal pour les fêtes, Un jour sans fin illustre bien l’idée qu’on peut se faire d’une comédie parfaite, toute à la fois drôle et profonde.

Soutenu par l’humour mordant d’un Bill Murray au sommet, le film prend comme principe la règle fondamentale du comique de situation : la répétition. Par le biais d’un argument fantastique accessoire -qui ne sera jamais expliqué, mettant de côté toute appartenance au genre-, le personnage principal, présentateur  météo d’une chaîne locale, vit à l’infini le "jour de la marmotte" (Groundhog day, titre original du film) qu’il était venu couvrir.

Le principe de recommencer une séquence, potentiellement à l’infini durant tout le film, était quand même sacrément casse-gueule : comment maintenir l’attention, l’envie de voir la suite, si l’essentiel du film se consacre à la répétition inlassable des mêmes scènes ? La parade est ainsi trouvée, en modifiant au fur et à mesure certains détails, par le voyage initiatique que va faire Bill Murray pendant tout ce temps (même si aucun repère temporel n’est donné, et pour cause, on peut imaginer que le personnage reste coincé une bonne quinzaine d’année par sa malédiction). On distingue ainsi plusieurs étapes de son cheminement, qui permette cette progression indispensable du scénario, tout en étant paradoxale par rapport au principe du film.

Une fois sûr du processus de répétition -au téléphone, hilarant : "Et si y' avait pas de demain ? Y' en a pas eu aujourd'hui !"-, Phil Connors va profiter de ce qu’il considère d’abord comme un don : sexe (en draguant une pimbêche, en ayant pris soin de prendre quelques renseignements qu’elle lui confie elle-même "le jour d’avant"), richesse (double profit : l’excitation du vol, tout calculé ceci dit, et le bénéfice de cet argent, notamment une descente en Rolls), célébrité (affublé du poncho d’Eastwood dans la trilogie des dollars, il accomplit son besoin de reconnaissance et de starification), gourmandise (avec cette phrase-culte : "je me lave même plus les dents !"), tous les désirs sont accomplis, jusqu’à ce que... et bien l’amour, que diable : là, malgré beaucoup de préparations (de son propre aveu !), il ne conclue pas avec Rita / Andie MacDowell : il n’est pas tout-puissant, même si, l’espace d’une "journée", il confessera tout de même être un dieu. Quelle différence effectivement, tout à la fois immortel et omniscient (car connaissant à peu près tout le monde, dans ce bled paumé de Punxutauwney), entre notre bon présentateur un rien imbu de lui-même, et un dieu ? Les multiples gifles qu’il recevra le feront redescendre de son nuage. Plus que cela, il plongera (au sens propre comme au figuré) dans la plus noire des abysses, essayant vainement, après sa déconvenue amoureuse, de mettre fin à ses jours. Là, la répétition apporte un essor comique évident (surtout pour le premier essai dit du "grille-pain") à la mécanique bien huilée du métrage, retournant la tonalité traditionnellement dépressive de ce type d’acte.

Après cette trajectoire en dents de scie, de l’euphorie de la découverte de ses potentialités aux affres du désespoir d’un condamné, va s’effectuer le troisième mouvement, classique : la rédemption. Il va ainsi s’éveiller à lui-même par les arts (notamment le piano), et faire de cette journée la meilleure pour les autres : là encore, la comédie vient par l’invraisemblable accumulation d’actions et donc de témoignages de gratitude que va recevoir Phil Connors : on va même jusqu’à l’appeler Docteur Connors, montrant toute l’étendue des expériences qu’il a pu suivre durant toute la durée de son étrange odyssée.

L’enchaînement de certaines scènes voit la répétition aller jusqu’aux mouvements de caméra, identiques, tels qu’on a l’impression d’assister à des essais, de voir des rushes de la journée de tournage : métaphore sur le cinéma, art de la répétition qui a, tout aussi paradoxalement, le besoin que tout soit préparé, et de donner l’illusion que tout se joue devant nos yeux pour la première fois, ce Jour sans fin réussit le prodige qu'on peut le regarder à l'infini...

Commentaires

  • Bonjour Jérome,

    Ah... mais vous avez peut-être raison. Je n'ai pas la chance de connaître le dialecte marmotien !

  • Je crois que lorsqu'ils sortent l'animal de sa tanière, il ne voit pas son ombre. Ceci expliquant certainement cela.

  • Je ne vois pas trop le rapport (pas d'ombre = faille temporelle, ombre = reprise du cycle normal ?), mais effectivement il y a cette histoire, qui s'apparente à une légende, comme quoi si la marmotte ne voit pas son ombre à son réveil, lors de ce fameux jour de la marmotte, les habitants vont "rempiler pour 6 semaines d'hiver". 'vais me réécouter le commentaire audio qui sera peut-être éclairant sur ce point... En tous les cas, j'avais clairement pris votre premier message pour une blague, que je trouvais très drôle, jusque dans une ponctuation que j'avais assimilé à un côté pince sans rire ! Je vais y réfléchir plus sérieusement...

  • Non c'était effectivement une blague :)

    Mais je pense que le film laisse quand même planer un doute. D'ailleurs à un moment, il essaie de tuer la marmotte, qu'il croit responsable de sa malédiction. Je crois me souvenir qu'il échoue, donc l'hypothèse du rongeur possédé reste valable !

  • Phil Connors se dit à un moment que c'est à cause de la mamotte qui ne voit pas son ombre qu'il revit ce même jour, il lui faut donc l'en empêcher. Il saute avec elle dans un ravin, mais échoue. Au fur et à mesure, on ne voit plus la cérémonie où les élus de la ville font sortir la marmotte de son trou ; donc, comme vous dîtes, ça reste valable (et c'est d'ailleurs assez fendard comme explication !)

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