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suites de films - Page 5

  • La malédiction de la panthère rose (1978)

    Un film de Blake Edwards

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    Bien des années ont passé depuis La Panthère Rose inaugurale et son deuxième opus paradoxalement fondateur, Quand l'inspecteur s'emmêle (A shot in the dark, Blake Edwards, 1964). Menant topujours la bataille du gag burlesque qui n'en finit pas, le tandem Edwards / Sellers aura passé presque deux décennies à imaginer de nouvelles cascades humoristiques, tours de passe-passe comiques, à l'inusable et impassible inspecteur Clouseau. Revenge of the Pink Panther (titre original du film) constitue le sixième épisode de la saga -en comptant l'Infaillible inspecteur Clouseau, réalisé par Bud Yorkin en 1968 avec Alan Arkin dans le rôle-titre, et l'on arrive ici au point de rupture d'un concept basé avant tout sur le comique de répétition. 

    Point de rupture d'abord, par l'effet d'éternel recommencement dont nous gratifie Blake Edwards, avec des scènes répétées de film en film : la convalescence de ce pauvre inspecteur Dreyfus tyrannisé par la maladresse -presque géniale- de Clouseau, les attaques répétées de Kato, les inévitables chutes aquatiques ou encore les déguisements improbables de Clouseau -mention spéciale au marin affublé d'une perruque rousse type balai-brosse et d'un perroquet gonflable ! Il ira même, le temps d'une courte séquence, jusqu'à prendre l'identité de Dreyfus... le déguisement ultime, en quelque sorte !

    Point de rupture ensuite, car le film s'engage enfin dans un style purement 70's, délaissant les cadrages posés et débordant de vie, colorés, des 60's. S'en dégage alors un feeling bien moins festif, la fantaisie devenant un n'importe quoi généralisé (avec dans le lot un passage avec uin travesti un peu glauque).

    Passé un générique animé, excellent comme à l'habitude, les gags s'enchaînent moins systématiquement, faute à la trop grande place laissée à une intrigue mafieuse à l'intérêt très discutable. Un des parrain de la French Connection, Philippe Douvier, doit montrer aux autres clans qu'il est toujours le maître à bord : il promet de (faire) tuer Clouseau, l'homme à la stature internationale qui leur à donner tant de fil à retordre ces dernières années. Exploit qu'il croira accompli, une cérémonie ô combien poignante à la clé (discours funèbre d'un colonel Dreyfus limite extatique inclus). Son tueur fou sera néanmoins maîtrisé très facilement par Clouseau, croyant à une attaque surprise de son majordome.

    La seule originalité valable de cet épisode fatigué est la transformation de la "résidence Clouseau" en maison des plaisirs par Kato. D'un coup d'un seul, on rentre dans un film d'exploitation asiatique, les costumes mordorés et les tentures rouges envahissent le cadre, d'accortes demoiselles se pressant autour d'un Clouseau perdu. 

    La girl du jour n'est pas des plus intéressante (Dyan Cannon, habituée des séries TV), sa voix haut-perchée et son débit-mitraillette en faisant un personnage énervant, presque antipathique. Le délire va peut-être loin, finissant dans une apothéose  colorée, un entrepôt de feux d'artifices faisant office de dernier arrêt avant le tour de cirque. Malgré la teneur objectivement correcte de gags sensés provoquer le rire, c'est un air assez languissant et triste que nous joue cette Malédiction... Dernier épisode avant la mort de Peter Sellers, il aurait été pluis que temps de tirer le rideau sur cette idée d'abord géniale de Blake Edwards. Il y en aura pourtant quelques autres, dont le reboot des années 2000 n'est pas le pire représentant (cette place étant tenue sans conteste par A la recherche de la panthère rose, Blake Edwards, 1982). 

  • X-Men : le commencement (2011)

    Un film de Matthew Vaughn

    5909044021_c5998762c3_m.jpgQu'on se le dise : l'anglais Matthew Vaughn est le meilleurs réalisateur de film fantastique en activité ! Déjà derrière la réussite de Stardust, il nous livre avec ses X-Men des origines le plus jouissif film de super-héros depuis... Kick-Ass, qu'il avait réalisé en 2010. Pourtant, l'affaire était loin d'être entendue.

    Disposant de 13 mois pour boucler un film titanesque, du casting à la direction artistique jusqu'au tournage et à la post-production maousse (plus de mille plans à effets spéciaux), c'est à un véritable marathon que Vaughn s'est livré. Perfectionniste et attentif à mettre sa griffe sur le projet, il aura tourné et retouché le film jusqu'à la dernière minute. Et son travail passionné est diablement payant, son film s'inscrivant clairement comme le meilleur épisode de la saga... dont il était parti en claquant la porte quelques années plus tôt, lorsqu'il devait réaliser X-Men 3 (mis en boîte par Brett Ratner). Ironie, quand tu nous tiens, c'est Bryan Singer lui-même, réalisateur des deux permiers opus, qui est venu chercher Vaughn.

    Deux idées fortes hissent le film plus haut que le tout-venant des films de super-héros : premièrement, la volonté d'en faire un vrai film d'époque (la crise des missiles à Cuba fait office de toile fond, avec costumes, décors et accessoires ad hoc), et ensuite d'orienter le feeling du film vers le film d'espionnage à la James Bond ; la grande histoire croise les destinées particulières, dès la première séquence du camp de concentration. Décorum et péripéties ancrent le film dans des références qui, si elles ne sont pas nouvelles, clament leur originalité lorsque le sujet principal se cantonne aux  super-héros.

    Comme il l'avait précédemment prouvé avec Kick-Ass, Vaughn sait bien que plus un film se déroule dans un espace-temps fantastique, plus le film doit être à l'écoute de ses personnages. Ces derniers sont le coeur du film et ne sont nullement sacrifiés par l'action, tout de même bien présente. Eric et Xavier évoluent donc parallèment au fil des années, développant chacun une philosophie sur leur état de mutant. Il est clair que l'environnement familial (aisé pour Xavier, marqué par la violence et la mort pour Eric) joue un rôle prépondérant. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, les postures de chacun, bien qu'antagonistes, trouvent d'abord des points d'achoppement, pour ensuite lentement les éloigner. La progression de leur relation est extrêmement bien pensée, les séquences s'écoulant en désignant subtilement leur différence. La soif de vengeance d'Eric, on le sait bien, ne peut être étancher que par les extrêmes, tandis que Xavier, philosophe, prend du recul.

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    Le film n'est pas avare de séquences drôles, comme les affectionne Matthew Vaughn, n'hésitant pas à montrer les jeunes mutants pour ce qu'ils sont : des enfants en construction, pour qui le plus important, pour un temps, est de s'amuser. La séquence de la recherche des mutants, notamment, est euphorisante, et l'apparition clin d'oeil de Hugh Jackman est un sommet dont on aime à se le rappeler, longtemps après la projection.

    Michael Fassbender, dans le rôle d'Eric / Magnéto, est tout simplement exceptionnel. Chacune de ces apparitions laissent exploser son charisme, animal mais fragile, épaulé par la musique efficace d'Henry Jackman. Pour lui tenir tête, James McAvoy est lui aussi un très bon choix, tant on entre en empathie avec tous ses profils. Ainsi, quasiment tous les personnages s'en sortent sans caricatures, même si l'on peut reprocher à Kevin Bacon / Sebastian Shaw d'en faire un peu trop, dans la veine des méchants extravagants des James Bond avec Sean Connery (et January Jones lui rend bien ça, en blonde volcanique bien éloignée de son rôle dans Man Men). 

    Si, dans l'ensemble, les effets spéciauix tiennent la route, c'est tout de même dans cette partie que le film paie le tribut de sa chaotique création. Effets numériques par trop voyants, ou maquillages inégaux (l'armure de Magnéto, qui, si elle respecte scrupuleusement le look du comics, donne dans le mauvais goût), c'est là et seulement là, à notre sens, que le bât blesse. 

    Le voyage est en tous les cas fort plaisant, et l'on ne serait pas contre (pour un fois), revoir ses personnages campés tous admirablement. Et l'on se dit que, tout de même, le "retour aux origines" sied bien à ses super-héros souvent en manque de racines (psychologiques, sociales, ...). 

  • Star Trek II : la colère de Khan (1982)

    Un film de Nicholas Meyer

    5419248116_d5eaa1d05c_m.jpgIl y a longtemps, dans la même galaxie, j'avais subi le premier épisode cinématographique de la série Star Trek : le fait que Robert Wise œuvrait au poste de réalisateur, me laissait penser que ça ne devait pas être si mauvais. Bien mal m'en a pris, car deux heures durant, un ennui féroce, de ceux qui vous énervent, m'avait envahi. Ne connaissant pas l'univers touffu de Gene Roddenberry et tentant de dévorer tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la science-fiction, je décidai récemment de m'y remettre avec ce numéro 2. Et cette fois, ça a pris.

    Après un générique contemplatif nous faisant voyager aux confins de l'espace, le film commence par une séquence atypique, montrant une femme aux commandes de l'Enterprise, le vaisseau historique de Kirk et Spock. Il s'agit de la mimi Kirstie Alley, charmante avec ses oreilles pointues. On avait laissé le vaisseau dans les mains du vieillissant équipage des origines (le même depuis la série télé originelle de 1966) à la fin de Star Trek, le film ; or là un vent de jeunisme semblait souffler. Cette première séquence cachait un test pour les nouvelles recrues de la compagnie. L'épisode est ainsi marqué par une réflexion sur la vieillesse, Kirk le premier ayant l'impression tenace d'être dépassé, lui autrefois symbole de l'aventure à risques, aujourd'hui forcé de chausser ses lunettes pour lire, cantonné au rôle d'instructeur pour la génération émergente (bien qu'il s'agisse d'une promotion, sur le strict plan hiérarchique).

    Parallèlement au questionnement de Kirk sur le sens qu'il peut encore donner à sa vie, resurgit du passé Kahn, homme que Kirk a autrefois laissé végéter sur une lointaine planète (vu dans un des premiers épisodes de la série, il est incarné dans les deux cas par Ricardo Montalban). L'ennemi, comme le héros, est vieillissant, mais fait montre d'une énergie certaine à l'exécution de sa vengeance. Sa tenue étrange, offrant un décolleté généreux, préfigure les combinaisons Fremen de Dune (David Lynch, 1984) ; le film est ainsi marqué dans son look par les années 80, offrant un aperçu de ce que seront les bad guys excentriques de Mad Max 2 (George Miller). Au passage, on observe la torture inventive et dérangeante imposée à des membres de Starfleet : des vers s'introduisent dans leurs conduits auditifs, transformant les opposants en de dociles agneaux prêts à offrir leur services.

    Le cœur du film est une machine de terraformation, Genesis, qui permet de transformer n'importe quelle planète aride en oasis foisonnante. La démonstration de son fonctionnement occasionne par ailleurs une des premières séquences d'effets spéciaux de synthèse, réalisée par ILM, qui s'avère encore aujourd'hui tout à fait convaincante. Les plans composites montrant une partie de planète verdoyante participent aussi à rehausser un ensemble visuel autrement courant. 

    Le film revendique sa dimension serialesque, avec ses méchants caricaturaux, et le regretté Ricardo Montalban, habitué des séries (La planète des singes, L'île fantastique) offre tout son panache et sa démesure pour incarner un personnage si excentrique.

    James Horner, qui signe la musique du film, y invente des mouvements qu'il reprendra dans Aliens (James Cameron, 1986) quelques années plus tard ; son accompagnement s'avère efficace, mais est surclassé par ses travaux ultérieurs. 

    Les relations Kirk / Spock trouvent dans le film une résonance particulière, concernant la trajectoire du Capitaine historique et pour la fin du film, qu'on ne dévoilera évidemment pas. La bonne tenue de cet ensemble encourage en tous les cas à la récidive dans cet univers, Nicholas Meyer (le très bon C'était demain, 1979, avec Malcolm McDowell en H.G. Wells) réussissant à donner corps à une dramaturgie limpide même pour les novices de l'univers, tout en rendant proche chacun des personnages. 

  • The Dark Knight (2008)

    Un film de Christopher Nolan

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    "Soit on meurt en héros, soit l'on vit assez longtemps pour s'avilir"

    A la fin de Batman Begins, le spectateur quittait un Gotham City sans dessus-dessous : l'asile d'Arkham, ouvert aux quatre vents, laissait en liberté les plus dangereux criminels, mauvais augure d'un chaos à venir, et le manoir Wayne complètement détruit. Pour l'un, Bruce Wayne se promet de le reconstruire "brique par brique", et pour les autres, un génie du crime s'élevait déjà plus haut que tous, signant ses méfaits d'une mystérieuse carte Joker... La suite aurait d'ores et déjà fort à faire pour poursuivre sur la voie tracée par ce reboot, nécessaire et fondamentalement réussi.

    Avec le début de The Dark Knight, la nouvelle saga semble plonger encore plus dans les ténèbres : aux teintes orangées de la précédente séquence-titre, s'oppose désormais un voile bleuté masquant une explosion gigantesque, sur laquelle se superpose un emblème fissuré à peine discernable. Alors que le film n'est pas encore commencé, la guerre fait déjà rage contre ce justicier masqué traité de vigilante. Comme d'autres avant lui, The Dark Knight va explorer les thèmes de la dualité sur plusieurs niveaux. La face publique du personnage principal, le play-boy Bruce Wayne, est mis à mal (on le voit endormi à une réunion, tantôt arrivant au bras de deux top-models, ou encore sirotant un cocktail sur un voilier) ; son nouveau repaire, toujours au sous-sol, mais d'une zone industrielle désafectée cette fois, est désormais nimbé d'une lumière presque aveuglante, contrastant avec les profondes ténèbres qui noyaient la Batcave.

    Bruce Wayne, évidemment, est deux. Mais ce n'est pas tout : Harvey Dent, procureur qui a le vent en poupe (et sort, de plus, avec l'amour de Bruce Wayne, Rachel Dawes), est aussi sous le signe de la dualité paradoxale ; il vit sa part de lumière dans l'exercice de ses fonctions, les médias le surnommant d'ailleurs The White Knight, le chevalier blanc de Gotham. Ce n'est qu'en regard de cette appelation que Wayne recevra le nom de Dark Knight, se battant dans l'ombre avec des méthodes expéditives, tandis que Dent est exposé au grand jour et utilise les méthodes légales pour coffrer les gansters (la trouvaille de la loi Rico lui permet de mettre au trou plus de 200 criminels d'un coup). Dent et Wayne sont de plus tour à tour adversaires et un : Dent ne fait-il pas semblant d'être Batman ? Puis, Dent vivra aussi sa part d'ombre, la moitié du visage défiguré, jouant le sort de ses victimes à pile ou face. L'aspect intéressant de cette dualité réside dans le fait qu'elle apparaît même au sein de la face lumineuse des personnages (le surnom de Dent est aussi Double-face, par rapport à son comportement colérique, bien avant qu'il ne devienne un monstre ; à l'aise dans son monde, Dent est terrifié lors du dîner de soutien organisé en son honneur ; Rachel Dawes est mise au pied du mur et doit faire un choix entre Wayne et Dent). Nolan fait tout pour complexifier sa narration, et tricote une intrigue à la hauteur. Mention spéciale à l'arrestation musclée de Lau au Japon, très complexe et pourtant lisible.

    Comme d'autres films de super-héros avant lui, The Dark Knight reprend plusieurs moments-clés à son compte : le choix impossible (la séquence du bateau, l'un rempli de gens "normaux", l'autre de prisonniers), la manipulation psychologique du méchant -le Joker essayant de convaincre Batman qu'il est comme lui, une bête de foire (freak), dont les autorités veulent se débarasser au plus vite- ; on pense dans les deux cas au premier Spider-Man et au Bouffon Vert, dont la dynamique est pareillement gérée. Plus encore, ici, le Joker lance à Batman "Tu me complètes", tirade qui va loin dans les implications des rôles de chacun dans la vie des autres ; les deux personnages se font renvoi perpétuellement, leur seule différence étant finalement, le camp qu'ils défendent. Les alias se démultiplient (voir la séquence des Batmen) pour jeter, effectivement, un grand chaos sur le monde de Gotham.

    Possédant plus de points communs que d'antagonismes, Batman / Bruce Wayne, Harvez Dent / Double Face et le Joker font un trio percutant, dynamitant les règles. Le Joker occupe cependant une place centrale dans ces rapports, de même de Rachel Dawes (évacuée un peu rapidemment) entre Wayne et Dent, et vampirise le récit par une présence et une folie qui n'a pas de but, sinon semer la discorde et le chaos partout ; la destruction totale de tout lien. C'est assurément avec l'interpétation du Joker que Heath Ledger réussit ce retournement, de faire de ce Dark Knight non plus un film sur Batman... mais sur le Joker. Car, tout comme Batman mais peut-être encore plus, le Joker n'est pas un personnage à proprement parler, mais bien un concept, une idée d'anarchie balancée dans l'atmosphère comme un virus, qui n'a rien à perdre. D'où la profonde noirceur malsaine du film dans son entier, où tous les moyens sont bons pour faire triompher sa suprématie. Complexe, Dark Knight est un film noir comme l'ébène, fascinant jeu de pouvoir, de politique, dont l'arène est une cour des miracles complètement démente. Radicalisant encore le propos du premier film et se clôturant par une ultime retournement de situation, The Dark Knight est tétanisant. La suite ? Un Dark Knight Rises qui s'annonce infernal...

  • Twilight - chapitre 3 : Hésitation (2010)

    Un film de David Slade

    4803777275_6200216850_m.jpgQue le réalisateur de 30 jours de nuit s’attaque à Twilight aurait pu laisser espérer un film intéressant, à défaut d’être réellement bon. Les rédacteurs de Mad Movies s’en sont tenus là pour déclarer une flamme, trop directe pour être honnête, à cette Hésitation. Malheureusement pour nous, c’est la débandade qui nous a saisi dans la salle (pourtant magnifique) du Grand Rex.

    Après un premier épisode foiré dans les grandes largeurs (taillé sur mesure, ceci dit, pour les bandes d’ados à coup de grandes déclarations romantiques, qui ne résistent pas à l’épreuve filmique), le deuxième épisode marquait, avouons-le, un mieux. Première scène de rêve bien troussée, dans ce champ de fleurs où Bella se voit flétrir alors qu’Edward garde la fraîcheur de sa (vieille) jeunesse. Même si ça se gâtait ensuite, on restait sur une impression que la saga cinématographique pouvait monter en puissance… Las. C’était sans compter ce troisième opus, indigent à plus d’un titre.

    Tout d’abord, énigme du marketing infusée dans le scénario du film : la pseudo Hésitation de Bella, qui, entre le vampire Edward et le loup-garou Jacob, a visiblement du mal à choisir. La voiture d'Edward ou la moto de Jacob ? Une valse terriblement bancale tant on la sent forcée et tout sauf plausible. Rappel : au cinéma, une fois qu’un personnage déclare à un autre une passion si forte qu’il peut lui donner sa vie (le choix de Bella), on ne peut jamais, jamais, faire croire à l’audience que son avis peut changer sur la question. L’enjeu principal de cet épisode est dès le départ inexistant.

    Surfant comme à l’accoutumée sur une vague adolescente, les personnages se retrouvent souvent face au ridicule achevé des situations auxquelles ils doivent prendre part (si, en littérature, des gars se baladant toujours torse nu ne posent pas problème, avec Twilight, ça se transforme en film de plage entre gangs rivaux). Je décernerais bien volontiers la palme à la scène dite "de la tente", dans laquelle Jacob-le-chaud viendra apporter du réconfort à Bella devant la tête déconfite du pauvre Edward, qui lui, est tout froid. Je la donnerais bien, si le film n’était pas caviardé dans son entier par des répliques tenant du Harlequin pour ados, à base de "J’te plais, hein ? je sais que je te plais mais tu ne le sais pas", ou quand Bella et son père ont un échange surréaliste de niaiserie sur sa virginité, qui aurait eu sa place dans une série télé soap de fin d’après midi.

    N'y a-t-il pour autant rien à sauver dans le film ? Retenons le personnage de Jasper, effacé et en proie à ses pulsions vampiriques dans les précédents, qui s'affirme dans ce film-ci. Il en devient plus intéressant, recelant une force intérieure et une maîtrise jusque là mise à mal.

    Chaque rebondissement surprend cependant par le manque d’enjeu, justement, dont ils font preuve. Le film pâtît ainsi de son statut d’épisode de transition, qui remplit les trous de son scénario faiblard (les vampires et les loups garous doivent s’allier, malgré leur haine mutuelle, contre des vampires encore plus méchants, au nom de la protection de Bella, objectif rappelé jusqu’à plus soif) avec du papier toilette : cheap, jetable, comblant juste le minimum nécessaire.

    La grande baston finale, annoncée dès le début, n’est elle aussi qu’une publicité mensongère : torchée à la va-vite, les vampires ne saignant même plus une goutte. Tout cela sonne comme de bons vieux clichés ? Allez voir Twilight, et je vous assure que pour ça, vous ne serez pas déçus du voyage.

    Bref, on a juste assisté à une sorte de non-film, de mauvaise série TV sans pub au milieu. Où rires gênés, moqueurs ou silence consterné m’ont convaincu que non, Twilight n’est pas pour moi. Ah… Attendez… On me souffle dans l’oreillette que les livres Twilight sont bien de la même veine… Une adaptation fidèle, en sorte… Un sentiment un peu bizarre lors de cette séance dans ce qui reste aujourd’hui la plus grande salle de cinéma d’Europe. La séance cinéma ultime, enfin !