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fantastique - Page 4

  • Flashback Presse Cinéma : Midi-Minuit Fantastique n°6

    65862301.jpgJuin 1963, un autre numéro consacré au panthéon cinématographique fantastique de l'équipe MMF sort ses griffes : le numéro 6, consacré aux Chasses du comte du Comte Zaroff (Shoedsack, Cooper, 1932) ; le film a été tourné dans les mêmes principaux décors que King Kong, sujet du déjà mythique MMF numéro 3. Le numéro débute par la reproduction intégrale de la nouvelle de Richard Connell, à l'origine du film, que l'on retrouve également dans la réédition de la revue parue chez Rouge Profond. La diffusion de ce texte a du être jugée plus confidentielle que le Dracula de Stoker, reproduit dans l'édition originale mais coupée de la version reliée. Relire le texte de Connell est aujourd'hui précieux, car on y retrouve cette dimension sulfureuse, taboue, de l'évocation d'une chasse à l'homme par ce comte d'apparence somme toute débonnaire.

    Un long texte de Michel Caen fait suite à la nouvelle, essayant tout à la fois de "donner à lire" le film, tout en évoquant les implications philosophiques, et autres envers du décor du film. Grands amateurs de la revue Star Ciné Cosmos, qui consiste en un "ciné-roman" du film et aligne plusieurs centaines de photogrammes légendés d'un film à chaque parution, les joyeux bougres de MMF en donnent leur version forcément plus modeste ; 30 photogrammes (dont certains disponibles en version HD dans l'édition reliée Rouge Profond) racontent cette histoire courte. Dans l'intervalle, le numéro formule un bel hommage au regretté Ray Harryhausen, à ses créatures et évidemment, aux rejetons de Kong, qui furent aussi nombreux que médiocres : Mighty Joe Young (Shoedsack, 1949), Konga (John Lemont, 1961)...C'est l'occasion pour donner à nos yeux ravis de magnifiques visuels issus du Septième voyage de Sinbad (Nathan Juran, 1958). 

    La filmographie de Ernest Shoedsack est abordée, nous offrant des pages de splendides photos de production de Docteur Cyclope (1940). On gagne l'affiche en couleur dans la version reliée, car à l'origine la revue paraissait intégralement en noir et blanc. Fidèle à la volonté encyclopédique du titre, des filmographies très largement commentées et remplies de renseignements d'une précision chirurgicale (cinéma qui diffusait le film, quelle version, combien de temps...) sont présentées.

    L'HorrorScope est de retour, rassemblant les critiques de films sortis contemporainement de la revue. Notons un papier ô combien précis sur l'intriguant Le rayon de la mort (Kuleshov, 1925), film rare que Jacques Champreux décrit dans ses moindres détails. Jean-Paul Torok m'a fait hurler de rire avec sa critique de Maciste en enfer, titrée "Le Maciste ne passera pas", et dont voici une ligne bien sentie :

    "Tous les Maciste que j'ai pu voir sont exécrables, hideux plastiquement et moralement. Ce sont des sous-produits bâclés de la série des Hercule, des combats de catch de sous-préfecture".

    On retrouve aussi les références aux films préférés de la bande, au premier rang desquels l'indéboulonnable Masque d'or (Charles Brabin, 1932), mais on remarqué également la présence par au moins de deux mentions du Voyeur (1960), le chef-d’œuvre sadique de Michael Powell. Bref, une livraison anthologique comme on en prend l'habitude. Plus qu'à attendre la livraison du tome 2 de l'anthologie (comprenant les numéros 7 à 11 de la revue, plus un DVD rempli comme un oeuf ainsi que des textes inédits ; à priori, c'est pour le 21 octobre ! Pour en savoir plus, midiminuitfantastique.com

  • Flashback Presse Cinéma : Midi-Minuit Fantastique n°4-5

    20466881988_1ab2dac508_m.jpgEn janvier 1963, les joyeux drilles de la revue Midi-Minuit Fantastique proposent une nouvelle livraison, que dis-je, une double ration de leur titre : il porte le numéro 4-5.
    Après celui consacré à King Kong, c'est le deuxième numéro -sur 3 consécutifs- à proposer un focus sur un film majeur du cinéma idéal de la bande à Caen : c'est au tour de Dracula (Tod Browning, 1931) d'y passer. Pour l'occasion, c'est Tony Faire qui est à l’œuvre sur la grande majorité du numéro, avec un dossier parmi les plus fouillés depuis les début de la revue. Pour cause, Tony Faire sortait au même moment un livre sur Dracula, toujours chez Le terrain vague, la maison d'édition d'Eric Losfeld qui publiait également MMF. On souligne qu'à l'origine, l'article publié dans ce numéro de MMF ne faisait que 2 pages ; le sommaire du numéro a été modifié pour sa parution en intégrale chez Rouge Profond. Explications : ce numéro double comprenait à l'origine le roman Dracula de Bram Stoker, dans une version partielle mais néanmoins importante, très rare à l'époque. Le roman étant facilement accessible aujourd'hui, cette partie a disparue. Conséquence amusante : ce numéro double est aujourd'hui le numéro le plus court du recueil. Pour remplacer le nombre de pages ainsi dégagé, Stanzic et Caen ont eu la lumineuse idée de proposer une version longue de l'article de Faire. Véritable version expurgée ou composée d'extraits du travail de Faire issu de son livre, nous ne le savons pas.

    Dans ce véritable dossier, pièce d'orfèvrerie autant du point de vue littéraire que du travail de recherche, Faire étudie les rapports entre le mythe vampirique de Dracula, le livre de Stoker, la pièce de théâtre de Balderston et Deane et le film de Browning. Tel un archéologue, il visite chaque strate pour en discerner les similitudes, les nouveautés, les images universelles. Une lecture totalement éclairante sur le mythe et sur les influences de Stoker. L'iconographie est aussi remarquable. Couvertures des premières éditions du livre, affiches de la pièce, photogrammes (assez rares pour ne pas avoir été retrouvés en meilleure qualité qu'à l'origine lors du "lifting HD" des illustrations)... Elle est complété par une filmographie forcément partielle aujourd'hui, mais qui montre bien la volonté de l'équipe de proposer pour l'époque le numéro définitif sur le personnage.
    La cerise sur le gâteau ? La lettre du regretté Christopher Lee adressée à la revue, où il se confie sur son implication dans le rôle de Dracula, et fait part à plusieurs reprises de sa volonté de reprendre le rôle, si on le lui demandait.

    Par contre, à la différence des précédents numéros, nulle trace ici des rubriques dites d'actualités, constituées des critiques de films ou de livres sortis alors, toujours intéressants pour resituer ces films dans leur contexte. La saga des films fondateurs continuera dans le numéro suivant de MMF, consacré au Chasses du Comte Zaroff...

  • Flashback Presse Cinéma : Midi-Minuit Fantastique n°3

    16637496345_a4debe9488_m.jpgOctobre 1962. Le troisième numéro de la première revue traitant le genre fantastique avec le sérieux qui lui est d'habitude refusé à l'époque, est anthologique à bien des égards ; d'abord, par son nombre de pages et d'illustrations. 130 pages parsemées d'une quantité astronomique de visuels, tous reliés de près ou de loin à la thématique de ce numéro : King Kong, le film d'aventure séminal de Schoedsack et Cooper. Des photos des trucages de Willis O'Brien, qui avait été très peu diffusé à l'époque de la sortie du film, des planches de visuels promotionnels à destination des cinémas ("Comment faire votre publicité pour King Kong", "hallucinantes statistiques", King Kong porte-bonheur", "un record"...). On est pas loin de penser que tout ce qui avait pu faire surface, en terme de photographies, gravures, dessins, à propos du film, est utilisé dans cette livraison. Les "rencontres" chères à la revue, qui mettent en regard deux oeuvres différentes pour en établir les similitudes, sont très pertinentes ici, notamment dans les ressemblances flagrantes entre le récit de King Kong et celui de Jonathan Swift pour Les voyages de Gulliver. La comparaison entre les dessins de production de Willis O'Brien et les prises effectivement filmées est étonnante, l'une reproduisant l'autre à l'identique.

    L'équipe de la revue, dépassant le visuel, se permet de rétablir la vérité sur certaines explications de trucages erronées, visant notamment l'ancestral journal L'Illustration, démontrant par A+B l'absurdité des thèses avancées. Films préhistoriques, comics (Mandrake, Wonder Woman), critiques de films du moment font le reste de la revue, au contenu gargantuesque. On se plaît à lire la critique du très sympathique Moulin de Supplices (Giorgio Ferroni, 1960), et on rêve de découvrir L'antilope d'or, film d'animation russe réalisé en 1954 par Lev Amanatov. Feuilleter le numéro est, comme pour les autres, cette porte ouverte vers un passé ouvertement lointain et pourtant d'une modernité sans pareille, la qualité des écrits et le rêve éveillé permis par les images ne trouvant aucune comparaison aujourd'hui. Ceux qui ont permis la redécouverte de ces trésors de l'histoire du cinéma se fendent même d'un complément inédit avec la partie intitulée L'entracte du Midi-Minuit, composé d'un portfolio de la généreuse Marie Devereux et d'un entretien avec Fellini : extraordinaire, on vous dit !

  • Le Hobbit : la désolation de Smaug (2013)

    Un film de Peter Jackson

    15707522089_0b396bf561_n.jpgPlus les films passent, et mieux l'on se rend compte des limites de l'apport de Peter Jackson sur l'univers du Seigneur des Anneaux. Depuis le début chaotique de la production d'un diptyque transformé en trilogie, on sent bien que le cœur n'y est pas. Le récit inoffensif du Hobbit se retrouve alourdi de circonvolutions inutiles, dans le seul but de tisser des liens entre la "trilogie originale" et cette "prélogie" moins inspirée... Cela ne vous rappelle rien ?

    Ce deuxième épisode (le plus difficile, car n'ayant réellement ni début, ni fin) recèle certes de bons moments -la rencontre avec le métamorphe, le décor inédit du village de pêcheurs-, mais pour le reste, c'est malheureusement raté dans les grandes largeurs : l'échappée en tonneaux digne d'un cartoon de Tex Avery, où les personnages rebondissent sur leurs opposants comme autant d'obstacles inoffensifs, le "moment Legolas" comme pour rappeler au bon souvenir de la première trilogie, une héroïne créée de toute pièces (Thauriel, clone d'Arwen en mode Robin des Bois), un dragon extrêmement bavard et un peu lent niveau méninges... Par contre, il a la voix qui tonne dans les basses !

    Une histoire laborieuse, des motivations ténues -pourquoi Smaug veut aller mettre Lacville à feux et à sang ? Ah oui, c'est pour se venger des nains qui lui ont fait mordre la poussière... Quel rapport ?- : l'ensemble est très inégal, pour dire ça gentiment. Pour tout dire, même les effets spéciaux sont par fois totalement à la ramasse, notamment dans la séquence dite "des tonneaux", ou bien encore dans des arrière-plans numériques un brin voyants... Le Jackson millésime 2013 n'était pas fantastique, et avait, plus que tout autre film de l'univers, la fin la moins intéressante. Bref, ce n'est pas avec la plus grande des ferveurs que l'on attend la future "Bataille des cinq armées"... Mais on ira quand même ! Passion du fantastique, quand tu nous tiens...

  • Raspoutine, le moine fou (1966)

    Un film de Don Sharp

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    Tourné à la suite de Dracula, prince des ténèbres, avec lequel il partage quelques décors et acteurs, Raspoutine, le moine fou conte l'histoire bigger than life du fameux guérisseur, bien introduit à la cour de Russie, qui aurait peut-être causé la chute des Romanov au début du XXème siècle.

    Don Sharp retrouve pour le film la star Christopher Lee, avec qui il a tourné l'année précédente le sympathique Masque de Fu Manchu ; Sharp, même s'il ne fait pas partie de la dream-team des réalisateur à la Hammer Films, a tout de même quelques bons titres à son actif, notamment l'excellent et méconnu Baiser du vampire (1962). Et ce Raspoutine, tout aussi méconnu aujourd'hui malgré la présence de Christopher Lee, est d'une qualité pratiquement comparable : L'histoire de ce personnage mystérieux et jouisseur (Raspoutine, bien que nom véritable de Gregori Efimovitch, signifie "débauché") est fort bien amenée, d'une première guérison miraculeuses à son arrivée en tant que confident d'Alexandra Feodorovna, l'épouse de Nicolas II, en passant par les beuveries, danses et l'activité sexuelle débordante du personnage (toujours hors-champ ; nous ne sommes pas encore dans la période plus permissive et volontiers racoleuse de la Hammer).

    Le personnage, aux dons indéniables, est totalement ambigu dès la première séquence ; sa véritable nature, manipulatrice et vicieuse, se dévoile peu à peu durant le métrage. Son charme presque surnaturel a des traits de ressemblances avec Dracula, que Christopher Lee a interprété mieux que quiconque : Raspoutine hypnotise ses magnifiques victimes (Ah, la rousse Barbara Shelley) qui deviennent prisonnières de son emprise maléfique. Son habileté à flatter les puissants fera le reste.

    Le luxe de décors et surtout, comme à l'accoutumée, des costumes, trait distinctif de la firme, ne faut pas défaut, et n'a d'égale que le raffinement des stratagèmes implacables de Raspoutine, pour gagner le pouvoir, la richesse et le faveurs qu'il désire. Le portrait saisissant de Raspoutine, si bien incarné par Lee, est celui d'un jouisseur rabelaisien, aimant profiter de tous les plaisirs.

    Raspoutine, film biographique, convient malgré tout fort bien à l'identité que la Hammer s'est forgée depuis le milieu des années 50, et son attrait sans bornes pour le fantastique, la magie et la sorcellerie. Citons également, dans ce style précis, le très bon Les vierges de Satan (Terence Fisher, 1966), dans lequel Christopher Lee fait des étincelles, sur un scénario de Richard Matheson. Dans cette lignée de films, particulière dans le cinéma anglais des années 60, Raspoutine ne dépareille pas, bien au contraire.