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50's - Page 2

  • Rendez-vous avec la peur (1957)

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  • Fenêtre sur cour (1954)

    Un film de Alfred Hitchcock

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    Il est toujours agréable de revoir un très bon film. Fenêtre sur cour fait partie de ceux-là, et sa récente édition Blu-ray (un des titres les plus techniquement corrects de la salve Unversal dédiée au réalisateur) était une invitation trop belle à laisser passer.

    L'image que l'on garde en tête, visionnage après visionnage, est celle de James Stewart alité, ou bien cloué à sa chaise, qui regarde à la jumelle ses voisins d'en face ; enfin, surtout Miss Torso au début, sculpturale gymnaste pas avare de ses charmes. Tranquillement, alors que la caméra ne quittera pas un seul instant l'appartement de Stewart, des scénettes prennent vie, alors même que très peu de dialogue ne viennent les accompagner.
    Un couple de jeunes mariés, un autre plus âgé qui dort sur le balcon en cette période caniculaire, une dame seule qui se laisse aborder par le premier venu, un musicien qui vit de fête et de son art, etc. La richesse de ces micro-récits est admirable, et établie avec une telle économie que seul, le langage cinématographique suffit à leur donner du sens. Les champs / contre-champs, cadres dans le cadre, sont si précis et intelligemment agencés, que l'on est scotché du début à la fin. Évidemment, une intrigue prendra le pas sur toutes les autres : un meurtre potentiel, couvert par la banalité de l'existence d'un monsieur apparemment sans histoire. C'était sans compter l'obsession de James Stewart à son égard. Son état le conduit à développer une fascination maladive pour son proche voisinage : du voyeurisme pur et simple. Et, alors que Grace Kelly (Grace Kelly !) se pâme d'amour pour lui, lui n'en a que faire, ou si peu.

    Aujourd'hui, en revoyant ce grand film, ce qui frappe encore plus c'est la frontière tout à fait floue entre l'histoire fictive, celle qu'on s'imagine, que l'on construit dans notre tête en se basant sur quelques indices épars, et la réalité, qui prend soudainement forme sous nos yeux. Elle est là, tangible, alors que pendant la majeure partie du métrage, elle n'est que le fruit de suppositions. L'éventail de tous les possibles, au regard d'une situation donnée, s'amenuise ou sélargit, jouant au yoyo pendant tout le film, puis explose dans un final au suspense terrible, comme à l'accoutumée dans les meilleur films d'Hitch ; et puis, au fond, tout cela n'est... que du cinéma. Une redécouverte primordiale.

    Source image : James Stewart dans Fenêtre sur cour © Universal Pictures

    Disponibilité vidéo : Blu-ray zone B et DVD zone 2 - éditeur : Universal Pictures.

  • Niagara (1953)

    Un film de Henry Hathaway

    9682258817_67b4aa1ee9_m.jpgComme son titre le laisse supposer, le film de Henry Hathaway (connu pour ses westerns et ces films noirs, comme c'est le cas ici, il a aussi réalisé le superbe Peter Ibbetson) prend pour décor la rive canadienne des chutes du Niagara, destination privilégiée des jeunes mariés pour leur voyage de noce. C'est justement le cas des Cutler (Jean Peters et Casey Adams), qui découvrent en leur voisins des personnages bien étranges : la sublime Rose Loomis (Marilyn Monroe) et son mari George (Joseph Cotten). Ce couple n'est pas en très bon termes...

    Ce film en Technicolor utilise diablement bien les décors naturels des chutes, capturant toute leur beauté, mais aussi sa terrifiante violence. Le bruit des chutes s'écrasant sur les rochers emplir le film, de même que cette bruine subtile qui fait apparaître, comme un tour de magie, des arcs en ciel dans les coins du cadre. Dès la scène d'ouverture, ce mélange de beauté et d'étrangeté saisit le spectateur, quand George Loomis paraît s'extirper des chutes (en fait une balade matinale, arguant par une voix-off fatiguée :

    "Pourquoi les chutes m'attirent-elles ici à cinq heures du matin ? Pour me montre combien elles sont immenses et combien je suis minuscule ? Pour me rappeler qu'elles n'ont besoin de l'aide de personne ? Très bien, elles l'ont prouvé. Et puis après ? Il leur a fallu dix mille ans pour devenir indépendantes. Qu'y a-t-il d'extraordinaire à cela ? J'imagine que moi aussi, je pourrais le devenir, mais cela demanderait peut-être un peu plus de temps..."

    Une aura métaphysique plane déjà sur le film. On retrouve l'homme hanté par ses démons, déjà prisonnier d'un destin funeste. L'ombre du film noir obscurcit aussi ce film pourtant lumineux, qui s'attache constamment à montrer des extrêmes : des paysages magnifiques associé à une ambiance de dégoût, lassitude, de mort... Le film débute d'ailleurs par cette voix-off citée au-dessus, trait récurent de ce courant qui nous a donné de ce beaux moments de cinéma.

    Hathaway voulait James Mason dans le rôle de George Loomis, mais Joseph Cotten parvient sans mal à incarner cette enveloppe fatiguée par la vie. Marilyn, au plus fort de sa beauté irrésistible, est incroyablement désirable, occupant la place de la femme fatale si caractéristique du noir. Lorsqu'elle débarque avec sa robe rouge/fushia dans une petite soirée de l'hôtel où elle séjourne, et fait tourner la tête de tous les hommes présents, le temps semble s'arrêter, elle devient alors l'unique centre d'intérêt ; concentrant toutes les obsessions, tel le soleil qui irradie tout.

    Ne parler que de Marilyn serait un tort, tant Jean Peters, femme très belle également, occupe son rôle avec une vraie prestance. Elle constitue une version de la femme plus réelle, plus consciente aussi, que Marilyn, qui incarne ici le fantasme absolu. Hathaway, ravi de sa collaboration avec Marilyn, lui donne ici l'occasion de briller, et de montrer une facette plus sombre, plus que dans n'importe quel autre film. Ce ne sera que le début, car avec Rivière sans retour (Otto Preminger, 1954), Sept ans de réflexion (Billy Wilder, 1955) ou évidement Certains l'aiment chaud (Billy Wilder, 1959), la carrière de l'actrice aura été à la hauteur du mythe.

     

    Source image : affiche du film © 20th Century Fox

  • Un baquet de sang (1959)

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  • Le cauchemar de Dracula (1958)

    Un film de Terence Fisher

    8853158101_148cbf364a_m.jpgLa relecture du cycle fantastique de Universal made in Hammer film commence ici, avec ce Cauchemar de Dracula de très bonne facture. Peter Cushing et Christopher Lee (Van Helsing/Dracula), duo déjà connu à l'écran par Frankenstein s'est échappé sorti l'année précédente, débutent eux aussi un combat qui se poursuivra dans de nombreuses suites.

    Adaptation du livre de Bram Stoker, le film montre plusieurs altérations d'importance par rapport au matériau d'origine. Jonathan Harker (John Van Heyssen) y est un collègue de Van Helsing, tâchant d'anéantir Dracula ; il échouera, alors que le Jonathan Harker du roman est un agent immobilier venu dans les Carpathes de Dracula pour finaliser un accord de vente d'une demeure, aucunement conscient du risque encouru (et qui s'en sort vivant). Dans le film, sa promise est Lucy Holmwood -la grande amie de Mina Harker-, et non Mina elle-même. Mina, nommée Holmwood dans le film, est en fait la soeur de Lucy et la femme de Arthur Holmwood (Michael Gough, que l'on connaît plus aujourd'hui pour avoir incarné le majordome Alfred Pennyworth dans les quatre films Batman produits par la Warner entre 1989 et 1997). Le professeur Seward, dans le livre élève de Van Helsing, est ici le médecin de famille des Holmwood. Ces différences permettent de condenser l'intrigue, et surtout de caractériser la personnalité de Van Helsing, ne reculant devant rien pour terrasser Dracula.
    Ainsi, lorsqu'il découvre que son ami Harker a été possédé par le vampire, il n'hésite pourtant pas une seconde à lui enfoncer un pieu dans le coeur. Ces aménagement dans la trame narrative de Stoker permettent aussi d'aiguiser la rencontre entre Jonathan Harker et Dracula : Harker prétend venir pour occuper le poste de bibliothécaire dans le château de Dracula, tandis que le vampire se montre extrêment courtois envers son invité, allant jusqu'à lui porter sa valise jusqu'à sa chambre. Dans cette séquence, chacun joue en fait un double-jeu. Averti du danger mortel qui pèse sur lui, on pourra être étonné de la facilité avec laquelle Harker tombe finalement dans le piège du comte. Le jeu de John Van Eyssen, théâtral et appuyé, est d'ailleurs le point faible d'un ensemble sinon impeccablement maîtrisé.

    En terme d'écriture et de pur rendu cinématographique, le grand écart entre la prévenance apparente du comte et la sauvagerie avec laquelle, dans la scène suivante, il protège sa future proie, tel un fauve rendu fou par la vue du sang, est tout à fait éloquent. Les yeux injectés de sang, bondissant avec une rapidité foudroyante, Christopher Lee y est carnassier.

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    Ce premier film du cycle vampirique de la Hammer est l'occasion pour édicter les règles de base de la mythologie : ainsi, si Dracula doit reposer dans sa terre natale, et est sensible à l'ail, aux crucifix, et évidemment à la lumière du jour, il ne peut pas se transformer. C'est bien sûr le cas dans le livre, où on peut le voir apparaître sous la forme d'une chauve-souris, ou d'une vapeur verdâtre (éléments par exemple repris dans le Bram Stoker's Dracula de Francis Ford Coppola). On avancera que ce sont sûrement les impératifs financiers qui ont dicté cette clause, qui s'évaporera dans les films suivants du cycle Hammer. C'est d'ailleurs lors de ce Cauchemar de Dracula qu'apparaissent à l'écran les canines pointues, caractéristiques des vampires pour le reste de l'histoire du cinéma.

    Terence Fisher et Jack Asher, son directeur photo, font des merveilles visuelles, ce qui perdurera comme un standard Hammer, mariant les teintes pourpre et plus sombres, n'hésitant pas non plus à utiliser la couleur verte (la chemise de nuit de Lucy Holmwood, alors possédée par Dracula), afin d'instiller de l'étrangeté chez les personnages ayant basculés sous l'emprise du mal. Il est intéressant de noter que la Bavière, région du sud de l'Allemagne où se déroule l'intrigue, occupe le même rôle dans plusieurs Frankenstein de la firme, avec ces villages faits de chaumières tranquilles bloqués à la fin XIXème siècle et, toujours, de la taverne qui s'avère un lieu de passage incontournable. Le cadre de la Hammer est planté, le reste appartient à l'histoire pour une série de films toujours enthousiasmants aujourd'hui.

    L'existence d'une version longue de ce film a souvent été évoquée par le passé, appelée "version japonaise" en raison de plans supplémentaires montrés dans ce pays et coupés dans tous les autres. Christopher Lee en personne attestait de ces plans supplémentaires, sans qu'on en ait la preuve formelle. Ce n'est qu'à l'automne 2011 qu'une version plus complète a été retrouvée au Japon. Dans la récente sortie blu-ray en Angleterre, on peut effectivement voir des plans qui avaient été coupés pour toutes les autres régions du monde, à part le Japon : la séduction plus explicite de Dracula sur Lucy (on ne voulait à l'époque pas montrer le comte mordre le cou de la jeune fille plein cadre : trop "chargé"), puis la fin de Dracula, agrémenté de quelques plans de composition supplémentaires. Malheureusement pour les francophones que nous sommes, pas de VF ni de sous-titres français sur cette sortie...

    Disponibilité vidéo : DVD zone 2 - éditeur : Warner Home Video ; Blu-ray zone A - éditeur Warner Home Video.