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2010's - Page 4

  • Les gardiens de la galaxie (2014)

    Un film de James Gunn

    GOTG-poster.jpgComment rendre un film de super-héros inconnus pour le plus grand nombre si tendance ? De nombreuses réponses peuvent être apportées, mais je pencherais pour, premièrement, une écriture qui manie l'humour comme une seconde nature, et ensuite, une bande originale imparable à base de musique pop des années 70 (on va y revenir).

    Oui, Les gardiens de la galaxie est ce que Marvel a fait de mieux depuis... le premier Iron Man (6 ans d'âge tout de même). La firme a eu l'intelligence de laisser les rênes à James Gunn, très au fait des films de super-héros, comme en témoigne son Super plus subtil qu'il n'en a l'air. Le coup de la bande son pop, qui parcoure tout le film au point d'en faire oublier le score (un peu faible à part le thème) de Tyler Bates, rend ces péripéties aux confins de la galaxie bien plus proches et "accessibles", et soude aussi le couple Peter Quill / Gamora.

    Les guest vocaux de Bradley Cooper (Rocket) et Vin Diesel (Groot) en disent long sur l'importance du dialogue et de leur dimension comique. Cooper transmet la vivacité et l'intelligence de Rocket, en même temps que son amour de la déconne, très humain ; dans le même temps, Diesel répète inlassablement les mêmes trois mots, I am Groot, mais leur intonation respective signale clairement l'intention. Un esprit potache de franche camaraderie est peu être ce qui reste le plus longtemps après la vision du film.

    Si, au départ, le film semble déconnecté du Marvelverse cinématographique (aucun Avenger ne vient faire un caméo, la séquence post-générique ose même ramener Howard The Duck), il se paye tout de même le culot d'offrir sa première scène importante à Thanos -seulement entrevu à la toute fin d'Avengers-, un des plus grands super-vilains de la firme. Sans en avoir l'air, Les gardiens de la galaxie est un des piliers de l'univers cinématographique Marvel, et l'on est bien content de savoir que, dès le générique de fin du film, "The guardians of the Galaxy will return" !

    PS : Groot est énorme.

  • Whiplash (2014)

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    Un film de Damien Chazelle

    Whiplash, c'est un peu Full Metal Jacket où un orchestre de jazz aurait remplacé la guerre du Viêt-Nam ; le sergent-instructeur est toujours là, lui, et a pris l'apparence de J.K. Simmons (Oz, Spider-Man).

    Il fallait un jeune premier musicien pour le rôle du batteur Andrew Neyman ; en l'état, le choix de Miles Teller (The Spectacular Now, Divergente, prochainement Les 4 fantastiques) tient de l'évidence. Sa performance saisit l'effort jusqu'aux limites du corps, la course effrénée vers l'excellence du très haut niveau. En face de lui, J.K. Simmons est démoniaque, la plupart du temps imbuvable, parfois doux comme un père... Il dirige sa formation musicale comme une armée de petits soldats surentraînés, dans laquelle la moindre faiblesse est fatale. Les scènes instantanément marquantes de la fausse note ou du tempo impossible illustrent avec dureté le niveau d'exigence stratosphérique du chef d'orchestre. Pour répondre à cette exigence, Neyman ira lui aussi très loin, sacrifiant tout sur l'autel de sa passion : sa famille, sa petite amie, sa santé...

    Le rapport avec la famille, décalée culturellement, est poignant, notamment dans la scène du dîner : Neyman éclate devant le manque de considération qu'on lui témoigne, dans un élan d'orgueil tant excessif que nécessaire. Toute cela... Pour quoi ? L'expression du pur talent musical, dont nous avons une démonstration définitive à la fin du film, qui a la bonne idée d'aller jusqu'au bout du propos tout en inversant les rapports de force. En l'état, il rappelle la plan final de Billy Elliot, qui, bien que trop elliptique, capturait tout autant un instant de perfection, d'achèvement artistique total.

    En montrant à la fois toute l'étendue des sacrifices nécessaires à l'accession de la maîtrise totale de l'instrument, et la grâce qui en résulte, Whiplash est un film exemplaire et l'un des meilleurs témoignages de l'excellence musicale à l'écran.

  • Birdman (2015)

    Un film de Alejandro González Iñárritu

    poster212x312.jpegDu réalisateur mexicain, je garde des impressions frappantes de 21 grammes (2003), Amours chiennes (2000) et Babel (2006), tourbillons émotionnels empreints d'une rare violence psychologique. Comme ce fut le cas avant la vision d'autres films, la réputation extrêmement flatteuse de Birdman me transportait dans un climat de confiance totale : ce devait être un grand film. Découvert au lendemain de son sacre aux Oscar, j'en garde effectivement une impression très vivace : l'ennui.

    Le fond n'est pas bien nouveau, ni carrément excitant : les affres de la célébrité perdue, la névrose et la guerre des égos d'acteurs détestables... Why not. Cassavetes ne faisant pas autre chose dans les années 70, et je ne trouvais déjà pas ça passionnant, mais passons. Non, le véritable problème du film est de tout céder à la performance, se posant dès le cahier des charges comme un film à récompenses, ce qui n'a pas loupé. Performance des acteurs, tous vociférant, avec à la clé une lecture méta sur la carrière de son acteur principal, so smart (Keaton est Riggan, et alors ? Le réalisateur se permet même une référence éculée au magnifique Boulevard du crépuscule de Wilder, qui s'il partait du même principe, embrassait une histoire bien plus originale en se fondant avec les codes du film noir) ; performance de la caméra, personnage à part entière qui déambule dans un plan-séquence souvent gratuit. Le seul intérêt structurel de Birdman est d'éclater la linéarité du récit malgré la continuité du plan-séquence : on passe donc de la nuit à l'après-midi en un claquement de doigts, en s'en apercevant à peine. Iñárritu retranscrit dès lors une impression d'expérience théâtrale, dans un pur objet de cinéma, accordons-lui cela, mais ce sera tout.

    L'intérêt du personnage du super-héros, juste là pour appuyer le paradoxe entre les blockbusters décérébrés et le cinéma d'auteur exigeant ? Aucun. L'intérêt que Riggan ait réellement des super-pouvoirs ? Aucun. Dans le style Show Business is a bitch, j'ai même préféré l'essai de Cronenberg, Maps to the stars, et ce malgré qu'il fasse partie des pires séances cinéma de 2014, c'est pour dire. Le problème de Birdman, c'est tout y paraît extrêmement calculé. La sincérité, dans tout cela ? Autant regarder à nouveau 21 grammes, Amours chiennes ou Babel, je vous le dis.

  • Le Hobbit : la désolation de Smaug (2013)

    Un film de Peter Jackson

    15707522089_0b396bf561_n.jpgPlus les films passent, et mieux l'on se rend compte des limites de l'apport de Peter Jackson sur l'univers du Seigneur des Anneaux. Depuis le début chaotique de la production d'un diptyque transformé en trilogie, on sent bien que le cœur n'y est pas. Le récit inoffensif du Hobbit se retrouve alourdi de circonvolutions inutiles, dans le seul but de tisser des liens entre la "trilogie originale" et cette "prélogie" moins inspirée... Cela ne vous rappelle rien ?

    Ce deuxième épisode (le plus difficile, car n'ayant réellement ni début, ni fin) recèle certes de bons moments -la rencontre avec le métamorphe, le décor inédit du village de pêcheurs-, mais pour le reste, c'est malheureusement raté dans les grandes largeurs : l'échappée en tonneaux digne d'un cartoon de Tex Avery, où les personnages rebondissent sur leurs opposants comme autant d'obstacles inoffensifs, le "moment Legolas" comme pour rappeler au bon souvenir de la première trilogie, une héroïne créée de toute pièces (Thauriel, clone d'Arwen en mode Robin des Bois), un dragon extrêmement bavard et un peu lent niveau méninges... Par contre, il a la voix qui tonne dans les basses !

    Une histoire laborieuse, des motivations ténues -pourquoi Smaug veut aller mettre Lacville à feux et à sang ? Ah oui, c'est pour se venger des nains qui lui ont fait mordre la poussière... Quel rapport ?- : l'ensemble est très inégal, pour dire ça gentiment. Pour tout dire, même les effets spéciaux sont par fois totalement à la ramasse, notamment dans la séquence dite "des tonneaux", ou bien encore dans des arrière-plans numériques un brin voyants... Le Jackson millésime 2013 n'était pas fantastique, et avait, plus que tout autre film de l'univers, la fin la moins intéressante. Bref, ce n'est pas avec la plus grande des ferveurs que l'on attend la future "Bataille des cinq armées"... Mais on ira quand même ! Passion du fantastique, quand tu nous tiens...

  • Blue Jasmine (2013)

    Un film de Woody Allen

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    Le Allen cuvée 2013 est plutôt un bon millésime : alternant films moyens (Scoop, Minuit à Paris), et vrais mauvais films (Vicky Cristina Barcelona, Vous allez rencontrer un un bel et sombre inconnu, To Rome with love) depuis l'incontestable réussite de Match Point, le réalisateur américain ne s'en tire pas trop mal ici. La palme aux acteurs, Alec Baldwin, Sally Hawkins notamment. La structure du film est aussi plus recherchée qu'habituellement, jouant finement avec le flash-back, liant malicieusement les scènes.

    Comme souvent, les personnages ne sont pas ce qu'ils semblent être de prime abord ; Cate Blanchett, Jasmine dans le film,  est, à ce titre, stupéfiante (même si on a profocdément du mal à s'attacher à elle, mais c'est une autre histoire). Le décalage entre la bourgeoise Jasmine et sa sœur, au quotidien plus modeste, explose lorsqu'elles cohabitent, après que Jasmine a vu son mariage atomisé par des tromperies extra-conjugales et autre scandale financier.

    Le personnage principal a des traits alleniens (très verbeuse et totalement névrosée), mais l'ensemble donne une fraîcheur qu'on ne connaissait plus à ce cher Woody depuis des années. Une fraîcheur teintée de folie et même de mélancolie, la pauvre Jasmine paraissant parfois complètement paumée dans ce nouveau monde (celui de la sobriété financière, dira-t-on).

    Autre point positif, l'intrigue et ses personnages nous emmènent sous des horizons où se jouent les nuances de gris ; rien ni personne n'est l'homme ou la femme idéale, la sphère des gens fortunés est décrite par petites touches impressionnistes, mais son constat est sans appel.

    Ballade très amère aux pays des rêves désenchantés, le film, s'il est loin d'être parfait (fin abrupte, peu de personnages sympathiques), Blue Jasmine constitue le meilleur film de son auteur depuis un bail. Ce serait dommage de s'en priver.