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2000's - Page 8

  • Dante 01 (2008)

    Un film de Marc Caro

    4040988662_10fec38e9f_m.jpgUn film de SF : en mon for intérieur, bravant les critiques peu engageantes, je me dis : chouette ! Un film français : en mon for intérieur, n’ayant que faire de l’intelligentsia parisienne, je grince : ouille... Et pourtant, je me sens irrémédiablement attiré dès qu’on me parle de vaisseaux spatiaux, de machines bizarroïdes et autres paradoxes temporels. Me voilà donc devant Dante 01, et ça fait mal. Parmi l’essaim d’étrons cinématographiques que je me suis -volontairement- infligé ces derniers jours (choisissez votre favori, dans le désordre : Star Trek (2009), Alien versus Predator : Requiem (2008), Evan tout puissant (2007)), vais-je ainsi livrer présentement le sus-nommé aux lions.

    Dante 01 relate l’arrivée d’un prisonnier inconnu (portant les traits d’un Lambert Wilson tout en muscles) dans une colonie pénitentiaire spatiale gravitant autour de la planète Dante. Les autres occupants de la prison, des meurtriers avérés ultra-dangereux, semblent être l’objet d’expérimentations obscures par un staff de scientifiques (dont la mimi Linh Dan-Pham, qui nous apparaît nue dans les premiers plans du film, ce qui reste une bonne idée pour appâter le chaland, mais qui restera sans suite, laissant le pauvre téléspectateur bien démuni). Ce mystérieux prisonnier, d’une parole pour ainsi dire aride -il prononcera 3 mots durant tout le film-, doit s’appeler peut-être Saint George, selon un de ses co-détenus, qui lui-même s’appelle Bouddha. Avant de me gratifier d’un "N’en jetez plus!" dédaigneux, laissez moi rajouter Lazare, Perséphone, Raspoutine et Attila, autres personnages dont les positions sont si finement amenées. Dans le syncrétisme le plus total et décomplexé, Caro aligne sur cette structure de personnages un semblant d’histoire dont personne n’a rien à faire : les personnages, tous des psychopathes ou des malades en puissance (et ce, même du côté des scientifiques) n’attirent à aucun moment notre empathie, alors qu’ils sont sous le coup d’un virus quelconque. La solution au virus serait Saint George lui-même, mais on ne comprendra jamais pourquoi ni comment...

    Esthétiquement, on reconnaît la patte de Caro et son obsession pour tous les dispositifs de communication (écrans, interphones, haut-parleurs filmés en gros plans, rappelant Le Bunker de la dernière rafale (1981), court-métrage du duo Caro/Jeunet), ce qui donne par moment au film un côté installation d’art contemporain, plombant à souhait. De même, les personnages, écrasés par les cadres serrés qui les font tous ressembler à des monstres, sont les seuls moteurs de la caméra, ce qui laisse le décor -pourtant élégant- étriqué, et l’on éprouve jamais la sensation d’espace. Dans un film de science-fiction, c’est, comment dire, ballot.

    Dante 01 est ainsi un film trip qui m’en rappelle un autre, aussi "réussi", Eden Log de Frank Vestiel ; quelle ne fût ma surprise quand, au détour du générique de fin de Dante 01, on croise ce nom en face du poste Assistant réalisateur ! La filiation est assurée, mais la maîtrise foirait déjà à l’origine.

    La fin restera, au même titre, dans les annales du n’importe quoi : incompréhensible et qui rend la construction du film (à base d’inscription ponctuelle : 1er cercle, 2e cercle, ...) incomplète : l’Enfer n’a-t-il pas 7 cercles ? Alors pourquoi s’arrêter au n°3 ? Ah, mais ça y est, j’ai peur de trop bien comprendre : Dante 01 était le premier film d’une trilogie, qui ne verra malheureusement pas le jour faute de succès... Je ne sais pas ce qu’il faut souhaiter à Marc Caro, car il a au moins eu le courage de faire financer un film de SF en France. Oui mais... un bon si possible ? Allez, je sais que ça existe, quelque part !

  • Ciné d'Asie : The Host (2006)

    Un film de Bong Joon-ho

    4009524880_e38665ce67_m.jpgCaractéristique de la très haute qualité de films de genre produits par la Corée du sud, The Host déjoue toute classification rationnelle, slalomant entre les étiquettes. Cette histoire de famille confrontée à un monstre surpuissant provenu des profondeurs du fleuve Han, mêle ainsi comédie et drame (dans la même scène, au même instant), ainsi que pure action et, évidemment, film de monstre. Et quel monstre ! Sorti tout droit du studio Weta Workshop (qui a créé tout le bestiaire du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson), il est fabuleusement détaillé, ultra-réaliste dans ses interactions avec les êtres humains du film. The Host est donc un vrai film de monstres, héritier des Kaiju Eiga japonais et de Godzilla, son porte-étendard mondial. La façon de dévoiler le monstre en plein jour, dans des séquences où l’on peut clairement être témoin des dommages qu’il crée à l’environnement, ainsi que l’origine humaine de son caractère monstrueux (ici pollution via des produits hautement toxiques, hier fruit de la bombe nucléaire) crée un parallèle parfait entre les deux monstres.

    Dans The Host, les humains sont faillibles, pauvres loques qui deviennent drôles par leur évidente absence de maîtrise ; tout le monde trébuche littéralement, tout au long du film. L’anti-héros, sa famille (qui s’applique à tout louper aux moments in-opportuns), jusqu’aux figures de l’autorité -la poilante gamelle d’un chef de la santé publique qui se relève, fier comme un harpagon, les mains sur les hanches. Le monstre, dans un contre-pied total, est lui caractérisé par ses mouvements gracieux, qu’il se jette dans le fleuve par un plongeon retourné ou danse dans l'espace dans un superbe et singulier mouvement de balancier. Son habileté et l’harmonie de ses déplacements répondent à l’opposé de l’absurde bêtise de l’ouverture du film, qui signe la naissance du monstre : un déversement irraisonné de centaines de litres de produits toxiques.

    Outre un numéro d’équilibriste très réussi, le film compte également des moments de pause étonnants, comme celui où la famille, réunie dans une sorte d’abri, voit la fille du héros manger avec eux, alors qu’elle est portée disparue et que les membres de la famille sont justement réunis afin de la retrouver. Hallucination collective, partage d’un même rêve qu’on veut voir réalisé, cette séquence a une tonalité fantastique, tout en étonnant plus que la vue du monstre (qui est tout de même bien éloigné de notre expérience quotidienne de la réalité !). Le film est certainement plus profond qu’il n’y paraît grâce à l’enchevêtrement des traitements appliqués aux scènes, toutes en même temps.

    Dans le même temps, l’arc narratif autour de la propagation d’un virus inconnu, émanant soit-disant du monstre, rappelle une réalité présente aujourd’hui, la grippe H1N1. Toute l’atmosphère de psychose, que les populations asiatiques avaient déjà récemment connu avec la grippe aviaire, est ici amplifiée, et doublée d’un doute certain sur la véracité des informations communiquées par les médias ; c’est un signe des temps présent qui, ma foi, est tout à fait salutaire.

    L’originalité ira jusqu’au dénouement, lui aussi inattendu. Quand on apprend dans les bonus que l’inspiration du réalisateur est venue à la vision de Signes (M. N. Shyamalan, 2002), on réalise rapidement que l’élève rattrape son modèle, sans forcer et avec une classe inouïe.

  • Chasseurs de dragons (2008)

    Un film de Arthur Qwak & Guillaume Ivernel

    3999940953_2f0c16e335_m.jpgJ’aime le cinéma d’animation. L’univers de tous les possibles, qui a inspiré au cinéma de prises de vues réelles ses plus extravagantes visions, via les différentes possibilités de trucages qu’il permet. Quand on aime l’animation, on en peut que saluer la réussite évidente de ces Chasseurs de dragons, ambitieuse production hexagonale -adaptée d'une série d'animation- que j’avais trouvée originale et éminemment sympathique lors de sa projection en salles. Après quelques visions en DVD, voici la première en HD, grâce au blu-ray édité chez Bac Vidéo. Force est de constater que l’habillage visuel du film, tout en image de synthèse, trouve son juste écrin sur le support HD.

    Il serait dommage de réduire le film à une banale succession d’actions propres à mettre en valeur les chasseurs et leurs proies, comme le laisse entendre un titre par ailleurs trop passe-partout. Il se dégage du métrage une atmosphère beaucoup plus étrange et étonnante qu’on pourrait le croire, notamment par l’intermédiaire d’un décor tout bonnement fantastique, auquel échoue le premier rôle, loin devant tous les autres. Terre en apesanteur, bâtisses qui se délitent et dont les débris sont, eux aussi, soumis à une gravité particulière, entraînent le spectateur sur le sentier d’une poésie apocalyptique singulière. Le monde du merveilleux, dans lequel baigne le récit, trouve ici un digne représentant cinématographique français, occasion assez rare pour la signaler. Le visuel combiné des décors et d’un bestiaire fantastique foisonnant (la chenille, les effrayants "dragons gégènes", la nuée rouge, le dragon final) donne à voir une richesse et une finesse apportée au visuel comme rarement. De plus, la musique accompagnant les images possède un pouvoir évocateur certain, notamment lors d’un sublime passage mélancolique du groupe Jalan Jalan, aérien, accalmie au cœur de la tempête (de l’action, des mots, des monstres), petit joyau de relation image / son. Cette dernière me rappelle Ghost in the Shell de Mamoru Oshii (1995), où, après une première demi-heure très chargée en action, le major Kusanagi déambule dans les rues d’un Tokyo futuriste, au ralenti, épaulée par une musique au ton et objectif cinématographique similaires (même si les implications psychologiques sont différentes).

    Film d’images, Chasseurs de dragons est aussi fait de personnages et de mots. Personnages bien caractérisés, bien distribués (Vincent Lindon et Patrick Timsit sont parfaits), entre lesquels une vraie complicité voit le jour. Sans parler de la petite Zoé, contrepoint enfantin dans un monde de cupidité dont Gwizdo (Timsit) se fait le porte-parole ultime. Les phrases cultes s’entrechoquent ("Mais... reste pas à portée de vomi !" "Allez ! on va ramasser la caillasse à tonton !") dans une course au bon mot qui est remporté haut la main par Timsit -toujours lui- au mieux de sa forme. Son personnage, toute proportions gardées, ressemble à celui de Crapoux, que l’acteur incarnait dans Azur et Asmar (Michel Ocelot, 2006). Les lunettes à double foyer, ainsi qu’une forte attirance pour tout ce qui touche à l’argent, fondent les deux personnages.

    Même si l’histoire est relativement simple -deux hommes errants et une fillette vont tenter de terrasser le bouffe-monde, créature apocalyptique qui signe l’arrêt de mort prochain de toute vie-, l’amorce de mise en abîme est suffisamment suggérée (le héros de la jeune Zoé est Chevalier Gothique, dont les aventures et l’apparence sont assez similaires avec Lian-Chu, le chasseur de dragon), pas trop exagérée pour donner un vrai relief à l’ensemble.

    Film d’ambiance, c’est celle-ci qui nous emporte à la re-vision, Chasseurs de dragons se bonifie à chaque vision, ce qui semble indiquer que le duo de créateurs a réussi son pari en adaptant leur série d’animation pour le grand écran.

  • District 9 (2009)

    Un film de Neill Blomkamp

    3977437346_17f0f18f57_m.jpgSorti de nulle part, Neill Blomkamp voit son premier long-métrage produit par Peter Jackson, Monsieur Entertainment des années 2000. Le réalisateur néo-Zélandais voulait en effet produire un premier film et, ayant repéré les travaux de Blomkanp, spécialisé en effets spéciaux (séries télé, pubs), il lui a dans un premier temps proposer de réaliser l’adaptation convoitée du jeu vidéo Halo. Alors que la pré-production était bien engagée (essais de costumes compris), Universal et Fox, qui ont promis 120 millions de dollars de budget, font machine arrière. Le projet ne verra jamais le jour. Mais Peter Jackson, conscient du talent de son protégé, lui assure 30 millions pour réaliser le film qu’il veut. Ce sera District 9, inspiré du court métrage Alive in Joburg, que Blomkamp réalisa quelques années auparavant. Fruit d’une liberté artistique totale, film de science fiction à tendance politique (ou l’inverse), District 9 transforme-t-il l’essai ?

    Un vaisseau alien flotte au dessous de Johannesburg. Les extra-terrestres sont parqués dans des bidonvilles attenants, jusqu’à ce que les autorités décident, pour le confort de leurs administrés de délocaliser les intrus dans une zone... plus lointaine. En réalité, derrière tout ça se cache, entre autre, une société spécialisée dans l’armement, et les armes alien, logiquement surpuissantes comparé aux technologies terrestres, doivent être confisquées et étudiées.

    Le film se caractérise par son appartenance à la science-fiction : le vaisseau alien, les créatures, les technologies sont de tous les plans. Mais le film n’est pas que ça, et, dira-ton, pourrait faire l’impasse sur la science-fiction. En effet, la forme du métrage, sous forme de reportage, réellement filmé à Johannesburg, dans ce qui ressemble à de vrais bidonvilles, brouille les pistes entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est, malgré les extra-terrestres et leur caution de fiction. De mêmes, le film se veut une parabole non dissimulée sur le racisme, l’apartheid et les dérives du capitalisme. Un discours solide sur la relation humain / alien positionnent les hommes dans un rôle loin d’être engageant, tellement sûrs d’eux et de leur supériorité qu’ils ne voient pas venir l’inéluctable, et font l’impasse sur la nature de leurs invités. La logique narrative qui veut que le spectateur se place immanquablement du côté de l’opprimé, opère ici, ainsi se verra-t-on compatissants vers ces créatures qui ont pourtant tous les atours de la monstruosité.

    Au centre de l’histoire, un homme, Wikus, va subir une mutation extra-ordinaire, faisant lorgner le film vers le séminal La Mouche (1986) de David Cronenberg. L’accent est plus appuyé sur la relation d’amitié entre Wikus et un alien que sur les effets psychologiques sûrement dévastateur d’une telle mutation. Il serait long de faire la liste de tous les genres que brasse le film, qui, visuellement, demeure un vrai film de genre, entre science-fiction, fantastique et action. Les fusillades, combats, cavalcades, sont ici la norme, et nous font entrer de plain pied dans une zone de guerre. C’est sûrement là où le film manque d’équilibre, trop axé dans sa deuxième partie sur un enchaînement d’action non-stop, qui finit par tuer l’enthousiasme de la découverte d’un mélange nouveau, et sincère. Le réalisateur met en effet beaucoup de lui-même, et reflète la vie et le futur tel qu’il les voit, de façon plutôt sombre. Il met également ses connaissances en avant, à commencer par Shalto Copley, qui tient le rôle de Wikus. Personnel, District 9 révèle la patte d’un auteur, qui fait aussi état d’une trop grande dispersion dans la deuxième partie du film. Comme beaucoup de premiers films, il a voulu caser tout ce qu’il a toujours voulu  voir dans un film ; à l’image de Peter Jackson et de son King Kong (2005), Blomkamp est peut-être trop "généreux" dans ses effets, sans connaître de mesure. Qualité qui peut, comme ici, se transformer en défaut, tant on sortira du film en ayant l’impression d’avoir trop manger. Certains plats du menu, par contre, étaient exquis.

  • Les Indestructibles (2004)

    Un film de Brad Bird

    3951988907_ccaa1b2245_m.jpgNotamment assistant animateur pour Les Simpsons, Brad Bird, déjà réalisateur du Géant de fer (1999), ni plus ni moins qu'un des meilleurs films d'animation américain des années 90, se retrouve aux commandes des Indestructibles chez Pixar ; ce dernier étant à nos yeux le plus à même de représenter la versatilité géniale du talent de ce studio.

    Les Indestructibles n’est pas forcément le film préféré du jeune public, un peu long pour maintenir son attention, utilisant parfois des techniques inhabituelles (le simili-documentaire du début).  Il se veut l'alchimie de trois dimensions bien distinctes, tout à la fois film de super héros, film d'espionnage à la James Bond, et finalement irrésistible comédie.

    L'action et l'expression paroxystique des supers-pouvoirs forme le premier axe, pierre angulaire des autres dimensions. L'élasticité de la mère, que ce soit dans le cercle familial (la bataille des deux enfants autour de la table) ou professionnelle -elle se coince dans trois portes automatique d'un coup, l'action et le comique de répétition se rejoignant- y est pour beaucoup. De même, la super-vitesse de Dash, le fiston, est exploitée à plein potentiel lors de la course sur l'île -rappelant d'ailleurs la poursuite des droïdes à la fin du Retour du jedi. Sa folle fuite l'amènera à marcher sur l'eau ; son grand étonnement l'égard de cette prouesse allant de pair avec la nôtre. On repousse les limites, dans tous les domaines. La vitesse est figurée par un procédé de mise en scène classique, mais diablement efficace : la caméra qui suit le mouvement du jeune garçon allant toujours moins vite que lui, tout reste ainsi en mouvement l'intérieur du cadre, le garçon comme l'arrière-plan ; l'immersion dans l'action marche alors à plein régime. Le volet action s'enrichit d'ailleurs d'un véritable côté vidéo-ludique à la première personne, lors de cette course et des affrontements entre M. Indestructible et les machines infernales, créées par un mystérieux adversaire, ou encore pour cette course sur l'eau ayant des airs de Mario Kart. Ces actes surhumains sont orchestrés de bien belle façon en opérant un décalage entre la vie normale des héros - une loi les a obligés à arrêter leur activité de justicier, évidente influence Watchmenienne - et leurs exploits homériques. Dans la vie quotidienne, ils peuvent utiliser leur pouvoir sans le faire exprès, sans forcer, ce qui provoque déjà des différences flagrantes avec l'humain ordinaire, tel Robert Parr alias Mr. Indestructible, qui, dans un geste de colère, soulève sa voiture à mains nues, en référence à la première apparition de Superman de la revue Action Comics. Le décalage est exactement le même lorsque Dash veut faire du sport : avec sa vitesse, il peut battre n'importe qui, mais il doit maintenir des performances humaines faisables ; ce qui occasionne une séquence justement très décalée, dans laquelle le garçon varie sa vitesse selon les indications de ses parents, dans les tribunes. Lors de leurs vrais exploits là ils sont réellement surhumains, exploitant la pleine puissance de leur pouvoir. La marche sur l'eau justement, ou bien M. indestructible qui arrête un train. Ce décalage permet un vrai discours sur l'altérité et sur l'identité : on est qui on est, on est ce qu'on fait.

    2ème dimension, l’aspect espionnage, influence James Bond, est clairement mis en avant : le repaire secret, digne d’un Dr No, la sophistication des gadgets (mention spéciale à la porte sécurisée d’Edna), les paysages paradisiaques et, bien sûr, la musique ad hoc, inspirée en droite ligne des symphonies de John Barry. Mr Indestructible devient donc un agent en couverture, devant cacher à sa femme ses activités, roulant sur l’or et appréciant les excentricités que lui permet son nouveau train de vie. Le fil rouge du film  reste la mission secrète qui sort M. Indestructible de sa retraite forcée. Les exploits de M. indestructible dans la base sont spectaculaires, mais finalement logiques vu ses capacités. James Bond, lui, est tout autant un super héros indestructible (voir ses incroyables  prouesses dans toute la franchise), mais sa condition d'humain lui donne une connotation too much, qui se transforme dans Les indestructibles en comédie.

    En effet, les indestructibles est une comédie de situation, également comédie de gestes, exploitant ses personnages dans une dynamique familiale, proche de nous. La palme revenant au personnage d'Edna, la styliste ; l'excellent doublage de Amanda Lear fait des merveilles, en injectant au personnage sa patte hautaine. Sa performance est d'ailleurs très second degré ; en en rajoutant des caisses, elle ne fait qu'amplifier sa force comique. En réalité, toutes les autres dimensions du film participent à l'élan comique de l'ensemble. La dynamique familiale, liée à la force des super-pouvoirs de chacun, et à la mission secrète de M. indestructible, construit une architecture du rire tout simplement remarquable.

    Disons enfin deux mots sur les prouesses visuelles du film. Les textures sont extrêmement détaillées, plus que dans aucun autre Pixar auparavant. Les cheveux, l'eau, la glace ont un rendu photo réaliste bluffant. La gamme colorimétrique utilisée est très variée, et sa précision en fait un spectacle total.

    Oscar du meilleur film d'animation, les indestructibles n'ont pas volé leur titre. On les attend de pied ferme en haute définition.