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  • Annecy 2009 : courts métrages en compétition

    annecy09.jpgA quoi bon résider sur Annecy et ne pas assister à leur Festival du film d’animation de dimension internationale ? Cette année encore, le programme est plutôt alléchant : Coraline (Henry Selick, présent sur place) en compétition, Mary et Max (Adam Elliot), Ghost in the Shell 2.0, le film séminal de Mamoru Oshii, agrémenté de nouveaux effets spéciaux, ou Sword of the Stranger, prometteur film de sabre, bref, pour les longs, il y a de quoi faire.

    Les courts-métrages représentent cependant toujours le cœur de la manifestation, nous allons donc en rapporter quelques uns ici, vu dans le très bon programme Courts Métrages en Compétition n°3 :
    D’abord, impossible de faire l’impasse sur le magnifique Cat Piano. La rencontre d’Edgar Poe et du film noir, saupoudrée de l’esthétique de Guarnido pour la bédé Blacksad. Tourné en Cinémascope, la signature visuelle est très séduisante, misant beaucoup sur le clair obscur. Ambiance jazzy, quartiers chauds, le film déroule un feeling oscillant entre le cool et le macabre ; des chats se font enlever pour, peut-être finir dans le fameux Cat Piano, soit une machine infernale qui fait correspondre à chaque touche de l’instrument la queue d’un chat ; cette dernière est alors comme poinçonnée, et le chat de faire sortir toute sa gamme dans un miaulement qui glace le sang. Même si l’histoire aurait pu être plus complexe (l’affaire est close trop rapidement), on est vraiment devant un bon morceau de mise en scène ; de la belle ouvrage, sur la voix rauque de Nick Cave. En voici la belle bande annonce...

    Autre très bon cru de ce programme, le farouchement anti-capitaliste Train en folie, de Cordell Barker (Canada). Le train ne doit jamais manquer de charbon pour avancer, au mépris de toutes les morales, et au bénéfice unique des riches. Mais, alors que dans la vie, ces derniers en sortent toujours gagnants, remerciés en prime avec un sacré paquet d'oseille en poche, la justice divine du film d’animation leur rend ici la monnaie de leur pièce. Détonnant.

    Pour finir, The Tale of little Pupettboy, alias Sagan om den lille dockpojken, de Johannes Nyholm, pour la Suède. Ces aventures rocambolesques d’un jeune garcon solitaire sont désopilantes, trash, désolantes, bref. Et la version télé d’Ivanhoé, avec James Mason, a été partiellement recréée en images par images ! Il y a fort à parier qu’on retrouve l’un de ses trois films dans le palmarès, à voir...

  • Dossier : la cinéphilie et le DVD, partie 2

    Continuons notre exploration de la cinéphilie et du DVD, commencée >>ici :

    2. L’institutionnalisation française du cinéma

    a. La Cinémathèque Française
    Henri Langlois, avec l’aide de George Franju, crée la Cinémathèque Française en 1936. Il s’agit d’une association loi 1901, d’initiative privée mais soutenue par l’État, qui est son principal financeur (à hauteur de 80 %). Elle est le premier geste institutionnel de reconnaissance politique du cinéma en France. Elle a pour mission conservation et diffusion de films, qui représentent un ensemble de 40 000 métrages. La passion de Langlois et son initiative sont unanimement reconnues dans le monde cinématographique comme un immense pas en avant pour la reconnaissance de cette forme artistique.
    La Cinémathèque Française est pour beaucoup dans la constitution du goût cinéphilique. La valorisation de ses collections par des rétrospectives, sa programmation et ses éditions sont sans égal. Sans la Cinémathèque, la génération des jeunes-turcs des Cahiers du Cinéma n’aurait certainement pas vu le jour…

    b. Le Centre National de la Cinématographie

    Le CNC est un organisme public créé dans l’immédiat après-guerre, en 1947. Il est censé encadrer la production cinématographique nationale et la recenser. Il n’institue cependant dans un premier temps que le dépôt volontaire des films par leurs ayant-droits -les producteurs le plus souvent-, dans le souci de les protéger juridiquement. Le recensement sera donc d’abord partiel car facultatif. Alors que le copyright sur les œuvres filmiques aux Etats-Unis existe depuis 1912 (pour des raisons économiques), le dépôt légal français date de 1977. Dès lors, tous les films sortis sur le territoire seront répertoriés et conservés.
    D’autre part, le Service des Archives du film du CNC a été créé en 1969, après que Langlois ait été évincé de la Cinémathèque en février 1968. Ce pôle est un des hauts lieux de la restauration (environ 1000 œuvres par an), concernant les films bien sûr, mais aussi le non-film : affiches, scénarios, matériel publicitaire. Le cercle digne de restauration s’élargit. Le film, partie prenante dans ces autres dimensions, devient un véritable univers. Élément « solaire », il rayonne sur tous ses satellites qui forment finalement une galaxie-système indissociable.
    Nous sommes au cœur de la cinéphilie, mise en perspective permanente, qui touche à tous les domaines du film. Ici, la cinéphilie se comprend comme besoin de savoir (et d’avoir) l’annexe pour mieux connaître  le principal.

    La suite à télécharger >>ici

  • Spider-Man 2 (2004) contre Spider-Man 3 (2007)

    Deux films de Sam Raimi

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    Sam Raimi aura fait de très beaux morceaux de cinéma, au milieu d’autres beaucoup plus oubliables ; profitons de la sortie de son dernier film, Jusqu’en enfer, retour aux sources horrifique, pour brosser un tableau inégal de la suite que forme Spider-Man 2 et 3 ; le 2 incarnant la réussite la plus évidente autant que le 3 reste une grosse tâche sur l'édifice de sa trilogie. Depuis la sortie de son Evil Dead (1983), il a signé une œuvre fun, gore, follement inventive, parcourue de travellings monstrueux, d’effets grand-guignolesques (les Evil Dead justement, ainsi que son premier et génial film de super-héros, Darkman, réalisé en 1990), de purs moments de terreur, mais aussi de moments plus calmes étonnamment réussis (Un plan simple, 1998), pour le prix de films plus quelconques (Mort ou vif, 1995, Pour l’amour du jeu, 1999, Intuitions, 2000). Tout cela pour arriver à Spider-Man (2002), son rêve de fan-boy (et celui de millions de jeunes à travers le monde), premier épisode tout bonnement enthousiasmant, tant il donne corps à une vision définitive du personnage -et ce, malgré des problèmes réels, tel le costume peu réussi du Bouffon Vert, et à son interprétation sympathique mais, au demeurant, assez unilatérale.


    Conçu comme un grand ride de montagnes russes, à l’image des multiples ballades aériennes de son héros, relayé dans les moments dépourvus d’action par un humour ravageur, Spider-Man 2 a tout de la suite parfaite.  D’une façon amusante, il constitue souvent un remake du premier (comme l’était Evil Dead 2 pour son modèle), le tout en mieux. Les deux bad guys (Harry Osborn et Otto Octavius) sont tous deux des scientifiques qui pensaient œuvrer pour le bien de la communauté (activant comme toujours, il est vrai, ce bon vieux ressort du savant fou, nemesis tout trouvé des super-héros), on remplace la découverte de ses pouvoirs par Peter Parker par leur perte, ainsi que l’on retrouve le sauvetage dans l’immeuble en feu, etc. Mais le deuxième épisode adjoint à cette reproduction un supplément d’âme notable. Otto Octavius est ainsi un personnage traité plus en finesse, moins "méchant monobloc" que ne l’était Harry Osborn / le Bouffon Vert. Plein de bonté, mais aussi d’une réelle ambition, il sera pris en défaut par sa trop grande confiance en lui. La relation qu’il entretient avec Parker, pleine de respect, voire quasi-filiale, sous-tendait également le récit du premier opus.

    Alors que le deuxième épisode propose une confrontation simple mais entière entre deux personnages forts, avec quelques sous-intrigues aidant à faire rebondir les péripéties -pensons notamment au propriétaire de l'appartement de Parker et à sa fille,  terriblement attachants. De même, toutes les tentatives humoristiques sont réussies, même celles qui pouvaient être casse-gueule, à la limite ; représentative de cet état, la séquence musicale sur "Raindrops Keep Falling on My Head", de Burt Bacharach et Hal David, qui passe car le spectateur est cramponné au personnage, impliqué dans son envie de changement. Là, Spider-man 2 opère une mini-révolution, et est allé là où le premier film ne se serait jamais risqué, pour gagner le jackpot. Refaire cela dans l’énorme machine incontrôlable qu’est Spider-Man 3, c’était aller... trop loin. En effet, on retrouve une séquence analogue, qui arrive au même moment, lors d’une remise en question de la position de notre héros ; sauf que là, au milieu d’une musique aussi hors sujet que les déhanchements très "dancefloor-friendly" d’un Tobey Maguire en roue libre, on est obligé de lâcher totalement notre adhésion au personnage. La scission est consommée entre le spectateur et celui qui symbolisait sa prolongation fantasmée, faite d’un mélange subtil de force morale, de faiblesse surtout, ainsi que d’une certaine naïveté. Le 3 est d’ailleurs loin d’être fun, et c’est à mon sens ce qui plombe le film. A l’image de la lente voire quasi-impossible reconnexion entre Peter et Mary-Jane, tout, dans Spider-Man 3 est laborieux.
    Laborieux, la construction d’un scénario qui doit présenter autant de personnages importants (Sandman, Venom, New Goblin) qu’elle en oublie d’embarquer les spectateurs avec elle. Il est tout de même terrible de voir que Sam Raimi ne voulait absolument pas de Venom dans son film -il aura été obligé par le producteur Avi Arad-, et que ce dernier parasite littéralement tout le récit. Mais tout n’est pas la faute de Venom...

    Des éléments présents dans les autres films de la trilogie, sont renforcés ici et ce, pour un résultat n’appelant aucune réserve : navrant. La religion, chantre de la différence entre le bien et le mal (dans le premier film, la toute première réplique d’oncle Ben est bien "Dieu a dit que la lumière soit, et la lumière fut", cela ne passe pas inaperçu ; Tante May, plus tard, terrorisé par le Bouffon Vert, récitera un bon petit Notre Père de derrière les fagots, sans compter les multiples visites au cimetière accompagnées à chaque occurrence par un sermon sans équivoque), est bien plus présent dans le troisième opus, notamment à travers la séquence dite "de l’église", où le pauvre Eddie Brock vient se repentir de ces péchés (une photo retouchée sur Photoshop pour gagner une place de salarié dans le Daily Bugle... non mais ! ), et où il sera contaminé par le symbiote.

    De même, le patriotisme se fera plus exacerbé dans le 3, à coup de drapeaux américains plantés un peu partout, et de cette foi indéfectible en la puissance de celui qui vient sauver tout le monde (qui a dit interventionnisme ?). Ne surnage finalement dans cette bouillie bien-pensante que la naissance du Sandman, en plan-séquence entièrement numérique mais tout à fait touchant. Le passage semble le seul à avoir survécu à la tornade de Venom, qui semble bien avoir été le déclencheur d’un film-monstre, loin de la réussite éclatante du deuxième épisode. Alors, vive les suites ! (enfin, ça dépend lesquelles).