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Le loup-garou (1941)

Un film de George Waggner

La Universal a construit en quelques années son image de pourvoyeur en films d'épouvante fantastique et gothique, sous la houlette du jeune Carl Laemmle Jr. S'enchaînent alors à une allure de croisière les classiques du genre "films de monstres" : DraculaFrankenstein, La Momie, L'homme invisible, ... puis ce Loup-garou qui, s'il n'est pas ni le plus célèbre ni le plus réussi du lot, est tout de même franchement fascinant.

A l'inverse des fameux films pré-cités, le loup-garou n'est pas issu d'une œuvre littéraire ou inspiré d'une actualité de l'époque. Le scénariste Curt Siodmak (frère de Robert), s'inspirant du cycle des Universal Monsters et met sur le devant de la scène la créature du loup-garou, mi-homme mi-loup, alors totalement méconnu aux Etats-Unis. En piochant dans les différents mythes, et en inventant certaines caractéristiques, Siodmak façonne ainsi la vision moderne du loup-garou, qui prévaut depuis lors. Ainsi, si un homme se fait mordre par un loup-garou, il se transformera en monstre à la prochaine pleine lune. Sous sa forme bestiale, il est assoiffé de sang, et uniquement une arme en argent peut en venir à bout. La phrase, assénée à trois reprises au début du film tel un ancien proverbe, "Même un homme au cœur pur, qui dit sa prière tous les soirs, peur se transformer en loup lorsque fleurit l'aconit et la lune est pleine", est  une totale invention du scénariste. Le personnage principal, par ses transformations et sa conscience de son alter-ego monstrueux, rappelle la dualité de Docteur Jekyll et Mister Hyde, mais aussi Dracula.

Même si Le loup-garou est le film qui marqua un nouveau départ pour le monstre poilu, il n'est pas le premier film consacré à la lycanthropie par la Universal. Six ans plus tôt, Stuart Walker réalise Le monstre de Londres (Werewolf of London), avec Henry Hull dans le rôle-titre. Les prémisses du projet remontent même à 1932, et le film devait être réalisé par Robert Florey, candidat malheureux à la réalisation de Frankenstein. Le projet était fait pour Boris Karloff, triomphant alors dans les rôles de monstres, mais l'agenda de l'acteur britannique affichant complet, cela tourna court.

bela.jpgPour la version de 1941, Universal table sur les valeurs sûres : Claude Rains (L'homme invisible), Bela Lugosi (Dracula) ou encore Lon Chaney Jr., qui vient de connaître le succès avec l'adaptation du Livre Des souris et des hommes, réalisé par Lewis Milestone. Il est intéressant de voir à quel point la tragédie du loup-garou entre en écho avec la carrière délicate de Lon Chaney Jr. : des débuts avortés, puis dans l'ombre de son père, "l'homme aux mille visages", de sérieux problèmes d'alcool et, globalement, une filmographie marquée par la série B. Son dernier film sera tout de même un moment de cinéma très surprenant et bien ficelé, à savoir le Spider Baby de Jack Hill.

La jeune Evelyn Ankers trouve ici un beau rôle, elle qui connaître presque toutes les franchises des Universal Monstres, puisqu'on la retrouve ensuite dans Le spectre de Frankenstein, Le fils de Dracula, La revanche de l'homme invisible. Les amateurs d'aventures de Sherlock Holmes la retrouve également dans la série de films avec Basil Rathbone et Nigel Bruce : Sherlock Holmes et la voix de la terreur et La perle des Borgia

On peut trouver le casting étonnant, surtout concernant la relation père / fils entre Claude Rains et Lon Chaney Jr. Chaney le colosse ne semble pas avoir grand chose en commun avec le menu Claude Rains. Cette relation est néanmoins le pivot du film : ce fils, revenu d'Amérique, renoue avec son père. Le jeune Larry Talbot incarne une certaine modernité qui retourne dans une régions d'"arriérés" (C'est papa Talbot qui le dit !). Le film est tourné dans le "village européen", une partie des studios Universal qui a accueilli au fil des ans tous les films fantastico-gothique de la firme. Dans cet espace indéfini pouvant très bien figurer l'Allemagne, la Suisse ou la campagne anglaise, les personnages semblent hors du temps. Si la localité n'est d'ailleurs jamais précisée dans le film, les scénarios successifs placent l'intrigue dans le pays de Galles.

Le film, toujours assez court, dans la tradition des Universal Monsters, fait preuve d'une très belle facture, notamment grâce à la photographie très contrastée de Joseph A. Valentine. Côté technique, tous les cadors sont là : John P. Fulton aux effets spéciaux optiques, qui produit d'ailleurs une jolie scène de transparences successives figurant un cauchemar de Larry Talbot; aux maquillages, Jack Pierce, qui conçoit l'apparence du loup-garou. L'équipe conçoit donc un vrai spectacle A, malgré quelques faux-raccords et incohérences (un télescope, installé au grenier à l'horizontale, donne directement sur la grande rue). 

Dans le prolongement de la relation père-fils, Le loup-garou comprend une forte dimension psychologique, typique de l'Hollywood des années 30-40. Ainsi, alors que Larry Talbot se transforme régulièrement en loup-garou, des médecins avancent qu'il délire, que son esprit imagine ces transformations, avançant ainsi une explication psychanalytique à la lycanthropie. Dans de nombreuses versions antérieures du script, la question n'est d'ailleurs jamais levée si, oui ou non, le personnage principal invente son affection, ou si elle est bien réelle... La trajectoire tragique du personnage ne finira cependant pas à la fin du Loup-garou : contrairement aux autres suites des Universal Monsters, qui ont souvent eu des acteurs différents, Lon Chaney Jr. est le seul Larry Talbot, et il aura quatre autres occasions de le prouver, à suivre sur Le film était presque parfait !

Disponibilité vidéo : Blu-ray zone B - éditeur : Universal Pictures Video

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