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  • Le cirque des vampires (1972)

    Un film de Robert Young

    14434276945_fbbc7cd779_m.jpgRessorti récemment en DVD et Blu-ray, cet Hammer Film est étonnant à plus d'un titre ; ce film de vampires atypique mêle malédiction, transformations d'hommes en animaux, inceste, meurtres d'enfants, et possède une charge érotique très prononcée. Ce dernier point est devenu coutumier de la Hammer des années 70, bien plus permissive dans ce registre.

    Le comte Mitterhaus, vampire de son état, attire à lui les femmes du village, qui succombent visiblement les unes après les autres. Excédés, les villageois l'exécutent, le vampire ayant juste le temps de jeter une malédiction sur le village. Quinze ans plus tard, alors que le village est décimé par une épidémie, un cirque s'y installe. Il s'agit en fait de vampires, ou de leurs alliés, qui viennent venger et faire renaître le vampire disparu...

    La trame rappelle celle d'un roman de Ray Bradbury sorti quelques années auparavant, La foire des ténèbres (Something Wicked This Way Comes), par ailleurs adapté au cinéma par Jack Clayton en 1983. La séquence pré-générique du Cirque des vampires constitue un petit film à elle seule, contenant tout ce qui fait le mythe vampirique : la cruauté, la séduction, le sexe débridé, la colère des villageois et leur vengeance aveugle. Emportés par leur rage, ces derniers ne semblent d'ailleurs pas meilleurs que le vampire qu'ils pourchassent.

    Le film repose sur un nombre de décors très restreints, pour la plupart réutilisés de précédents films (La fille de Jack l'éventreur, Peter Sasdy, 1971 et Les sévices de Dracula, John Hough, 1971) ; pour autant, cela ne gêne pas la vision du film, et les libertés de mise en scène autorisées à Robert Young pour son premier long-métrage de fiction sont payantes : tournage au ralenti, cadrages étudiés, sont là pour varier l'image. L'ambiance particulière du film provient aussi d'un dommage collatéral : Robert Young, ayant épuisé son planning de tournage de six semaines, demande quelques jours de plus, qu'il n'obtient pas. Quelques plans manquent donc, et plongent certaines séquences dans un onirisme nébuleux, comme la traversée du miroir, ou l'identité de la maîtresse du cirque (Adrienne Corri, qui joue l'année précédente la femme aux chats dans Orange mécanique, Stanley Kubrick, 1971).

    Le cirque des vampires, itération singulière du vampire made in Hammer, est un des derniers beaux films de la firme dans cette décennie 70, qu'Elephant Films nous donne une bonne occasion de redécouvrir.

    Disponibilité vidéo : Blu-ray / DVD - éditeur : Elephant Films

  • Maps to the Stars (2014)

    Un film de David Cronenberg

    14405904103_8f035b9620_m.jpgDès les premières minutes du dernier film de Cronenberg, je me suis rappelé Cosmopolis (et les quinze minutes que j'ai tenu avant d'éteindre le poste) : limousine + Robert Pattinson + dialogues abscons = Maps to the stars. Si ce dernier n'est toutefois pas totalement comparable à la purge Cosmopolis, il ne raconte cependant rien de transcendant, les interminables névroses d'acteurs ayant été le sujet de bien des (télé)films. Tout au plus guetterons-nous l'apparition de Carrie Fisher, qui reviendra bientôt rejouer son rôle historique de Princesse Leia pour le bonheur des fans de Star Wars.

    C'est d'autant plus rageant que, pris individuellement, chaque acteur tire son épingle du jeu : Julianne Moore, qui tient là son prix d'interprétation décerné à Cannes 2014, mais aussi John Cusack, Mia Wasikowska (à qui on donne malheureusement toujours le même rôle à jouer), la rare Olivia Williams et même Evan Bird, l'enfant acteur. Le cynisme et les extrêmes ne surprennent plus personne quand on parle de l'usine à rêves, mais l'on sent que Cronenberg s'offre là une croisade toute personnelle, dégoûté qu'il est de l'ambiance mortifère qu'il semble y rencontrer. Ce film sur le cinéma joue un énième jeu de miroirs entre sa forme et son contenu, son contenu et l'objet-même qu'il représente. Certes, le film est cérébral, mais son histoire est cent fois vue. L'emballage pourrait être une raison d'aimer le film, mais là encore, alors qu'on connaît l’œil esthète de Cronenberg et son travail méticuleux sur les costumes et la photo, on est ici pas loin d'un Direct to Video de luxe : photo très banale, direction artistique aux abonné absent.

    Une scène surnage tout de même, par sa cruauté et le jeu incroyable de Julianne Moore : alors que son personnage a raté un rôle qu'elle attendait depuis des lustres, elle apprend que l'actrice choisie ne pourra finalement pas jouer à cause de la mort accidentelle de son petit garçon, qu'on a croisé dans une scène précédente. Entre le rire et les larmes, Julianne Moore se met à entamer une danse de joie horrible face à cet événement qui la remet en selle pour l'obtention du rôle.

    On reviendra à Cronenberg, c'est sûr : celui qui nous a jadis estomaqué avec Videodrome, Chromosome 3 ou encore eXistenZ. Mais ses deux derniers essais ratés ne donnent pas de bons signes pour le futur...