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  • Hommage à Satoshi Kon (1963-2010)

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    C’est quand même un monde. Depuis la création de ce blog en novembre 2008, j’avais défini certaines choses que je désirais y faire partager : des critiques de films, mais aussi des dossiers sur le cinéma, histoire de théoriser un peu, d’organiser des ponts entre les films, entre les gens, entre les thèmes, pour dessiner l’histoire du cinéma que j’aime. Puis, j’avais en tête des thèmes plus précis : un dossier sur Stanley Kubrick, délaissé il y a bien longtemps après la première partie : je m’y remettrais peut-être, bien que beaucoup de choses ont déjà été dites sur le plus grands parmi les grands…

    Et puis, j’avais en préparation en dossier sur Satoshi Kon, le réalisateur japonais à l’origine de Perfect Blue. J’en parlais dans cette note récapitulative, il y a quelques mois. J’attendais le bon moment, désireux de me replonger dans une filmographie exemplaire, toute entière centrée sur le flou entre rêve et réalité, où les personnages semblent constamment perdus entre un monde onirique et une réalité brutale. J'étais en train de découvrir sa série d'animation Paranoïa Agent, dont les premiers épisodes sont tout bonnement hallucinant... Et puis vlan, patatras : j’apprend avec grande tristesse que non, il n’y aura plus de nouveau film de Satoshi Kon. Comme beaucoup, c’est un cancer qui l’emporte à l’âge de 46 ans… Il avait d’autres visions à proposer, c’est une évidence. Il s’était visiblement attaché, pour son dernier projet non-abouti, à parler à une génération plus jeune que ces précédents travaux : pourquoi pas, j’attendais son nouveau travail avec impatience, plus que celui d’un Mamoru Oshii.

    Perfect Blue (1997) m’avait épaté, Paprika (2006) m’a littéralement cloué au siège ; Tokyo Godfathers (2003) est d’une beauté sentimentale et sociale à tomber, de même que Millenium Actress (2002), pourtant inédit en salles ; tout comme l’omnibus Memories (1995), dont il a scénarisé le meilleur segment : La rose magnétique, hommage au 2001 de Kubrick… Voilà, c’est ainsi. On pourra toujours revoir ces quelques films (et relire ses mangas qui sortiront peut-être en France ?) qui, je pense, prendront beaucoup de valeur avec le temps. Un temps qui ne semblait pas presser Satoshi Kon, lui qui peaufinait encore et encore ses storyboards, causant l’ire de ses producteurs. Ce temps qui a finit par le rattraper, bien plus tôt que d’autres ; faîtes de beaux rêves, M. Satoshi Kon… Il est temps de proposer ce travail sur son oeuvre : à suivre en septembre.

  • Ciné d'Asie : L'île de la bête (1978)

    Un film de Chu Yuan

    4925278619_e2b1bcbb7e_m.jpgPour qui connaît la sensibilité hors normes de Chu Yuan au sein de la Shaw Brothers, L’île de la bête recèle des mêmes qualités, et d’autres peu vues chez le cinéaste. Depuis La guerre des clans (1976), premier film du cycle Gu Long -romancier à succès oeuvrant dans le genre aventures / fantasy / arts martiaux-, on a découvert le style inimitable de Chu Yuan : esthétisme poussé à son paroxysme, intrigues à tiroirs, bref une sorte de rêve éveillé qui frappe à chaque fois par son empreinte visuelle.

    Et c’est tout cela que l’on retrouve dans L’île de la bête, agrémenté d’un agréable parfum de surnaturel. En effet, une petite troupe se dirige vers la mystérieuse île, tous ayant de très bonnes raisons de faire le périple annoncé : retrouver un père disparu, oublier un passé de violences, ou accepter une mission pour sauver une jeune fille : c’est le choix qu’a fait Chu Liu-hsiang (Ti Lung), héros proclamé du film mais qui, finalement, se retrouve intégré dans une dynamique de groupe assez inhabituelle ; les films de la Shaw mettant souvent en scène des guerriers solitaires dont les alliances ne dépassent pas une ou deux personnes. Maître des arts martiaux, il aura fort à faire avec les différentes épreuves qui l’attende sur l’île.

    Le film est conçu comme une succession de pièges, de trahisons, de découvertes, bref lorgne vers le pur film d’aventures en mettant de côté l’aspect purement martial (une constante chez Chu Yuan, de toute façon plus intéressé par une dimension plus universelle donnée à ses intrigues). Voir le voyage en bateau qui permet d’accéder à l’île, permettant de faire connaissance avec les personnages et définir les rapports de force entre eux. Le groupe, composé de personnalités bien distinctes, est bien caractérisé et l’attachement aux personnages est réel ; malgré les différentes couches d’intrigues, elles sont ici quelque peu simplifiées dans un souci de clarté narrative qui donne un ton étonnant au film, le rapprochant d’un film américain d’aventures de groupe. Les passages dans la grotte de glace notamment, avec la notion de progressions obligatoire et de sacrifices, sont très réussis d’un point de vue narratifs et dotés d’un cachet visuel typique. Eclairages presque fluo, sources de lumière irréelles, on nage en plein délire (contrôlé), pour une très bonne surprise à l’arrivée.

    Unique par son côté fantasy, le film offre un moment soigné, dépaysant et un peu fou, dévoilant aussi son tribut au cinéma américain. S’il n’est pas le meilleur de son auteur (on ira chercher pour cela vers Intimate Confessions of a Chinese Courtesan, Le sabre infernal ou Le poignard volant, qui offrent d’ailleurs des formes plus classiques du cinéma de cape et d’épées chinois, le wu-xia pian.