Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sherlock Holmes : Echec à la mort (1943)

Un film de Roy William Neill

4584281589_9c3f032933_m.jpgLe réalisateur attitré de la saga bifurque de bien belle manière avec le sixième opus que constitue ce Sherlock Holmes Faces Death ; d’une orientation espionnage, nous voilà revenu à un whodunnit de la plus belle eau, où les cadavres s’amoncellent inexpliquablement. D’un récit situé à l’époque contemporaine du tournage (1943), Echec à la mort esquive le fait en beauté pour nous offrir un huis clos dans une demeure ténébreuse faite de recoins en tous genre, de passages secrets, de fantômes, de rafale de vent dans les rideaux et de personnages dérangés. Roy William Neill laisse également de côté certains de ses tics de mises en scènes pour quelque chose de plus classique, plus juste par rapport au matériau, le rendant irrésistiblement envoûtant.

Le film est adapté d’une nouvelle de 1893 de Conan Doyle, Le rituel des Musgrave ; adaptation qui surprend par sa (relative) fidélité, compte tenu des épisodes précédents. Mieux que cela, les ajouts et modifications apparaissent cinématographiquement stimulants. Conformément au récit original, on retrouve Brunton, le majordome des Musgrave, dont le penchant pour l’alcool va précipiter le licenciement (c’est pour excès de curiosité sur des documents familiaux que la même sentence lui est édictée dans la nouvelle). Qu’est-ce donc que ce fameux rituel ? Un mystérieux poème que doivent déclamer les héritiers de la famille Musgrave, sans toutefois en saisir aucune signification pertinente.

Le manoir Musgrave sert de centre de repos pour les soldats, ce qui en fait une sorte d’asile où chacun a son petit grain de folie douce : l’un d’eux démêle continuellement une pelote de laine, un groupe se prend de passion pour les écoutes clandestines... Il y règne donc un subtil parfum de démence générale. Comme contaminée par l’ambiance, l’horloge du manoir sonne parfois treize coups, annonciateurs d’un meurtre dans les heures qui suivent. Le procédé rappelle Sherlock Holmes et la voix de la terreur et son triste air à la flûte, qui semblait présider à la destinée funeste des personnages. J'aime bien le titre français, considérant la mort comme un personnage à part entière, celui qui fait sonner ces treize coups et dont le plan ne semble pas pouvoir dévier...

Si, dans la nouvelle, le morceau de bravoure est une remarquable course d’indices sur la propriété des Musgrave, provoquée par le texte du rituel, le film se concentre sur la valse des suspects, dont certains perdent la vie en cours de route. L’explication des strophes du poème (par ailleurs totalement différent du livre) n’est pas pour autant laissée de côté ; une partie d’échec à taille humaine apporte un cachet visuel réjouissant à la séquence. La chasse à l’indice est cependant pour Holmes une route toute tracée, qui ne laisse pas de place au doute. Une autre belle séquence est celle du corbeau de l’auberge qui est sensible à l’odeur du sang, désignant dans son vol une proche victime : belle et sordide idée.

Autre grande différence d’avec le film, la nouvelle prend pour une fois Sherlock Holmes pour narrateur, en lieu et place de son compère Watson. Le récit prend racine dans les dernières années de Sherlock Holmes et, Watson croyant tout savoir des enquêtes de son ami, découvre que des affaires antérieures lui sont restées inédite. Ce changement de dynamique bouleverse judicieusement le canevas type d’un Sherlock Holmes, pour devenir une des meilleures nouvelles du canon Holmésien. Et, une fois n’est pas coutume, le film lui emboîte le pas comme l’une des plus belles réussites cinématographiques dédiées au détective.

Précédents films chroniqués :
Le Chien des Baskerville partie 1 et 2
Les aventures de Sherlock Holmes
Sherlock Holmes et la voix de la terreur
Sherlock Holmes et l'arme secrète
Sherlock Holmes à Washington

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel