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2010's - Page 7

  • Gravity (2013)

    Un film d'Alfonso Cuarón

    10590136436_5e85dfd133_m.jpgCuarón est un cinéaste au parcours décidément étonnant : débutant la mise en scène par des contes pour enfants et une comédie remarquée (Y tu mam tambien, 2001), il enchaîne par un Harry Potter (le prisonnier d'Azkaban, parmi les meilleurs de la saga), un film d'anticipation qui accède instantanément au statut de grand classique (Les fils de l'homme, 2006). 7 ans après son dernier film, il débarque avec une aventure spatiale ébouriffante.

    Véritable défi aux effets spéciaux d'aujourd'hui, Gravity se présente d'abord comme le film high-tech par excellence. Simulation d'apesanteur, plan-séquences à répétition, c'est une prouesse technique. Mais pourquoi est-ce aussi une petite révolution, comme on a pu le lire ici ou là ? Car, à proprement parler, Gravity n'est vraiment un film, en tout cas pas dans l'acception la plus couramment usitée. Il s'agit en fait d'une sorte d'attraction, de "film dont vous êtes le héros", de "film pour Futuroscope" extraordinairement réussi. Expliquons-nous : la quasi-totalité du métrage se situe dans l'espace, avec deux personnages (interprétés par Sandra Bullock et George Clooney). Suivant un canevas aussi simple qu'efficace qu'une suite ininterrompue de catastrophes, le spectateur est littéralement au milieu du champ de bataille spatial, avec les acteurs. Les sensations, dès lors, sont viscérales, et dépassent souvent le regard légèrement distancié avec lequel on regarde habituellement un film. L'expression "être dedans" prend ici tout son sens.

    La performance de Sandra Bullock ensuite, assez inédite, est remarquable ; et, malgré le sentiment que l’amoncellement de péripéties en rajoute un peu trop (qui rappelle d'ailleurs la progression des jeux-vidéos), on ne peut qu'être happé par les événements qui semblent "nous arriver". C'est là, à mon sens, que la réussite du film est la plus évidente. Et c'est le premier film que je recommande à tous de visionner en 3D, la 2D risquant de faire perdre une bonne partie de cette immersion inédite. Je me demande d'ailleurs comment le film va s'en sortir sur nos écrans domestiques, aussi grands soient-ils... Non, on ne nous a pas menti. Gravity est une véritable aventure à la première personne, à ne pas rater au cinéma !

  • Kick-Ass 2 (2013)

    Un film de Jeff Wadlow

    9710464564_77330c68a1_m.jpgAprès la réussite incontestable du premier film réalisé par Matthew Vaughn et sa fin très ouverte, tout était en place pour une suite attendue. Vaughn n'étant pas fan de la répétition, il laisse la place à Jeff Wadlow, ici réalisateur et scénariste. Avec la quasi-totalité du casting d'origine, nous voici de retour dans le monde barré de Kick-Ass, qui, s'il n'est pas un super-héros à proprement parler (pas de super pouvoirs à l'horizon, ni d'artefacts proprement liés au fantastique), il y ressemble diablement... sauf que, la plupart du temps, ce sont les méchant qui lui "bottent le cul".

    La suite... devenue pratiquement un genre à part entière, que l'exercice est périlleux ! On compte bien plus de plantages désastreux que de réussites, dans un temps où la pratique se multiplie plus vite que les Gremlins après un bain de minuit. Rien que ces dernières années, Iron Man 2 et Sherlock Holmes : Jeux d'ombres étaient venus confirmer le statut accidentel de la réussite de ces deux franchises. A ce stade, disons-le tout net : Kick-Ass 2 s'en sort franchement mieux, en gardant des éléments primordiaux de la réussite du premier opus, en faisant évoluer les personnages (et surtout celui de Mindy / Hit Girl) de façon convaincante. 

    Les premières minutes offrent un rappel de certaines scènes cultes du premier (Mindy qui se fait tirer dessus par son père, l'arrivée à l'école) pour décoller au quart de tour tout de suite après. Si Mindy fait toujours usage d'un langage de charretier et Dave / Kick-Ass a toujours autant la loose -mais avec du courage !-, l'action se fait plus présente, notamment par l'intermédiaire des deux armées qui se font face : celle des héros de Justice Forever, groupe fondé par le Capitaine Stars and Stripes (Jim Carrey, méconnaissable et absolument excellent), et celle des grands méchants du Motherfucker, dominée par une bodybuildeuse russe tout simplement surhumaine ! La Mother Russia envoie par exemple une dizaine de flics au tapis en quelques minutes grâce à un attirail tout à fait improbable (dont une tondeuse à gazon), et donc jouissif.

    Kick-Ass 2, c'est dont Kick-Ass avec plus de tout : de personnages, de combats, de grossièreté, de musique. Mais la vraie bonne orientation -qu'il aurait été difficile de rater- est de faire de Mindy la véritable héroïne de l'affaire. Détonante dans le premier, Chloe Grace Moretz est ici attachante et très .. Hit Girl, avec le meilleur passage du film à son crédit : la révélation qu'une fille de 15 ans reste, malgré tout le conditionnement possible, une fille de 15 ans...

    Très bon divertissement qu'on attendait pas à ce niveau, Kick-Ass 2 reçoit haut-la-main la médaille de la meilleure suite de films de super-héros depuis The Dark Knight (Christopher Nolan, 2008)... C'est dire !

  • Star Trek Into Darkness (2013)

    Un film de J.J. Abrams

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    Il aura finalement fallu attendre 2013 pour que je voie mon premier Star Trek sur grand écran ! Pourtant, c'était loin d'être gagné : le faux reboot / remake de Abrams m'avait bien déçu lors de son visionnage en DVD. J'y allais donc un peu à reculons, mais, dans le même temps, un space opera comme Star Trek doit être vu au ciné... Dont acte.

    Abrams est aujourd'hui le cinéaste geek par excellence, ses films ayant pour l'instant toujours trait à une culture populaire furieusement eighties. Super 8 rappelle les films de jeunes à la Goonies, Mission impossible III (le moins réussi) s'inscrit dans une lignée de séries de films conséquentes ; tout comme Star Trek, et bientôt Star Wars. En fin connaisseur de la mythologie, soucieux à la fois de satisfaire les fans de la première heure comme les jeunes générations qui ne connaissent que Star Trek de réputation (et souvent de pas très bonne réputation), il trousse un actioner et un blockbuster tonitruant, qui ne cache cependant pas son manque de qualité de mise en scène. La caméra bouge, tout le temps, très vite, sans doute prise par l'urgence de donner un résultat remuant pour une saga qui est souvent clouée au pilori pour sa lenteur. De ce côté-là, rien de transcendant, aucune scène ne se détache de l'ensemble, et, sera-t-on tenté d'affirmer, ne restera dans les annales. Pour autant, cela se suit sans déplaisir.

    Il est étonnant de voir que, dans son exercice périlleux de ni-suite-ni-remake-ni-reboot, le film se cale dans la trace du deuxième film de la saga cinématographique des années 80, lui-même faisant explicitement référence à un épisode de la série TV originale. Là où étrangement le film marche le mieux, c'est dans son attitude à constamment regarder dans le rétroviseur sans lâcher le néophyte. Comme si aucun film Star Trek ne pouvait exister sans invoquer la sacro-sainte mythologie originelle. Est-ce uniquement pour flatter le geek ? Pour le coup, je ne le crois pas; cette dimension est réussie, tout comme son méchant, joué par un Benedict Cumberbatch très charismatique (le plus marquant du film, très certainement).

    Autrement, j'ai toujours autant de doutes quant à Chris Pine -Capitaine Kirk-, qui se résume à une tronche de yankee joufflu qui a beaucoup de mal à jouer. La position de Spock -Zachary Quinto- est plus jouissive, dans son détachement constant aux événements extérieurs ; les meilleurs scènes sont souvent pour lui. Dans les rôles secondaires, Simon Pegg est assez bon, même s'il perd un peu de son naturel en voulant calquer son accent sur le Scotty original (même reproche, en pire, pour le pauvre Anton Yelchin, roulant les R comme une caricature de Russkov).

    Si le scénario brille par certains détours assez complexes, la facture visuelle est commune à des pelletées de blockbusters inondant les écrans chaque été. Beaucoup de gros plans, jamais une séquence très composée graphiquement, mais malgré tout un tempo appréciable, qui ménage quelques pauses au milieu du déchaînement pyrotechnique à l’œuvre (le scène Kirk / Spock dans la dernière partie, même si le fan reconnaîtra la même scène dans La colère de Khan, simplement inversée). Donc, pour l'instant, peu de preuves du talent de Abrams, si ce n'est en terme marketing. Les intentions sont bonnes, l'exécution moins convaincante, même s'il donne du spectacle. Concernant son prochain film qui sera d'ores et déjà le succès de l'année 2015, on l'attend au tournant, sans beaucoup d'exigences toutefois...

    Source image : Star Trek into Darkness © Paramount Pictures

  • Django Unchained (2012)

    Un film de Quentin Tarantino

    8522239378_685868f03f_m.jpgUn film de Tarantino, aujourd'hui, c'est un peu un genre en soi ; quand on va voir "un Tarantino", peu importe de quoi ça parle, ni de quel genre il s'agit. On sait qu'on va retrouver un monde bien particulier, peuplé de personnages truculents, débitant du dialogue intelligent à tour de bras, sur une musique furieusement in ; sans oublier la maîtrise du cadre, toute cinéphile, du jeune Quentin (qui a pris un peu depuis, question âge et tour de taille).

    Pour autant, on perçoit une mutation sensible dans le cinéma du bonhomme. Axé sur le brutal, les images-chocs (Reservoir Dogs, Pulp Fiction), ses histoires étaient ramassées autour d'éléments micro-historiques. La petite histoire de gangsters (Pulp Fiction), une quête de vengeance toute personnelle (Kill Bill vol.1&2), la vie chaotique d'une hôtesse de l'air (Jackie Brown). Depuis Inglorious Basterds, ces destinées individuelles croisent la grande histoire : la seconde guerre mondiale et la lutte contre les nazis, puis aujourd'hui l'esclavagisme ; grande histoire dans laquelle les personnages principaux cherchent (et obtiennent) une revanche toute uchronique. Cette uchronie donne un ton inédit au cinéma de Tarantino : celui d'une tordante comédie, qui s'accommode de séquences humoristiques presque sitcosmesques. Brad Pitt qui baragouine de l'allemand dans Inglorious Basterds, ici une chevauchée de membres du Ku Klux Klan ou Django, "lhomme trop bien sapé", sans parler des effets dévastateurs des armes du duo de chasseurs de primes : les victimes sont projetées comme si elles étaient percutées par un train. Enfin, pas toutes, les vrais méchants ne meurent qu'avec un miniscule trou rouge qui s'agrandit fort peu, et en silence. Tarantino, réalisateur de comédies ?

    A la violence viscérale des débuts, les excès d'aujourd'hui accompagne cette comédie. Auparavant douloureuses, les exécutions revêtent des atours séduisants, repeignant les murs à la façon d'un Pollock. Le cinéma de Tarantino apparaît aujourd'hui comme plus rangé, plus plaisant, plus grand public. Rien d'étonnant à ce que son dernier opus soit également son plus grand succès : Tarantino, parti de la périphérie, a rendu ses excès mainstream. Ou bien, c'est le cinéma mainstream qui s'est emparé des codes de violences made in Tarantino.

    Django est donc un jouissif mélange des genres, habité par ses personnages (excellent Christoph Waltz, qui n'a pas volé son oscar, mais n'oublions pas Jamie Foxx, très bon en esclave vengeur). L'ampleur est véritable, et la touche Tarantino toujours présente. Existe-t-il pour autant une recette miracle, une formule clé en main ? La réussite de ses films recoupe un ensemble de choix pertinents, en plus du talent indéniable du cinéaste. Le casting, la musique, la maîtrise de la narration, importe ici plus que la simple originalité de l'histoire. Mais, plus que tout, c'est la personnalité de Tarantino qui se détache de l'ensemble. La séance de cinéma devient une rencontre privilégiée avec son auteur. Correspondant en tous points à la fameuse politique des auteurs développée par Truffaut dans les années 50, on ne s'étonne pas non plus du grand succès de Tarantino dans l'hexagone : il plaît, autant au public qu'aux élites (aux dernières nouvelles, son Pulp Fiction est toujours la Palme d'or la plus vue au cinéma) : cette rare alchimie ne peut pas être formulée, reproduite. C'est ça aussi, le talent de Tarantino.

    Ah, une dernière chose : Django Unchained est un western, dont le personnage est repris d'un film fondateur du western italien, Django (Sergio Corbucci, 1966). Tout de même...

    Autres chroniques (de points de vues assez différents), lues sur Inisfree, Nightswiming et Sur la route du cinéma.

  • Hôtel Transylvanie (2013)

    Un film de Genndy Tartakovsky

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    Premier long d'un génie du (très) court -Samourai Jack ou la première série Clone Wars-, Hôtel Transylvanie suscitait une certaine attente ; cette aventure fantastique, revisitant les monstres mythique du cycle Universal des années 30-40, déçoit pourtant de bout en bout.

    La technique d'animation sans conteste le point fort du film ; en image de synthèse 3D, elle permet à Tartakowsky de tester un rendu cartoonesque, dont l'aspect le plus flagrant est la déformation / déstructuration de l'anatomie des personnages, qui leur donnent des expressions exagérées. Pour autant, le character design est très sage et ressemble beaucoup à celui de Moi, moche et méchant ou Le Lorax. Mention spéciale tout de même à la cape de Dracula, à la texture soyeuse palpable, et bien animée. Ce parti-pris graphique va de pair avec un rythme mené au pas de charge, enchaînant les mini-gags, plus visuels que de situation. Et ce qui fonctionne très bien dans un format court montre ici ses limites tant le long-métrage demande un minimum de construction narrative. 

    Les monstres sont hébergés chez l'ami Dracula et sa fille Mavis, dans un château qui fait office de rempart contre les humains, dépeints par le maître des lieux comme intolérants. Pour le prouver à sa fille, il n'hésite pas à créer un village de toute pièce, peuplés par ses amies zombies qui portent des masques d'humains dégénérés... Là dessus, un jeune homme va réussir à s'introduire dans l'Hôtel Transylvanie, et devoir se faire passer pour l'un d'entre eux. Le semblant d'histoire ne va pas plus loin, et la sous-intrigue en forme de love-story n'arrange rien : tout y est extrêmement convenu. Le décalage voulu sur la notion de normalité n'est pas vraiment exploité ; quant à la drôlerie de l'ensemble, on restera circonspect : les crises de fureur de Dracula, maintes fois répétées, laissent froids. L'histoire se veut fantastique, mais n'émerveille pas. alors oui, le réalisateur s'amuse avec son univers modélisé en 3D, certaines séquences sont dynamisantes (les tables volantes dans la salle de banquet), mais rien fait : on s'ennuie ferme devant ce défilé stromboscopique de gags en kit, d'histoire à monter soi-même. Et ce n'est pas le final, d'une facilité et d'un conformisme exaspérant, qui nous fera revoir notre copie.