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My Wonder Women (2018)

Un film de Angela Robinson

William Moulton Marston, dit Charles Moulton, est un personnage tout à fait singulier : d'abord avocat, puis psychologue, il s'intéresse à la science, au cinéma, invente le procédé du détecteur de mensonge, écrit des scénarios et va donner naissance au personnage de comics Wonder Woman. Ses relations amoureuses avec sa femme, Elizabeth, et Olive Byrne, une de ses étudiantes qui servira de modèle à Wonder Woman, font tout le sel de ce biopic.

Si le docteur Marston est bien le créateur d'une des super-héroïnes les plus connues d'aujourd'hui, ce n'est pas sa seule originalité dans les États-Unis des années 20 à 40. Ouvertement féministe, il est aussi polyamoureux, lui et sa femme se donnant le droit d'aimer plusieurs personnes en même temps. Ils forment donc, non un couple, mais bien un trio amoureux avec Olive, jeune fille rayonnante qui, elle-même, aime les Marston. Ainsi, plutôt qu'un film sur "le créateur de Wonder Woman", c'est bien cette peinture de mœurs atypiques qui est au centre du récit, en plus de la recherche scientifique (la création du détecteur de mensonge) et psychologique -la théorie comportementale défendue par Marston, le DISC, pour Dominance, Influence, Stabilité et Conformité, utilisée encore aujourd'hui dans les sciences cognitives par le test du même nom. Les amateurs de comics pourraient donc être un peu déçus, bien que l'on aperçoive de temps en temps des planches dessinées en lien avec l'action, mais au final, le personnage de Wonder Woman apparaît comme une synthèse parfaite des différentes dimensions du scénario, constamment en filigrane.

La première partie du film, misant sur l'expérience scientifique et le caractère osé des relations amoureuses, établit un parallèle avec la série Masters of Sex, où l'on retrouvait cette confusion des genres : un sentiment de trouble où l'on ne sait pas où s'arrête l'expérience scientifique et où commence l'exploration sexuelle. Une des scènes les plus représentatives de My Wonder Women à ce propos voit les Marston, intrigués puis excités, assister à un rituel de sororité dans lequel celles qui n'ont pas été gentilles sont copieusement fessées. Il est vrai que le comics Wonder Woman montre, dans une proportion tout à fait étonnante, des personnages enchaînés, fouettés, ligotés, témoins de l'attrait de Marston pour le bondage et autres jeux sexuels. La liberté de ces pratiques, aux antipodes du traditionalisme étouffant de l'époque, insuffle un désir incandescent aux personnages ainsi qu'une véritable tension érotique au scénario.

Étonnamment, le film dépeint cette histoire non-conventionnelle de façon très classique. Joli mais filmé de façon trop posée, le film ne marque pas suffisamment par sa puissance visuelle, si ce n'est lors de sa scène-pivot, aux éclairages orangés très théâtraux, lorsque Olive revêt sur scène une tunique préfigurant celle de la déesse amazone. La réalisatrice, voulant impulser un récit dynamique, utilise peu finement le montage parallèle, en revenant trop souvent à la séquence initiale -l'interrogatoire de Marston par le comité d'éthique-, ou en alternant de façon frénétique les différentes temporalités (durant la création de Wonder Woman). Malgré ces maladresses, l'originalité de l'histoire, sa profonde subversion du politiquement correct et la place prépondérante donnée aux personnages féminins (de véritables muses pour le docteur Marston, qui jouent une part active dans ses inventions) fait toute la valeur du film. 

Malgré la sortie de Wonder Woman, film culte dans l'univers DC, le film semble difficile à vendre : c'est un véritable four aux États-Unis -moins de 2 millions de recettes-, ne parlons même pas du box-office en France (oh, et puis si : 1 210 entrées), le film sort aujourd'hui uniquement en VOD . Vraiment dommage, mais assez logique. Il ne s'agit pas vraiment d'un film sur les comics, mais sur la psychologie et les mœurs des années 1930 et 40. Cela ne reste pas moins un film fascinant sur les rapports humains un peu borderline, avec quelques jolies scènes, de fascinantes héroïnes et une passion amoureuse rare. Assurément, un film à voir (mais pas pour les fans des Avengers).

Disponibilité vidéo : en achat digital et VOD le 20 août 2018 - éditeur : Sony Pictures France + Facebook

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