Un film de Donald Cammell
Propulsé par une recherche visuelle et auditive impressionnante, le méconnu White of the Eye vaut aussi pour son scénario retors. Réhabilitation.
La lumière. C'est le premier élément qui marque à la vision de White of the Eye (L'oeil du tueur lors de la diffusion française). Cammell sait bien capter l'ambiance moite et désertique d'un coin paumé, écrasé par un soleil aveuglant, tellement qu'il efface le titre du film dans le générique d'ouverture. Le cadre est donné, comme l'ambiance : des lieux déconnectés de tout repères, comme sur une terre parallèle. Les cadres magnifiques rappellent clairement un Manhunter tourné l'année précédente par Michael Mann, ainsi que certains élément du fabuleux Police fédérale Los Angeles (William Friedkin) sorti en 1985. On remarque d'ailleurs que le masque du tueur de ce film est l'exact opposé de celui de White of the Eye : un bas lui masque le haut du visage, nez inclus ; dans le film qui nous intéresse aujourd'hui, le tueur peint son visage en dessous du nez jusqu'à la gorge.
La musique. L'ambiance tout à fait particulière du film trouve un véhicule parfait avec la partition de Rick Fenn (ex-guitariste de 10CC notamment) et Nick Mason, le batteur de Pink Floyd. Ils construisent ensemble le tissu sonore de paysages désolés, empreint de mystère et d'une légèreté onirique.
Le montage. Pierre fondamentale à l'édifice de White of the Eye, le montage atypique du film alterne par exemple inserts et plans larges au sein d'une conversation, flash-backs déstabilisants, ralentis qui syncope le rythme des séquences : un travail presque expérimental par moment, qui s'insère dans un genre tout à fait mainstream, le thriller, pour joindre les extrêmes du cinéma d'exploitation : le giallo (les meurtres sublimés par la mise en scène) et le survival.
Le scénario. Barrée pour sûr, l'histoire développée dans le film offre un vrai point de vue, ce qui est parfois oublié dans les films contemporain, au profit d'une vision omnisciente. Fausses pistes, virage presque fantastique, le film est aussi suffisamment riche en péripéties pour tenir la distance. Les niveaux d'intérêt du film sont tellement nombreux et l'ensemble si homogène que l'on explique pas comment White of the Eye (et son réalisateur, un écossais épris des arts, démontrant des talents de peintre et collaborateur de Nicolas Roeg) ne jouissent pas d'une postérité plus flatteuse.
Très inspiré par les propres sentiments de son réalisateur, fasciné par le meurtre et la mort, le film fait transparaître une brutalité et un désespoir peu communs. Un film à redécouvrir de toute urgence... Pour peu que vous soyez anglophone : une très belle édition est disponible chez les anglais d'Arrow Video , avec sous-titres anglais uniquement, mais dans un master numérique flambant neuf (restauration 2K) et un train entier de bonus !
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