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  • Michael Jackson n'est plus

    Smooth_criminal_video.jpgVous allez me dire, mais que vient faire Michael Jackson dans ces chroniques ? Plusieurs raisons me viennent à l'esprit, certaines plus personnelles que d'autres. Mais avant tout, on n'a rien compris si l'on pense que Michael Jackson n'était pas un homme d'images. L'inventivité de ses clips, à commencer par le mythique Thriller (qui a marqué la première incursion d'un artiste noir sur la chaîne américaine MTV). La variété de ceux-ci, brassant tous les genres (attrait marqué pour le fantastique, polar avec Smooth Criminal ou Bad, réalisé par Martin Scorsese, film d'animation avec Speed Demon, peplum pour l'égyptophile Remember the Time, sport avec Jam, et j'en oublie).

    Le cinéma était très important dans la démarche artistique de Michael Jackson, lui qui a toujours voulu se frayer un chemin vers les salles obscures sans vraiment y parvenir (qui se souvient de The Wiz, version noire du Magicien d'Oz avec Diana Ross en Dorothy, et l'on pourra dire sans peine que Moonwalker, film dédié à la promotion de son album Bad, est bien bancal, malgré quelques fulgurances. Mais certains de ses clips font clairement référence au processus de création cinématographique, à commencer par Liberian Girl, qui voit un défilé impressionnant de stars eighties, qui attendent tous la venue de Michael Jackson pour tourner un clip... La fin nous montre que Michael Jackson lui-même était derrière la caméra pendant tout ce temps ! Richard Dreyfus, Steven Spielberg -et son fameux plan-signature travelling arrière-zoom avant, Whoopi Goldberg, Danny Glover, Dan Ayckroyd, bref la totale. Son exigence de l'image parfaite l'engage à aller voir des réalisateurs renommés pour réaliser ses clips, que ce soit John Landis (Le loup-garou de Londres) pour Thriller, Spike Lee (Do the right thing, Malcolm X, La 25e heure) pour They don't care about us et même David Fincher pour Who is it ?, avant son passage au long métrage.

    L'énorme clip Black or White, conçu pour lancer la promotion de l'album Dangerous, est un tour du monde qui devient par là un panorama du cinéma, du western à la comédie Bollywood.
    Au-delà des images, c'est évidemment par la musique qui les accompagne (mélange de la soul noire et de la pop américaine, avec un soupçon d'avant-garde dans les arrangements musicaux, toujours au cordeau), épaulé par une voix unique, que Michael Jackson s'est fait une place dans l'Histoire du 20e siècle. Sans conteste plus grand showman sur terre, ses trouvailles dansées remarquables (le moonwalk restera son mouvement le plus marquant, devenant la signature d'un style fin, et toujours dominé par une dimension magique - voir son lean-over dans Smooth Criminal) survivront à tous ses successeurs ; bref, en même temps qu'il disparaît, avec lui s'efface un pan de l'histoire. Homme de tous les superlatifs, de tous les records (Thriller est l'album le plus vendu de tous les temps et, vu les ventes du monde du disque, le record ne risque  pas de tomber de sitôt), Michael Jackson semblait venu d'ailleurs. Un personnage de cinéma. So long, MJ !

  • Ciné d'Asie : Meurtre à Yoshiwara (1960)

    Un film de Tomu Uchida

    3649101963_a6836c3407_m.jpgWild Side Video nous fait découvrir des pans plutôt méconnus du cinéma asiatique avec le coffret Tomu Uchida, sorti en 2006.

    Ce film-ci, narrant la vie pleine de péripéties de Jirozaemon, abandonné à la naissance à cause d’une "horrible" tache sur la joue droite, marque une belle réussite de son auteur.

    La première partie du film s’étend à caractériser le handicap social de l’homme par rapport à sa marque disgracieuse ; malgré une réussite professionnelle sans conteste -il devient un prospère marchand de soie-, les qu’en dira-t-on  ne cessent d’évoquer sa laideur, qui l’empêche, même adulte, de trouver une épouse. L’homme est donc accablé socialement par un défaut physique, malgré une qualité d’être qui ne fait pas de doute. Uchida, pour signifier l’isolement du personnage, compose des cadres symétriques, symétrie que le visage de Jirozaemon ne connaît pas. Sa mise à l’écart sociale s’appuie sur un détachement visuel, le fond et la forme s’accordant d'une bien belle manière. Alors que la majorité des plans font appel à une symétrie classique, donnant aux différents plans un éclat évident, le défaut de l’homme n’en ressort que plus.

    La symétrie va ici de pair avec la beauté flamboyante d’un Scope couleurs extrêmement travaillé : les tons sont quasi pastels, procurant à chaque image le ton doux des estampes japonaises ; on retrouve ici un autre contraste, entre le velouté des couleurs et la tonalité sombre du récit, annoncé dès le titre ; on ne trompe personne, cette histoire est un drame.

    Un drame car encore une fois, le film s’ingénue à opposer deux situations qui vont être le quotidien de Jirozaemon : alors qu’il est un marchand reconnu, faisant par ce biais partie de la bonne société, sa quête d’une épouse va l’obliger à fréquenter assidûment les bordels de Yoshiwara, où il tombe amoureux d’un prostituée, ancienne taularde  qui s’est retrouvée là par obligation. S’oppose alors deux logiques, celle du travail -son entreprise de soie a besoin d’argent car les récoltes n’ont pas été bonnes- et celle du plaisir -la fille de joie veut bien l’épouser s’il lui permet de devenir première courtisane, ce qui demande des fonds importants.

    Le film, fonctionnant continuellement sur des extrêmes contradictoires, est de fait très clairement construit. La trajectoire tragique du personnage principal, handicapé dès la première image, est terrible et s’expiera dans un final marquant. La sournoiserie de la jeune fille, aussi belle que vulgaire, répond à l’opportunisme des tenanciers des maisons closes, qui échafaudent sur le dos de Jirozaemon un plan pour lui soutirer encore plus d’argent. La force tragique du récit, accompagné par quelques fulgurances visuelles, est assez remarquable, surtout dans sa dernière partie. Avant cela, le début nous aura paru tout de même un peu long à se mettre en place. Une belle découverte pour un cinéma nippon toujours surprenant.