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science fiction - Page 8

  • Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà (1997)

    Un film de Paul W.S. Anderson

    Étiqueté réalisateur de films d'action, Paul W. S. Anderson signait après Mortal Kombat (1995) cette bande ambitieuse qui en surpris plus d'un. Hommage à une kyrielle de films fantastiques, Event Horizon étonne par sa propension à balancer au visage du spectateur des plans impressionnants, faisant montre d'un raffinement esthétique inhabituel, en même temps que certains détails gore peu ragoûtants. Le résultat devait d'ailleurs être bien plus horrifique, les producteurs obligeant Anderson à couper son film d'une demi-heure après une projection-test désastreuse.

    L'histoire à comme un air de déjà-vu : un équipage de sauvetage vient à la rescousse d'un vaisseau ayant disparu sept ans auparavant... après la captation d'un étrange message. Les caractères, antagonistes, s'affrontent et enrichissent la dramaturgie. L'horreur surgit rapidement... Si la référence la plus évidente est l'exceptionnel Alien (Ridley Scott, 1979), mariant parfaitement suspense, horreur et science-fiction, d'autres chef d’œuvres du genre sont mis à contribution : Shining (Stanley Kubrick, 1980), pour la dimension "maison hantée" et d'autres clins d'oeil très directs (des flots de sang, des cadrages symétriques froids et précis, une réplique de la scène de la chambre 237), mais également La maison du diable (Robert Wise, 1963), ainsi qu'une citation de Suspiria (Dario Argento, 1977). On pense également au segment de l'omnibus Memories réalisé en 1995 par Koji Morimoto, La rose magnétique -qui doit également beaucoup à l'implication du regretté Satoshi Kon en tant directeur artistique. Ces glorieuses références prennent place dans un vaisseau aux formes religieuses marquées, les symboles de croix abondant un peu partout (vaisseau, vitres, marques diverses), qui s'offrent un luxe de détails ahurissant. Baignant dans une ambiance gothique, le visuel est vraiment réussi, car misant avant tout sur des effets spéciaux physiques (même le cœur du système, un gigantesque globe autour duquel tournoient trois anneaux : très réussi). Lorsqu'il opte pour des effets spéciux numériques, pas très développés à l'époque, on a du bon (le couloir aux lames de rasoirs) et du mauvais (les yeux rouges). La direction artistique est, dans tous les cas, à féliciter. L'usage récurrent du grand angle a part contre malheureusement tendance à étirer les personnages en longueur, une déformation parfois pas du plus bel effet.

    L'emballage ne cache cependant pas longtemps une intrigue bien trop légère (tout est téléphoné, il manque des enjeux forts, et une impression de réalisme qui pourrait faire durer la suspension d'incrédulité induite par le genre fantastique), et une narration plus progressive -le personnage de Sam Neill en fait malheureusement les frais.

    Il n'aurait pas fallu grand chose pour que Event Horison transforme l'essai, et la relative indulgence de la critique à son égard a sûrement à voir avec la carrière autrement nanardesque de son réalisateur. Et l'on peut dire en effet que Event Horizon est son film le plus fréquentable. Entre un Mortal Kombat qui nous peut-être fait marrer à l'époque à coups d'humour involontaire, ou d'un Resident Evil recyclant à peu près tous les trucs de Matrix, voire du calamiteux Alien Vs. Predator, le choix est vite fait. 

    Reste aujourd'hui un film techniquement abouti, mais qui manque d'un scénario solide. Est-ce que la version longue, que l'on ne verra jamais, aurait pu améliorer tout cela ? Rien n'est moins sûr... Anderson n'est cependant pas dupe des défauts de son film, il suffit d'écouter son très bon commentaire audio présent sur le DVD pour s'en convaincre. C'est déjà ça...

  • Expo Sciences & Fiction - aventures croisées à Paris : un must !

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    Appelons cela une "rétro-news", l'info n'étant pas de première fraîcheur, tout en restant dans le thème de l'exposition : depuis le 21 octobre 2010 et jusqu'au 3 juillet 2011, la Cité des Science et de l'Industrie propose, sur le thème Science et Science-Fiction, une exposition littéralement démentielle. Pour ma part, étant de passage récemment dans la capitale, j'ai été interpellé par l'intitulé, tout ce qui comporte les mots "science-fiction" ou "fantastique" m'attirant irrémédiablement. M'attendant à voir tout au plus quelques affiches de films et quelques menus objets "ayant servis sur des films", comme sobrement vanté sur les prospectus, quelle ne fut pas ma surprise lorsque, me frottant les yeux pour en être sûr, je me retrouve nez-à-nez avec la combi de Keir Dullea dans 2001, l'odyssée de l'espace (1968) dans la première salle ! A côté du costume, trônait fièrement les maquettes de vaisseaux du film de Kubrick, ainsi que de sa suite, 2010, l'année du premier contact, réalisé par Peter Hyams en 1984. Encore sous le choc, je pensais avoir vécu le climax de mon voyage... J'étais loin du compte, tant la suite n'a cessé de me transporté loin, là-haut, dans les étoiles.

    Au détour d'objet bibliographiques rares (manuscrits corrigés, éditions originales, prêtés par la Bibliothèque Nationale de France) et d'une belle scénographie (parois illustrées de pages de bandes dessinées, portes en forme de losange comme celles de Planète Interdite), la plus belle accumulation de trésors cinéphiles s'offre à mes mirettes ébahies. Ici, les costumes de Star Trek ; là, un vaisseau grandeur nature (!) ou la tenue impossible de Numéro 6, tout deux sortis de Battlestar Galactica, la série des années 2000. Puis, alors que je ne percevais déjà plus le quand ou le comment, que toutes les dimensions de l'espace se mêlaient dans mon cerveau déboussolé, surgissent les reliques de Retour vers le Futur : l'Almanach des sport et le Hover-Board du 2, la tombe de Doc Brown dans le 3... Point de non-retour. May-Day, May-day, circuits en surchauffe !

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    Dès lors, la collection s'agrandissant au fil des salles (costumes de Blade RunnerMatrix, Men In Black, Dune, masque de Greedo et maquettes de vaisseaux dans Star Wars épisode IV, tête de l'alien de Rencontres du troisième type, scaphandre de Alien, le huitième passager, l'appareil photo numérique fonctionne en mode rafale, mais le corps ne suit plus, c'est trop. Une grande partie de ce qui a fait mon amour au cinéma est là, ou presque. Des heures de souvenirs étalés là, dans quelques mètres carrés. Il aurait juste fallu la DeLorean volante, et j'étais bon pour les urgences. Plusieurs surprises dans ce best-of science-fictionnel : les costumes de L'Âge de Cristal, la présence dans les chronologies des films marquants de Event Horizon ou de Sunshine (on trouve même Planète Rouge, qui, même sans l'avoir visionné, ne semble guère avoir de louanges par ailleurs).

    Hagard, les yeux rouges, la bave aux lèvres tendance épileptique, le nord et le sud semblant s'être déplacés d'eux-même, j'arrive à me frayer un passage jusqu'à la sortie sans défaillir, ce qui se vit comme un exploit. Dehors, le temps semble s'être écoulé normalement, alors que je ne saurais dire combien de temps j'ai passé dans la bulle temporelle de l'expo. Il n'y avait pas tant de monde que ça et tous ne sautaient pas comme des fous à la vue des trésors amassés dans ces salles. Dehors, tout est calme. Je me dis que j'ai peut-être rêvé... mais mon APN me fournit la preuve tangible : tout ça existe bel et bien !

    Si le texte ci-dessus ne vous semble pas très clair, je n'ai qu'un seul conseil à vous donner : courez voir cette expo, et vous comprendrez...

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  • Star Trek II : la colère de Khan (1982)

    Un film de Nicholas Meyer

    5419248116_d5eaa1d05c_m.jpgIl y a longtemps, dans la même galaxie, j'avais subi le premier épisode cinématographique de la série Star Trek : le fait que Robert Wise œuvrait au poste de réalisateur, me laissait penser que ça ne devait pas être si mauvais. Bien mal m'en a pris, car deux heures durant, un ennui féroce, de ceux qui vous énervent, m'avait envahi. Ne connaissant pas l'univers touffu de Gene Roddenberry et tentant de dévorer tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la science-fiction, je décidai récemment de m'y remettre avec ce numéro 2. Et cette fois, ça a pris.

    Après un générique contemplatif nous faisant voyager aux confins de l'espace, le film commence par une séquence atypique, montrant une femme aux commandes de l'Enterprise, le vaisseau historique de Kirk et Spock. Il s'agit de la mimi Kirstie Alley, charmante avec ses oreilles pointues. On avait laissé le vaisseau dans les mains du vieillissant équipage des origines (le même depuis la série télé originelle de 1966) à la fin de Star Trek, le film ; or là un vent de jeunisme semblait souffler. Cette première séquence cachait un test pour les nouvelles recrues de la compagnie. L'épisode est ainsi marqué par une réflexion sur la vieillesse, Kirk le premier ayant l'impression tenace d'être dépassé, lui autrefois symbole de l'aventure à risques, aujourd'hui forcé de chausser ses lunettes pour lire, cantonné au rôle d'instructeur pour la génération émergente (bien qu'il s'agisse d'une promotion, sur le strict plan hiérarchique).

    Parallèlement au questionnement de Kirk sur le sens qu'il peut encore donner à sa vie, resurgit du passé Kahn, homme que Kirk a autrefois laissé végéter sur une lointaine planète (vu dans un des premiers épisodes de la série, il est incarné dans les deux cas par Ricardo Montalban). L'ennemi, comme le héros, est vieillissant, mais fait montre d'une énergie certaine à l'exécution de sa vengeance. Sa tenue étrange, offrant un décolleté généreux, préfigure les combinaisons Fremen de Dune (David Lynch, 1984) ; le film est ainsi marqué dans son look par les années 80, offrant un aperçu de ce que seront les bad guys excentriques de Mad Max 2 (George Miller). Au passage, on observe la torture inventive et dérangeante imposée à des membres de Starfleet : des vers s'introduisent dans leurs conduits auditifs, transformant les opposants en de dociles agneaux prêts à offrir leur services.

    Le cœur du film est une machine de terraformation, Genesis, qui permet de transformer n'importe quelle planète aride en oasis foisonnante. La démonstration de son fonctionnement occasionne par ailleurs une des premières séquences d'effets spéciaux de synthèse, réalisée par ILM, qui s'avère encore aujourd'hui tout à fait convaincante. Les plans composites montrant une partie de planète verdoyante participent aussi à rehausser un ensemble visuel autrement courant. 

    Le film revendique sa dimension serialesque, avec ses méchants caricaturaux, et le regretté Ricardo Montalban, habitué des séries (La planète des singes, L'île fantastique) offre tout son panache et sa démesure pour incarner un personnage si excentrique.

    James Horner, qui signe la musique du film, y invente des mouvements qu'il reprendra dans Aliens (James Cameron, 1986) quelques années plus tard ; son accompagnement s'avère efficace, mais est surclassé par ses travaux ultérieurs. 

    Les relations Kirk / Spock trouvent dans le film une résonance particulière, concernant la trajectoire du Capitaine historique et pour la fin du film, qu'on ne dévoilera évidemment pas. La bonne tenue de cet ensemble encourage en tous les cas à la récidive dans cet univers, Nicholas Meyer (le très bon C'était demain, 1979, avec Malcolm McDowell en H.G. Wells) réussissant à donner corps à une dramaturgie limpide même pour les novices de l'univers, tout en rendant proche chacun des personnages. 

  • Un film, une séquence (2/2) : Brainstorm (1983)

    Suite de la chronique commencée ici

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    Au détour d'un mouvement on ne peut plus anodin, Lillian voulant se saisir de sa cigarette laissée fumante sur un cendrier, elle se se brûle le bras sur un des nombreux appareils qui envahit le cadre et fait transparaître son premier signe de douleur véritable. Cet enchaînement, signifié par des plans très brefs visualisant le choc (la brûlure au bras, le sursaut de Lillian, la radio qui tombe en morceaux),  questionnant le spectateur sur la nature même de la blessure, amène une ambiguité car ce signe de souffrance n'a pas de lien direct avec le premier "avertissement", mais contribue à la gradation des sensations de malaise ressenties par Lillian. A partir du moment où la radio tombe, toute musique s'arrête, et Lillian paraît surtout en colère pour sa maladresse, laissant retentir un "Damned!" de mécontentement. A cet instant précis, la prime douleur au cœur semble s'effacer devant la douleur plus forte de la brûlure, et la colère. Mais, au détour d'un plan encore une fois relativement banal (Lillian voulant ramasser la radio), la première douleur revient, lui irradiant le bras. L'absence de musique joue également un rôle dans cet enchaînement rapide et étrange, la menace surgissant sans avoir été annoncée, graphiquement ou musicalement, mais juste par la soudaine succession de plans brefs. 

    Avec le masque de douleur de Lillian se réveille la musique de James Horner soulignant le danger. L'air en sourdine, plutôt heureux, de l'opéra, fait ainsi place aux accents tragiques d'un ostinato, forme rythmique inlassablement répétée dans une musique d'orchestre puissante, assommant virtuellement Lillian. La musique est ici la transcription musicale de la douleur, frappant fort et par à-coups. Puis, la musique se replie au second plan, laissant Lillian, crispée et tremblante, étouffer un terrible cri de douleur. Elle comprend que c'est la fin, mais veut tout de même se battre, en même temps qu'elle saisit l'inéluctable vérité. Ces instants sont tragiques, le personnage agonisant seul, sans autres témoins que des écrans luminescents, inertes et silencieux.

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    Solitude qu'elle essaye, malgré tout, de combattre, en appelant Michael (Christopher Walken) au téléphone. Puis, se laissant gagner par l'évidence de ses sensations, elle lâche le téléphone dans un sanglot, terrifiée et souffrante. Dans ce même plan fixe, elle, si immobile, va agir. Sa dernière action, cœur d'impulsion du reste du film. Évitant, comme dans tout le film, toute facilité explicative (on ne nous dira jamais vraiment de que fait la machine, ni encore quelles applications militaires vont en être dérivées), Trumbull perd un peu spectateur, mais la fascination prime alors. Fasciné par cette séquence où la musique dirige la narration, et par la performance juste incroyable de Louise Fletcher, dont on croit toutes les souffrances, et la mort prochaine.

    Pour appuyer cette poussée énergétique, les quatre notes mineures assénées par l'orchestre reviennent. Lillian poussent les ordinateurs, se défait de la posture dont elle était prisonnière, pour choisir son dernier lieu. Une sonorité plus physique, incarnée par les trompettes qui martellent l'ostinato, se font entendre, comme matérialisant la force dont doit faire preuve Lillian. On revient, enfin, à un travelling, un cadrage en mouvement, s'opposant aux plans fixes précédents, qui montrent Lillian quitter sa chaise, descendre les quelques marches qui la séparent de l'espace d'enregistrement. Elle arrive à redevenir maître d'elle même, temporairement libérée des spasmes de l'arrêt cardiaque ; elle se serre la poitrine, la caméra pivotant pour dévoiler un nouveau siège, celui de l'expérience. Car on l'a compris depuis quelques secondes, elle décide de dédier ces derniers instants à sa technologie pour laisser un héritage, un témoignage, unique : les sensations de ses derniers instants, et de son départ. Avant cela, elle met toute la machinerie en route, toujours accompagnée par les ténébreuses notes de James Horner, auxquelles s'ajoutent une ligne mélodique inédite, comme un murmure de violons alternant deux notes lancinantes, comme prêtes à s'éteindre. 

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    Dans un plan fixe, cadrée de face, Lillian va alors sombrer, et le fond sonore qui l'accompagne n'est plus la symphonie tonitruante et répétitive de l'orchestre, mais le bruit mécanique et et tout aussi cyclique, des bobines qui enregistrent et des signaux d'ordinateurs qui crépitent. Un très gros plan de la cigarette de Lillian, qui s'est consumée entièrement et tombe, confirme la mort. Mais, pour autant, un panoramique vertical va montrer que tout n'est pas terminé.

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    Alors que le silence et l'immobilité sont les témoins habituels manifestes du décès, les machines qui ont accompagné Lillian continuent à produire un spectacle son et lumières signifiant : si elles continuent à enregistrer, c'est bien que quelque chose se passe ! Pour accompagner le mouvement (tableaux clignotants, écrans animés, cliquetis ininterrompu de la bande), l'enchaînement des plans se fait plus rapide. Et la musique de souligner à son tour se qui se produit, l'orchestre laissant sa place à des choeurs d'enfants d'inspiration ouvertement mystique. Cette vision très judéo-chrétienne de la mort (ou du chemin vers...) passe sûrement moins bien aujourd'hui, trop 1er degré. Il n'empêche, chaque élément a une véritable raison d'être dans la séquence, y compris dans ses toutes dernières secondes. Et quand, enfin, la bande elle s'arrête, Lillian va se retrouver nimbée de lumière blanche... mais c'est juste Michael qui ouvre la porte, faisant pénétrer la luminosité du dehors, pour découvrir le corps sans vie de sa partenaire. 

    Alors, tant pis si la vision finale de ce mystérieux enregistrement du voyage entre la vie et la mort décevra par son classicisme : ces seules cinq minutes terrassantes resteront dans les mémoires.

    A lire : la critique de DevilDead et la très belle chronique du score de James Horner chez Underscores.

  • Un film, une séquence (1/2) : Brainstorm (1983)

    Le dernier voyage de Lillian

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    Brainstorm est le deuxième et dernier film de cinéma de Douglas Trumbull, légende vivante des effets spéciaux, ses travaux précurseurs sur 2001, l'odyssée de l'espace (1968) ayant été récompensés. A l'heure de Brainstorm, il a derrière lui l'expérience de Silent Running, film de SF écolo qu'il a réalisé, avec Bruce Dern dans le rôle principal. Peu de succès au rendez-vous, hélas, pour un film au scénario pourtant abouti et aux effets spéciaux convaincants.

    Brainstorm est centré sur l'idée d'un dispositif permettant d'enregistrer les sensations perçues par tous les sens d'un individu, et de les restituer à un autre grâce à un casque, comme si ce dernier vivait la séquence à la première personne ; ces scènes donnant lieu à des vues en caméra subjective (représentant une poignée de minutes sur la durée du film), dans un format large, alors que le reste du film reste coincé dans un format plus carré. Ceux qui n'ont pas vu le film auront peut-être un air de déjà vu, James Cameron s'étant grandement inspiré de Brainstorm pour le scénario de Strange Days (1995) que réalisa sa compagne d'alors, Cathryn Bigelow. Une séquence a tout particulièrement attiré mon attention, celle de la mort de Lillian, personnage joué par Louise Fletcher (l'exécrable infirmière Ratched dans Vol au dessus d'un nid de coucou, de Milos Forman), événement qui trouve tout son sens par rapport à l'appareil central du film. Séquence à la fois intimiste et opératique, sombre et lumineuse.

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    Au bout de 50 minutes de film, qui nous montrent entre autres la relation entre Michael le scientifique (Christopher Walken), son ex-femme avec qui des liens renaissent (Natalie Wood, dans son dernier rôle avant de disparaître tragiquement) et son actuelle compagne aussi scientifique (Louise Fletcher), on retrouve cette dernière, seule dans le laboratoire, grande pièce truffée d'appareillages en tous genres. La séquence dure 4 minutes 30 secondes pour 25 plans, et est majoritairement composé de plans assez longs, entrecoupés d'autres très courts accélérant soudain le rythme. La colonne vertébrale de la séquence est la somptueuse musique composée par James Horner, mêlant symphonie tragique et choeur d'enfants mystique, qui transmet à cette suite de plans une force tonitruante et ravageuse.

    Un travelling latéral nous présente donc Lillian seule au milieu de ce grand laboratoire, s'affairant dans un temps qu'on ne saurait définir (jour ? nuit ?), l'espace étant en grande partie dans la pénombre. On entend en sourdine la voix d'une femme chantant un air d'opéra. Lillian travaille, dans la solitude du scientifique, à l'écart du monde extérieur.

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    Dès le second plan, alors que cette petite musique, au ton lent, continue de soutenir la concentration du personnage, cette dernière s'offre un instant de détente, puis éprouve une légère douleur à la poitrine. De manière très calme, sans douleurs apparentes, elle prend un de ses cachets ; rien de grave, vraiment. Elle est assise, cernée par les différents appareils, écrans, bande d'enregistrement, claviers, qui l'emprisonnent, la découpent dans l'espace. La menace est invisible, n'apparait pas flagrante, tel un couperet à l'image, mais est bien présente. Le plan va à l'encontre d'une scène choc, cadrant fixement une personne tout aussi immobile. La cantatrice fait toujours résonner sa voix puissante, pour ce qui se révèlera être une source de sons diégétique, présente au sein même de l'action, puisqu'un plan quelques secondes plus tard viendra cadrer une radio, que fait accidentellement tomber Lillian. Événement qui va donner un coup d'accélérateur à la séquence... La suite

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    Sources images : dvd Warner Bros.