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Lola Montès (1955)

Un film de Max Ophüls

5208685048_1cf741ed6d_m.jpgPour son premier film en couleurs, qui se révèlera aussi son dernier, Ophüls choisit d'illustrer la vie tumultueuse de Lola Montès, fameuse courtisane et danseuse provocatrice.

Depuis que Gaumont avait sorti son coffret Ophüls, ce film me faisait de l'oeil. Les quelques images dévoilées lors de sa ressortie en salle, en septembbre 2009, étaient intrigantes : les teintes de couleurs, éclatantes et oniriques, préfigurent Moulin Rouge ! (Baz Lurhmann, 2001), le vrai format Cinémascope des début (de ratio 2.55 : 1) semble offrir un spectacle total. Et, surprise, il était diffusé par Arte, en HD, à la mi-novembre.

Le rideau s'ouvre sur une personnalité cassée, comme extérieure à elle-même, dont le principe de vie semble être d'enchaîner les conquêtes en donnant à chacune un temps limité qu'elle décide, au jour le jour. Dans un cirque, où Monsieur Loyal n'est autre que Peter Ustinov (impérial, en français dans le texte), Lola Montès raconte en spectacle sa propre vie, dans laquelle elle n'est plus qu'une attraction ; l'attraction principale certes, mais mue par une curiosité voyeuriste et malsaine, Lola s'exposant tel un animal de foire. La première séquence en flash-back la montre avec Franz Liszt, pour la dernière scène de leur vie commune (qu'on imagnie courte) : les adieux de Lola, sans pleurs ni sentiments survoltés ; tout juste peut-on lire sur le visage de Lola une mélancolie triste, qui semble chronique. Elle donne l'impression de souffrir sa vie, la subir, plutôt que d'en décider chaque mouvement comme on pourrait le croire.

Comment penser, en effet, qu'elle choisit de se produire dans un cirque, dans une mise en scène superficielle,mais spectaculaire, de sa vie ? Son envie d'être danseuse, alors qu'elle n'était manifestement pas très douée dans ce domaine, pourrait expliquer sa volonté. Elle qui fut la maîtresse du roi de Bavière (Anton Walbrook, le fiévreux imprésario de Vicki Page dans Les chaussons rouges) sombrera plus bas que terre, dans une belle mise en abîme du processus filmique. La pénombre du cirque renvoie à la lumière des flash-backs, leur donnant un air onirique. Les couleurs sont irréelles, Lola déambule dans des décors gigantesques d'un faste indécent ; mais elle est comme le fantôme d'elle-même. Ce manque d'incarnation est tout de même bien embêtant, enlevant la force d'un récit autrement placé sous le signe de la tragédie. Est-ce le tort de Martine Carol (Lola) seule ? Non, le tout manque juste de vie. C'est dommage lorsque c'est justement celle, exceptionnelle, atypique, d'une femme ayant marqué son temps, se comportant comme un homme, décidant et exigeant.

Commentaires

  • Cet avis sévère se respecte et n'est pas le mien. La forme d'Ophüls, grand magicien des images, fait preuve ici d'une inventivité visuelle inédite (rétrécissement des cadres à l'objectif notamment). Ce dernier tour de piste haut en couleur du plus grand (avec Renoir) des cinéastes français de cette époque est à revoir à l'aune de ce qu'il a transmis au septième art dans son ensemble.

  • Bonjour Princécranoir,

    c'est vrai que le jeu sur les cadres dicté par le rétrécissement de l'objectif m'avait interloqué. Techniquement plus que parfait, ce film ne m'a cependant pas séduit ; il s'agit d'ailleurs du premier Ophüls que je vois ; je vais néanmoins poursuivre avec Lettre d'une inconnue...

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