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Splice (2010)

Un film de Vincenzo Natali

4820514870_a8c66769d3_m.jpgOn attendait de pied ferme ce nouveau film du réalisateur de Cube (1997) et Cypher (2003). Nouveau film de genre, entre la science-fiction et l’horreur, il narre l’expérimentation interdite d’un couple de chercheurs spécialisés dans la création d’êtres vivants à partir de combinaisons génétiques. Leur premier objectif est de synthétiser des éléments pouvant autoriser les greffes sur l’homme, et de trouver des nouveaux composés pouvant faire progresser la médecine. Après une expérience réussie, les dirigeants du laboratoire ne leur permettent pas, pourtant, de réaliser leur rêve : un hybride incluant l’ADN humain. C’est en secret qu’ils donnent vie à cette créature…

S’il y a une chose qu’on ne pourra reprocher à Natali, c’est de s’accrocher bec et ongles à cette histoire ; loin des films-concept dont il l’habitude (ces films précédents s’attachent et se résument à une idée maîtresse aux limites du surréalisme, et à son développement ultra-cérébral : des hommes enfermés dans un dédale de cubes dont ils ne savent rien (Cube), deux hommes font disparaître le monde entier (Nothing), ou encore l’intrigue paranoïaque centré sur un personnage manipulé à la recherche de son identité (Cypher). Ils fonctionnent tous comme des films-univers en circuit fermé, les personnages ne se référant dans leur parcours qu’à des paramètres spécifiques aux films. Avec Splice, le cinéaste canadien réalise a contrario son film le plus classique et le plus posé : ses personnages existent (pour preuve, ils font l’amour, de façon assez maladroite et banale) et leur drame existentiel occupent tout le sous-texte du film. Ils sont réels (le détail de l’écusson qu’arbore Clive-Adrien Brody sur sa blouse, signifiant son altérité -sa supériorité ?- par rapport aux autres membres du labo, révélant une fierté toute humaine), et leur questionnement éthique par rapport à leur création rejoint nos propres interrogations en tant que spectateur. Le film prend ainsi son sens dans l’interstice, et le décalage, entre les actions des personnages, et ce que le spectateur pense qu’il aurait fait dans cette situation précise.

Le film suit le va-et-vient de décisions, souvent contradictoires, que prennent les personnages par rapport à leur création-work-in-progress, jusqu’au moment où aucun autre choix, sinon celui de la responsabilité de leurs actes, n’est possible. La créature devient un simili-enfant, une monstruosité qui tend à s’humaniser, rappelant que l’homme est fait de chair et de sang. L’ambiguïté du résultat rappelle évidemment les débuts gore de Cronenberg, et plus particulièrement son film le plus éprouvant, Chromosome 3 (The Breed, 1979), dans lequel une femme minée par l’angoisse est enrôlée dans une clinique aux buts bien douteux.

L’ambiance est là, la lumière aussi, un bleuté technologique très dense, le look de la créature aussi, tour à tour monstrueuse et étrangement désirable. Animale, mais bien femme, la créature (rôle totalement muet à la composition réussie par l’actrice Delphine Chanéac) provoque des réactions 100% humaines. Le hic malgré tout, vient de la bande-annonce du film, qui dévoile tout sans en avoir l’air (pas aidé non plus par la couverture médiatique de Mad Movies, qui parsème son article de photos-spoilers à tous les étages. Décidément…). Le film suit ainsi une trame malsaine mais sans réelle surprise, si ce n’est le désormais traditionnel twist dans la dernière partie du métrage. On le redit, c’est le premier film classique –dans sa forme- réalisé par le canadien. Et c’est aussi, malgré un dernier acte tout entier dédié au sous-genre du creature features, celui qui vieillira sans doute le mieux.

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