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Poltergeist (1982)

Un film de Tobe Hooper

3851885812_3903a73062_m.jpgFilm d’épouvante réussi au plus haut niveau, Poltergeist nous offre de vrais moments de frousse, dans l’optique des classiques films de maison hantée. Sorti un an après L'Emprise (Sidney J. Furie), il utilise quelques ficelles similaires (une des scènes est particulièrement ressemblante, copiant le modus operandi "vu" dans l’Emprise), alors que dans le même temps il n’opère pas du tout dans la même logique : alors qur toute la tension du film de Furie est focalisée sur l’invisible, Poltergeist nous assène continuellement de visions toujours plus démonstratives. Vagues de fumées, apparitions dégoulinantes, déplacement d’objets, Hooper nous fait la totale. Ou devrait-on dire Spielberg (beaucoup) et Hooper (un peu), tant le film ressemble à s’y m éprendre à un Spielberg. Il y a tout : le quartier résidentiel tranquille (le film pourrait se passer dans le même monde qu’E.T., dont il propose la copie parfaite), la petite famille sans histoires dont on suit le quotidien de façon sensible, humoristique, toujours connectés à l’émotion ; les enfants y jouent un rôle central, et l’on vit un enlèvement d’enfant comme dans E.T. (que Spielberg réalise la même année).

Les rapports de force au sein de la famille sont au centre des enjeux, notamment quand la mère n’arrive plus à communiquer avec sa fille "évaporée", et que le père prend le relais, lui qui saura mieux y faire car "c’est lui qui donne les punitions" ! On retrouve un double inversé du couple Richard Dreyfus - Teri Garr, au bord de l’implosion, quand Craig Nelson et JoBeth Williams sont très fusionnels. Dans les deux cas, le centre de notre attention est fixée sur la famille, excellent point d’ancrage qui permet de donner vie à un scénario par une dimension familière.  La critique économique et n’est pas non plus très loin, quand un promoteur immobilier cherche à faire construire un nouveau quartier sur un cimetière, car ce cimetière est, ma foi, fort bien situé : les morts y ont une vue d’enfer... Bref, les modes de vie à l’occidentale sont raillés en filigrane ; c’est quand même sympathique (bien qu’un poil hypocrite) de voir la télé pointée du doigt, responsable de la venue dans notre monde des revenants, alors que la décennie  80 est clairement celle de notre chère petite lucarne, aujourd’hui bourré jusqu’au trognon d’inepties qu’on n’aurait jamais osé mettre à l’antenne, même dans les eighties.

Dans Poltergeist, on on est mis nez à nez avec une maison vivante, à l’instar de Monster House (Gil Kenan, 2006), une production plus récente toujours aux commandes de Spielberg. Cette parenté est donc avérée par ce flot d’aspects qui nous fait nous demander si Spielberg n’aurait pas intégralement réalisé le film. Les références -au début un peu lourdes- à l’univers de Star Wars sont également typiques d’un Spielberg, habitué à citer les personnages de son ami Lucas dans ses films -remember le bar Obi Wan dans Indiana Jones et le temple maudit (1984).

La patte de Tobe Hooper, dont la sensibilité est clairement plus accentuée vers l’horreur -il réalisa Massacre à la tronçonneuse en 1974-, reste bien visible dans le film, qui n’est pas exempt d’excès gores ; ces moments équilibrent bien la balance avec la tranquillité (le quartier, la famille, certains morceaux musicaux) qu’on peut parfois ressentir. Personnellement, j’aurais quand même fait l’impasse sur la dernière péripétie (les squelettes...) qui en rajoute un peut trop dans le grand guignol, et le film, sans ça, aurait été juste parfait au niveau du dosage des effets. Mention TB (au lieu de TB+, donc) pour ce Poltergeist qui, aujourd’hui encore, sait nous faire voyager dans la sphère du surnaturel avec de beaux effets spéciaux garantis sans numérique ! Et, y ’a pas à dire, la saveur est incomparable...

Disponibilité vidéo : DVD zone 2 - éditeur : Warner Home Video France ; Blu-ray zone free chez le même éditeur, au Royaume-Uni ou aux US.


Source image : jaquette dvd US Warner Bros.

Commentaires

  • Les vues sont bonnes, mieux: partagées.
    Ainsi: http://seurtine.blogspot.com/2005/03/troubles-in-suburbia.html

    Mais aussi, à l'occasion d'une causerie autour de Gremlins, nous soumettions à notre auditoire cette même et ambiguë "charge télévisuelle" chez Dante et quelques autres...

    Bien, bien, bien, tout ça.

  • D'accord sur le fond. Sur le cas Spielberg, je modulerais un peu dans la mesure ou, c'est bien connu, on ne prête qu'aux riches. C'est le syndrôme Nyby/ Hawks ou Valerii/Leone. Il est clair que le projet à la base est marqué par les goûts du producteur, mais les metteurs en scène font leur boulot et dans ce cas précis, une grande part de l'attrait du film vient de la façon dont Hooper investit cet univers spielberguien (la boue, les chairs qui tombent, les vers...). on retrouve à la même époque le même processus dans le "Gremlins" de Dante. Finalement, elles étaient pas si mal ces années 80.

  • Sauf que pour Gremlins, Dante eut très vite les coudées absolument franches (passées la pré-prod)... Spielberg ne voulant pas revivre le flou Poltergeistien (justement) et ayant fort à faire, loin, avec son Indiana Jones tout doomé. Il ne campa par exemple pas sur le plateau comme avec Hooper et assuma auprès des hauts financiers (parfois même contre son propre goût) toutes les outrances de l'affreux Jojoe... finalement assez livré à lui-même (il en avait déjà été de même sur son segment de Twilight Zone) !

  • J'avais, par une drôle de coïncidence, commencé à regarder il y a quelques jours Gremlins 2 (Joe Dante, 1990), et l'on peut remarquer des similitudes sur la toile de fond (expansion immobilière galopante) et la forme -le film d'animation qui ouvre le film, à l'instar de Roger Rabbit (Robert Zemeckis, 1988), autre production Amblin... Effectivement, les années 80 étaient vraiment sympa (sauf que pour le coup, Gremlins 2 n'a pas soutenu mon intérêt pendant plus de 30 minutes...)

  • Les fans particulièrement contemporain du premier volet (et j'en suis sacrément: 13 ans en 84 !) ont toujours plus de mal avec le second, alors que la critique "retardataire" loue davantage ce deuxième opus...
    Réévalué il y a deux ans, nous en disions:
    "Reprennant à la lettre la trame cartoonesquement destructrice du premier volet (1984 - quelle année mes enfants !!), d'où un mécanisme reposant non plus sur la surprise mais bien sur la complicité, l'affreux Jojo laisse en paix, et exsangue, la petite province paisible à la Capra où l'american way of life bien pépère avait été passé à la moulinette pour s'attaquer à celui, pithiatique et inhumain, du tout technologique, de l'hystériquement safe et du totalitairement sécuritaire: le monde de l'entreprise au coeur de la mégalopole.
    Là, dans une parodie potache et vacharde de l'Empire Trump (presque meilleure que les exactions à venir des Gremlins !), où Donald, au sommet de sa tour y est présenté comme un gamin cherchant à accumuler et utiliser le plus de "jouets" possibles, c'est toute la ville qui est croquée: arrivisme, modernisme cynique et éffrené, mercantilisme, négationnisme, lubies et actes inconséquents (la technologie, le labo de génétique), culte de la personnalité et j'en passe, tout est livré au crible avant d'être tout bonnement abandonné aux affreuses créatures.
    On retrouve alors mêlés les détournements des objets, les usages extrèmes de ce quotidien déjà surexcité et post-moderne, aux multiple références dont a le secret le trublion d'Amblin et ses copains Cormaniens (du Fantôme de l'Opéra à Rambo 2, de Ray Harryhausen au Magicien d'Oz en passant par Marathon Man !) au service de ce grand raout cathartique et déstructeur.
    Comme lors du premier opus le duo principal (Zach Calligan-Phoebe Cates) est bien pâle, ce qui n'arrange guère un titre plus prévisible cette fois-ci malgré l'ampleur escomptée des ressources New-Yorkaises, et qui s'étouffe finalement avec ses propres possibilités, lasse de sa propre surrenchère une fois l'affaire (brillament) lancée (les 20 premières minutes sont très chouettes)."

  • Pour moi Poltergeist reste un chef d'oeuvre du genre, une sorte de concentré du "film de maison hantée", parvenant à concilier à peu près tous les thèmes, parfois en s'amusant mais sans jamais sombrer dans la parodie.

    Il est assez convenu de louer les films qui "suggèrent plus qu'ils ne montrent", ce film prouve à ceux qui en doutaient encore que le cinéma n’est pas affaire de principes mais de talent. :)

    D'où la vieille tarte à la crème liée au film : le talent de qui ? Spielberg ou Hooper ? Peu importe finalement, même si la filmo catastrophe du second conduirait plutôt à mettre en avant le premier (et c'est un fan absolu du premier Massacre à la Tronçonneuse qui le dit :D )

    Quant à la "saga" Gremlins, elle présente à mon sens la même caractéristique que celle de Poltergeist : les n°2 sont une sorte "worst of" de tout ce qui avait été évité/écarté sur les n°1.
    Ils en deviennent de vilaines caricatures qui, par contraste, nous démontrent à quel point il n’était pas aisé de réussir les originaux.

    Robby

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