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Police fédérale Los Angeles (1985)

Un film de William Friedkin

3458834148_bd22e1f2e6_m.jpgTo live and die in L.A., titre original bien meilleur que son équivalent passe-partout français, sonne comme une épitaphe, ainsi qu’une note d’intention, basique mais bien servie, dans un film qui est le produit de son époque. Polar léché, montrant des flics en jeans  marchant comme des cow-boys (ah, la démarche de William Petersen...) vivant dans des villas ensoleillées au bord de la côte californienne, le film pourrait être démodé aujourd’hui. Accompagnée d’une bande originale alignant des titres eighties en diable, il reste pourtant un grand moment de cinéma.

Il est amusant de voir d’une part, à quel point le film est en phase avec son temps (on le rapproche volontiers d’une Arme fatale, même si plus axé comédie d’action, et d’une ambiance à la Miami Vice - la série, chère au Michael Mann producteur), et d’un autre côté, combien Richard Chance, son personnage principal, est un grand déséquilibré. Sa séquence fondatrice est bien sûr celle du saut à l’élastique inaugural, dont on imagine d’un premier abord qu’il s’agit d’un suicide. Dès lors, les pulsions du personnage, basculant constamment entre la vie et la mort, à la recherche d’adrénaline, de sensations fortes, font de lui à la fois la tête brûlée (intéressant dans un polar, tentant des choses impossibles aux autres) qui a quand même un grain (à ce titre, To live and die in L.A. pourrait être la prequel d’un film tourné l’années suivante par Michael Mann, encore lui, à savoir Le sixième sens - Manhunter, dans lequel excelle encore une fois William Petersen. La tension de son rôle à fleur de peau est bien similaire à celle de Police fédérale Los Angeles).

Opposer un flic, fonçant droit dans le tas, à un artiste oeuvrant du mauvais côté, c’est l’autre bonne idée du film. Eric Masters, joué par Willem Dafoe, dont on perçoit l’ambivalence grâce à sa trogne incroyable, est peintre et crée des autoportraits qu’il fait ensuite brûler. Son allure dépassionnée lorsqu’il effectue son geste ne laisse pas de doute sur la nature rituelle de l’acte ; Masters semble être déçu de lui-même, devant exercer son art dans l'illégalité : les faux billets qu’il fabrique, dont le processus nous est montré avec moult détails, se rapproche d’une forme de création artistique, en tous les cas artisanale, et de qualité. De même, comme tout bon créateur, il contrôle toutes les étapes du processus lui-même, ne laissant à aucun autre le soin d’établir les planches de faux. Solitaire, il répond en double à Chance, mais semble paradoxalement plus équilibré et logique dans sa façon de gérer les événements. Beaucoup moins posé, Richard Chance n’hésite pas à monter un coup totalement foireux et hors des clous pour pouvoir coincer le trafiquant ; il faut dire que ce dernier a tué son chef, grand trauma qu’on retrouve extrêmement souvent dans le polar. Pour arriver à ses fins, Chance manipule tout le monde, et arrive même à ne plus paraître très sympathique au spectateur. La façon dont il use d’une prostituée, négligeant toute notion de sécurité, est exemplaire de son attitude.

N’oublions pas que c’est William Friedkin, monsieur French Connection, qui est aux commandes de ce polar noir. Il en découle une nervosité dans les cadrages, une séquence très réussie de poursuite en voiture (comme il avait tourné celle de Popeye dans FC), et surtout, un grand réalisme dans le traitement. La fin du film, très inhabituelle du genre, sonne finalement juste comparativement au reste du métrage. Un polar que nous aimons particulièrement, et visionné ces derniers temps pour la première fois : c’est le genre de découvertes qu’on aime faire, et qu’on aime partager !

Commentaires

  • C’était le temps où Friedkin - Monsieur Jourdain du cult movie ? -, n’ayant plus rien à prouver (L’Exorciste, French Connection (auquel on pense ici sacrément !) ou Cruising étaient loin derrière…), tricotait encore du gros chanmé, jusqu'auboutiste et vénéneux.
    Le temps, éphémère, où l’on crût, l’affaire de deux putain de films (celui-ci et Manhunter de Michael Mann (le même Mann qui poursuivra en pure perte Friedkin pour plagiat de Miami Vice !)), avoir trouvé un nouveau Mel Gibson, plus intense, plus ambigu, plus barge, plus homo-arty (les jambes arquées et le petit blouson de cuir…), en la personne de William L. Petersen (et son négatif bad guy en le trouble Willem Dafoe (qui confirmera bien davantage !)).
    Le temps où ce mariage entre une forte documentation, une insensée imprégnation (le film fut tourné en territoire de gangs LA, utilisant de vrais taulards pour les séquences zonzonnisantes,… la corde raide en toutes occasions), une stylisation extrême (et une BO effroyablement dégueulasse !) au paradoxal service d’un réalisme brutal, un sens du récit et un filmage immersifs et spectaculaires (les fameuses poursuites, pédestres ou automobiles) donnait naissance à un objet aussi solide que branchouille (culte, quoi) sachant dérouter, par tant de violence nihiliste, le bigleux amateur de Bronson ou de Norris et faire applaudir l’abonné à Starfix. Ayant un pied dans les deux camps alors (pour Chouque, pas Charles !), il me fallu plusieurs visionnages pour ne plus bouder ni mon plaisir ni mon admiration.
    Ce temps-là, c’était le mitan des 80’s, my friends de mauvais goût !

  • Fort bien dit, tout cela ! J'aime cette prose qui prend le même mouvement, furieux et rapide, dudit film. A bientôt !

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