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Le secret de la planète des singes (1970)

Un film de Ted Post

3271727135_3223dcd67f_m.jpgLa saga Planète des singes se pose quand même là dans l’histoire de la science-fiction au cinéma. Partant du bouquin de Pierre Boulle, le premier volet est mythique, tellement populaire que le coup de théâtre final est dévoilé dès la jaquette du dvd ! Cas assez rare pour le signaler...

Au vu du grand succès remporté par le premier film, le producteur Arthur P. Jacobs met vite en route une suite. Plusieurs problèmes se posent : Charlton Heston est réticent et va minimiser autant qu’il peut sa participation au Secret... ; autre problème, Jacobs ne réussit pas à avoir Franklin J. Schaffner à la réalisation, ni Pierre Boulle et l’immense Rod Serling au scénario, qui n’arrivent pas (s’opposent ?) à aboutir à un scénario valable. Soit toutes ses composantes qui ont fait la réussite incontestable du premier film, tant artistique que financière. Même l’acteur qui deviendra la pierre angulaire de la saga, Roddy McDowall, dans le rôle de Cornelius, est remplacé par l’acteur David Watson pour cause d’indisponibilité. Qu’à cela ne tienne, Ted Post, réalisateur TV, va avoir en charge la mise en scène. Un exercice sans grande surprise, loin derrière les audaces formelles et la vision indéniable de celle de Schaffner, pas désagréable pour autant, même si il manque clairement de génie. La découverte du New-York en ruines est vraiment sympathique, et le dernier acte est tellement énorme (à tous points de vues) qu’on ne peut parler de ratage. On devra plus tard à Ted Post Magnum Force, 2ème épisode de la non moins célèbre saga Inspecteur Harry, où il s’en tire avec tous les honneurs (décidément, un spécialiste des n°2).

J’aime tout particulièrement ce Secret..., qui voit James Franciscus (choisi pour sa ressemblance avec Heston), arrivé sur la planète en suivant les traces de Taylor, partir à sa recherche en compagnie de la mimi Nova. Le soin laissé encore une fois à l’imagerie, très cinégénique, de ces primates parlants dûment cuirassés, ne me lasse jamais. De plus, on a dans cet opus un usage plus poussé des trois races de singes en présence (gorilles guerriers ou gardiens, orangs-outangs sages, en haut de la pyramide du pouvoir et de la religion, et chimpanzés qui représentent le peuple), ce qui apporte un approfondissement bienvenu sur les rapports de force dans la société de la planète des singes. Une séquence de tabassage des gorilles sur des chimpanzés amène même un parallèle évident avec les débordements policiers de 68, année révolutionnaire. On n’échappe cependant pas à une certaine redite, surtout au début du métrage : les 5 premières minutes sont reprises du premier film, et les premières impressions de Brent (James Franciscus) ne sont qu’un résumé de celles éprouvées par Taylor précédemment. La musique composée pour l’occasion par Leonard Rosenman est également à cent lieues du bijou aux sonorités tribales de Jerry Goldsmith, mais sait néanmoins faire preuve d’une sobriété efficace (certaines scènes ne sont que très peu sonorisées, ce qui donne un côté plus brusque aux événements).

Beneath the planet of the apes peut donc aujourd’hui garder la tête haute, illustrant bien la peur du conflit atomique comme nombre de péloches sci-fi de la décennie précédente. Sa secte d’adorateurs d’une sorte de phallus doré est constamment sur le fil du ridicule -notamment grâce à des costumes pyjama-style et un Jacques Villeret américain qui préfigurent le nanardesque La soupe aux choux, sans jamais cependant y sombrer vraiment. Et si la guerre primates-humains qui se prépare est confuse -comment les singes connaissent-ils l’emplacement de la base des hommes radioactifs ?-, elle laisse place à un spectacle crépusculaire qui fait plaisir à voir, bien qu'un peu mou. La suite de la saga sera plus maladroite, malgré un troisième épisode délibérément orienté comédie assez plaisant, et devra se débrouiller à chaque fois avec moins de budget que son prédécesseur. Elle n’en perdurera pas moins, et c’est plutôt l’infâme remake de Tim Burton qui donna à l'orée des années 2000 un coup fatal à la reprise de cette histoire ô combien porteuse.

Commentaires

  • Le r'voyant voilà deux ans, notre enthousiasme ne fût pas aussi palpable que le vôtre, mon cher Raphaël. Pour preuve, notre glose d'alors:

    Si une des patentes réussites de La Planète des Singes était - entre autres - que durant 40 minutes au moins Charlton Heston ne pouvant parler, qu'il faisait preuve d'une belle économie en tissus de conneries, cette opportuniste séquelle ne brille guère par la même sagesse: dialogues calamiteusement redondants, didactiques et régulièrement ridicules, tunnels narratifs à l'intention des ramollis du bulbe, embarasse vite le titre, le chargeant de trop de scories (les pistes scénaristiques sont par ailleurs assez grotesques (la secte résistante des mutants télépathes adorateurs de la Bombe H !)) et gâche tout le potentiel contextuel originel de l'affaire en versant dans un ridicule qu'un pas si étranger Age de Cristal avait, par exemple, miraculeusement évité.
    On portera toutefois in extremis au maigre crédit de l'entreprise naïvement anti-nucléaire (lafolidézomes !) une VF d'époque épatante (pour peu d'avoir 10 ans en 80) ainsi qu'une BO concrète de Leonard Rosenman (loin de ses travaux pour les James Dean), un final nihiliste plutôt inattendu, et une poignée de vignettes efficaces (les ruines du Radio City Hall, de la Bourse, du métro nu-yorkais) même si finalement éventées et prévisibles, elles (l'univers n'étant plus à installer le film peine méchament à trouver un second souffle, d'autant que l'affaire simiesque passe nettement au second plan)...

  • Si, si, le film saute dans le ridicule à pieds joints et c'est même pour cela que je l'aime beaucoup. Tout à fait sur la ligne du camarade Mariaque, c'est un des plus beaux navets que j'ai vu de ma vie. Je vous trouve bien indulgent sur les "cinq minutes de redite" dans la mesure ou c'est toute la première partie qui est reprise sur le premier film. Et James Franciscus, assez médiocre, est loin de Charlton Heston. On a l'impression qu'il a vu le film précédent et ses expressions de surprise sonnent terriblement faux. De son côté, Heston n'était visiblement pas motivé et ça se voit. Le film essaye pathétiquement de rappeler qu'il est la star mais ça marche pas bien. Reste des effets souvent mauvais, ce qui pourrait passer dans une série B, mais là, ça coince. Le film, il faut dire, a vu son budget coupé en deux, ceci explique cela. Sinon, le scénario est plein de trous mais globalement, on s'amuse bien. En resserrant les deux épisodes suivants sur les singes, on fera de bien meilleurs films.

  • Si à mon humble avis le film "peut garder la tête haute", ce n'est pas parce que c'est un chef d'œuvre mais bien car "on s'y amuse" et que j'aime ces personnages qui font de la saga ce qu'elle est aujourd'hui. Si comme vous le dites, Vincent, financièrement la coupe est franche par rapport au premier opus, il n'en devient pas pour autant indigne. Effectivement le film répète longuement le premier film (ce que j'ai mis en évidence), mais James Franciscus ne "singe" pas autant que vous le défendez. Quand on aime bien, on peut se laisser aller à quelque envolée contestable -je pense à "spectacle crépusculaire qui fait plaisir à voir"-, mais je maintiens mon impression sur ce film qu'on peut apprécier au-delà d'une simple nostalgie nanardesque (même si c'est déjà pas mal!).

  • Ah bah ça fait plaisir de voir ce film chroniqué quelque part... :)

    Bon ok, si ce second opus est plutôt mauvais et présente tous les défauts d'une mauvaise suite mal fichue , c'est tout de même son épilogue qui continue de me frapper : combien de films hollywoodiens à vocation grand public (ok, pléonasme) se termine par...la destruction de la Terre ?! Je cherche encore.
    Cette fin hallucinante de pessimisme (et aussi un cauchemar pour les scénaristes suivants haha) reste pour moi un grand moment de cinéma par son audace.

    Quant au suivant, les Evadés de..., hé bien c'est davantage son côté mélo (là encore bonjour la fin qui tue) que la comédie qui m'a frappé.

    Dernier point ou je rejoins l'article : tout ce qui a été fait de pire dans cette série ne le sera jamais autant que l'effroyable nanar commis par Mr Burton.

    Robby

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