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Quantum of Solace (2008)

Un film de Marc Forster

quantum of solace1.jpgLe nouveau James Bond étonne tout en faisant état d’une continuité évidente. Il constitue le premier film de la franchise à être une suite directe du très bon Casino Royale. Dans le rappel de ce simple fait, on décèle un changement plus profond que cela paraît : la dimension toute serialesque chère à James Bond, avec lequel une aventure complète nous était proposée à chaque film, et chez lequel on retrouvait des caractéristiques récurrentes. Rappelons ici que nous sommes au cœur d’un renouvellement complet de la franchise, Casino Royale et Quantum of Solace représentant un épisode 0 dans la caractérisation d’un nouveau Bond. En effet, on peut se demander dans quel mesure on assiste à un James Bond movie : pas de gadgets (rupture déjà amorcée par Casino Royale, radicalisée ici), pas de frivolités avec la gente féminine (Bond ne flirte même pas avec Olga Kurylenko), impasse sur l’humour, pas de "My name is Bond, James Bond". Entre tradition et (r)évolution, le nouvel opus signé Marc Forster semble avoir choisi son camp. Quantum of Solace fait montre d’une rudesse qui saute à la gorge, de rugosité, voire d’austérité, loin des fastes du passé (décors, voitures, ...).

Le plus connu des agents secrets poursuit une quête de vengeance personnelle froide et limite aveugle, devenant une machine à tuer incontrôlable digne d’un Terminator, pour qui le respect des ordres donnés par sa hiérarchie est... aléatoire. C’est là que Quantum of Solace paye un trop lourd tribut à la trilogie Bourne. L’agent de l’écrivain Robert Ludlum et ses adaptations cinématographiques ont dépeint de façon trop évidentes sur les scènes d’action du métrage, rendues illisibles par un excès de tremblements et de sur-découpages : sans plan de référence montrant l’ensemble de la scène, on est perdu alors même que seulement deux protagonistes se battent ou se coursent à l’écran. Bond, dissident au sein même de l’organisation qui l’emploie, rappelle le parcours de Timothy Dalton alias James Bond dans le violent Permis de tuer (John Glen, 1989). Pour être un Bond crédible dans le film d’espionnage d’aujourd’hui, il doit se poser en rebelle, en électron libre au sein d’un système où toutes les cartes sont truquées d’avance. Le monde dépeint dans le film s’affranchit de toute notion prédéfinie de bien ou de mal, et privilégie une théorie du complot où les membres les plus importants des états dominants font affaire avec des truands notoires en connaissance de cause. La note d’intention est bien un réalisme à outrance, moins charmant mais plus (trop ?) crédible. On se retrouve donc dans une configuration de pur récit d’espionnage, empli de couvertures, d’infiltrations, et d’un certain flou dans les motivations de chacun. On perd cependant beaucoup du charme d’un Bond classique (couleurs chaudes, belles voitures, lieux paradisiaques, une fenêtre de fantaisie et de rêve).

A l’image du monde actuel, James Bond subit des transformations d’importance : il est un des témoins révélateurs de notre époque, le changement dans la continuité ; à chacun de choisir dans quel époque ils préfèrent vivre.

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