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film catastrophe

  • Steadyzine #5 spécial 70's !

    steady.jpgIl y a quelques mois, Chris du Steadyblog me sollicitait, ainsi que d'autres bloggeurs, pour contribuer à la nouvelle livraison de son Steadyzine ; après les années 80, ce sont les fantastiques années 70 qui sont à l'honneur dans ce numéro gargantuesque : 96 pages tout en couleurs, et tout ce qui fait le sel de cette décennie : justice expéditive, film catastrophe, giallo, post-apo (Mad Max inside !), Bébel et Delon, Lee Marvin, la crème des séries vintage (Man from Atlantis, Cosmos 1999, Galactica...), ; ils sont -presque- tous présents, et plus encore !

    Sans oublier l'exceptionnelle maquette que l'ami Chris a pondu pour l'occasion : pas de mots, elle est tout simplement sublime. Ma contribution est constituée d'articles précédemment publiés sur le blog, revus et corrigés par votre serviteur. Vous avez envie de voir et lire tout ce que contient ce petit bijou ? La meilleure, c'est qu'il est gratuit : ça se passe par là !

    Merci à Chris pour ce beau cadeau.

  • La tour infernale (1974)

    Un film de John Guillermin

    3233760704_ea18b734ae_m.jpgAprès L’aventure du Poséidon il y a quelques temps, attachons-nous aujourd’hui au sommet du film catastrophe des années 70. A qui doit-on La tour infernale, parangon du genre ? Sûrement moins à John Guillermin, son réalisateur, qu’à la personne d’Irwin Allen, producteur et réalisateur surnommé "le roi des catastrophes" pour son apport au genre au fil des années ; il est d’ailleurs crédité ici de réalisateur des scènes d’actions, ce sui concerne une grande partie des 2h40 du métrage. La carrière de Irwin Allen est jalonnée par l’ombre de la catastrophe depuis les années 50. Déjà à la production de L’aventure du Poséidon en 1972, il réitère ici en promettant "plus de stars, plus d’action, plus de suspense" -dixit la bande-annonce d’époque.

    Après l’eau de The Poseidon Adventure, le nouveau danger de Le tour infernale est... le feu ! Pourquoi pas... De plus, la fameuse tour est un endroit tout à fait propice à la catastrophe, avec ses difficultés d’accès et ses quelques 135 étages qui en font un labyrinthe aux proportions homériques. Cette tour gigantesque est désignée comme la plus haute du monde dans le film ; elle représente le symbole de la réussite du monde capitaliste, mais ses dysfonctionnements nous montrent un tableau beaucoup moins reluisant : pour économiser les coûts de construction, on devine que tous les matériaux prévus par l’architecte (Paul Newman) ont été remplacés par de la marchandise bon marché. La tour va prendre feu et se déliter, petit à petit, à l’image du moral en berne de l’Amérique, en ces temps de crise pétrolière. La tour devient le symbole de cet idéal mis à mal, ainsi que le vestige d’un âge d’or hollywoodien qui a passé la main : les Coppola et consorts, inspirés par le cinéma européen, prennent d’assaut la Mecque du cinéma, cassant les limites d’un certain classicisme. Classicisme dont il est question ici ; on remarquera que les films catastrophes des années 70 font la part belle aux derniers représentants de cet âge d’or disparu, William Holden, Shelley Winters dans l'Aventure du Poséidon et même Fred Astaire dans le film qui nous intéresse aujourd’hui. Bien sûr, les rôles principaux sont tenus par des hommes dans la force de l’âge, ici Steve McQueen et Paul Newman, représentant ce besoin de héros et d’espoir dans cette décennie 70. Car si on décèle une mise en évidence de la lente désillusion face à l’idéal capitaliste, La tour infernale n’en reste pas moins un éloge sans équivoque à l’héroïsme et au sacrifice face à une situation de crise. L’accroche inaugurale ne vante-elle pas le courage des pompiers, auxquels est dédié le métrage ? C’est également une démonstration de force à l’américaine, qui déploie les grands moyens, techniques et humains, pour venir à bout de l’incendie : les voitures et camions de pompiers et autres hélicoptères déboulent dans le panorama à grands bruits. Newman, une fois la catastrophe passée, voudrait que la tour devienne "un temple dédiée à la connerie humaine" ; sa pensée est assez représentative de ce cinéma de crise, mais qui laisse néanmoins place à l’espoir.

    Plus efficace que L'aventure du Poséidon, notamment dans les mises à mort des personnages -Robert Wagner et sa femme, seuls, prisonniers de flammes-, le film se caractérise par la surenchère, typique au genre. S’il a dû coûter plus cher, le film est également plus long, et il sa passe un certain temps avant le début de la catastrophe ; cela permet à tous les éléments constitutifs du drame (plans de construction non respectés, rapports de force père/fils, lien entre les personnages principaux) d’être clairement établis. Chose intéressante, alors que l’on pouvait entendre la chanson The morning after pendant l’Aventure du Poséidon, elle laisse la place ici à We may never love like this again ; alors que la première était plutôt positive, pleine d’espoir en n’omettant pas une situation difficile, la seconde est plus fataliste, et marque une plongée plus profonde dans le pessimisme, qui s’installe durablement.

    Côté suspense, un film tout à fait recommandable, également radiographie de la période 70's américaine.

  • L'aventure du Poséidon (1972)

    Un film de Ronald Neame

    3104403854_e8b109d6cb.jpg?v=0Rejeton classique du genre film-catastrophe, ayant eu ses beaux jours principalement dans les années 70, bien qu'un nombre incalculable de films aient utilisé avant un événement de type catastrophe dans le cours de leur récit, L’aventure du Poséidon déchaîne la mer (via un tremblement de terre sous-marin), ce qui aura pour effet de retourner complètement le navire du titre. Si l'on nomme Airport (George Seaton, 1970) comme un nouveau départ dans le genre, c’est qu'il cristallise plusieurs éléments constitutifs de ce genre : focalisation sur la catastrophe et ses conséquences, centrage sur un petit groupe d'individus rescapés représentant chacun une partie de la société de l’époque, et y ajoute deux aspects caractéristiques de ce renouveau : gros budget et casting de stars. On retrouve ici Gene Hackman, tout juste oscarisé pour French Connection (William Friedkin, 1971), Roddy McDowall, Ernest Borgnine de La Horde sauvage (Sam Peckinpah, 1969), ou encore Shelley Winters, de Lolita (Stanley Kubrick, 1960). Si le début du film fait un peu sourire par sa propension à nous offrir une Croisière s’amuse avant l’heure -c’est le 31 décembre, tout le monde fait la fête et on nous dévoile la vie privée de certains personnages-, cette bonne ambiance est rapidement prise à contre-pied par le renversement sus-cité, assez impressionnant. On touche là au passage obligé du film-catastrophe, la mise en scène du phénomène, qui se doit d'être gigantesque, transformant les êtres humains en fourmis ne pouvant rien faire d’autre que subir la situation. On retrouvera dans chaque film cet écart d'échelle, qui symbolise toute l'étendue de la catastrophe. Dans les airs, sur la mer, à cause d’un volcan, d'éboulement, d'un raz-de-marée, et j'en passe, l'inéluctabilité du fait que tout va changer après est toujours présente. Pour le groupe de survivants, la réflexe de survie est autant présent que le choc de la perte des êtres qui leur sont chers. Dans ce contexte extra-ordinaire, les rapports de force vont rapidement se mettre en place, entre un leader et un groupe à sa charge. Dans L’aventure du Poséidon, la figure d'autorité (Gene Hackman, qui joue un pasteur progressiste) est vite contestée par un autre personnage -Ernest Bognine, un policier-, opposant ainsi deux formes de leadership. Au final, les deux sont assez semblables, comme le discerne bien le pasteur. Les cartes sont ainsi disposées qu’au groupe de survivants adviendra des malheurs, certains étant perdus en cours de route. On touche à l’une des autres constantes du genre, la brutalité et l’injustice des mises à mort. On posera ici un bémol devant le manque de souffle de ces séquences, qui enlèvent des personnages centraux sans assez de force ; ceci étant posé, les personnages restants portent tous le spectre de quelqu’un, chacun une blessure -psychologique et physique-,  augurant des années 70 comme la décennie  de la désillusion.

    Dans l’ensemble, le film a assez bien vieilli même s'il n’exploite pas toutes les ressources de l’écran panoramique. Celui-ci rend tout de même la scène du renversement et de la lame de fond plus impressionnante. Le périple de notre petit monde dans les dédales de couloirs remplis de débris et de morts, poussés par l’eau qui envahit peu à peu les compartiments en dessous d’eux, est bien ficelé même si certains passages font penser à un parcours d’épreuves type Fort Boyard (Shelley Winters, pourtant grossie d’une vingtaine de kilos, qui parcourt à la nage un conduit souterrain). Finalement, c’est de cela qu’il est question : un parcours du combattant au cours duquel les ressources de chacun sont mises à contributions, et dans lequel on voit également apparaître les faiblesses des personnages. Si le genre a rapidement donné des signes d’essoufflement, les années 2000 lui donne encore des énormes budgets, à l’image d’un Jour d’après (Roland Emmerich, 2004) , de En pleine tempête (Wolfgang Petersen, 2000), ou du prochain film de Roland Emmerich, 2012. Le gigantisme nécessaire à l’élaboration de ces projets sied bien à l’inflation des budgets actuels, et au concept tant aimé de surenchère...

    Pour finir, une petite page sympathique sur le genre du film-catastrophe ici.