Chronicle (2012) (04/07/2012)

Un film de Josh Trank 

7503235024_c428d6aedf_m.jpg

Voilà un petit film malin qui fait grande impression : exploitant de façon virtuose son pitch simplissime (trois ados en contact avec une étrange substance luminescente développent des super-pouvoirs), il mise autant sur la forme, un pseudo-reportage filmé par un des jeunes, que sur le fond : la confrontation toute personnelle  de chacun face à des pouvoirs qui bouleversent l'ordre des choses. 

Il y a une belle progression sur les deux axes, visuel comme thématique. D'abord, Andrew apprivoise la caméra avec laquelle il filme désormais tout ce qu'il voit ; dans le même temps, les autres lycéens qui l'entourent font de même, remarquant, se moquant souvent, de son nouveau hobby. Nous, spectateurs, sommes aussi mis peu à peu en connivence avec le style reportage qui rend la mise en scène "visible" (elle s'explique par la connaissance que l'on a du dispositif et du réalisateur amateur). Puis, peu à peu, l'entourage d'Andrew, comme nous, s'acclimate. Les plans qui en résultent sont d'ailleurs bien plus lisibles que d'autres tentatives du genre Cloverfield (Matt Reeves, 2005), tout en s'insérant tout à fait dans cette mouvance. Le film n'en perd pas pour autant la force des images semblant être prises sur le vif : elles nous sont assénées d'autant plus violemment que la réalité ainsi montrée est extra-ordinaire, l'apprentissage des super-pouvoirs donnant à voir une variété impressionnante de situations, comiques parfois, mais au bord du drame à chaque instant.

Les démonstrations, au début potaches et sans grandes conséquences (une femme qui fait ses courses ne retrouve plus sa voiture sur le parking, voit son caddie filer tout seul dans le magasin...) prennent plus d'ampleur, et l'on découvre petit à petit les applications pas forcément courues d'avances de la télékinésie. La gradation, encore une fois, est réussie, en ne prenant pas de détour scénaristique (même dans la version présentée en vidéo, plus longue de quelques minutes à l'expérience cinéma).

Au final, plus que les effets (la plupart réussis, sauf les séquences de vol : n'est pas Christopher Reeve qui veut : de la crédibilité d'être câblé sans en avoir l'air), ce sont les personnages et leur caractères affleurant, qui font de Chronicle une réussite, alors même que la dernière partie rend un hommage geek plutôt bourrin à l'animation japonaise (Akira et Dragon Ball en tête). Avec ces 1h30 qui passent comme un coup de canon, le premier film de l'américain Josh Trank va plus loin que le mélange super-héros / caméra à l'épaule, auquel on aurait tôt fait de le réduire. Très prometteur !

22:01 Écrit par Raphaël Joly | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : super-héros, états-unis, 2010's |  del.icio.us |  Facebook | |  Imprimer | |