Vivre et laisser mourir (1973) (24/05/2014)

Un film de Guy Hamilton

14074183090_1be17079d2_m.jpgAprès Sean Connery et George Lanzenby, qui pour jouer le plus célèbre des agents secrets ? Ian Fleming, le créateur de James Bond, avait pensé à Roger Moore dès 1962, mais le tournage de la série Le Saint empêcha son recrutement. Amicalement Vôtre est ensuite passée par là, et enfin, Moore peut reprendre le rôle après une dernière apparition de Sean Connery dans le canon officiel, Les diamants sont éternels (Guy Hamilton, 1971).

Plusieurs questions se posent pour le film, qui deviendra simplement l'un des pires de toutes la saga. D'abord, le cadre de l'intrigue, avec la Nouvelle-Orléans, Mardi-Gras et la parade musicale ont déjà été mis en scène dans un précédent Bond, Opération Tonnerre. La redite n'étant visiblement pas un problème pour les producteurs (la multitude de poursuites à skis dans les Bond en est un exemple flagrant), la séquence est gardé. Le folklore noir, en plein période Blacksploitation, sent la formule, et tout paraît très calculé, de même que les passages dans le bayou, et l'interminable poursuite en bateau hors-bord.

Vient ensuite, la performance de Moore lui-même, et des autres membres du casting. En voulant se démarquer des interprètes précédents, Moore accentue le machisme à un degré stratosphérique, qui met Bond en position de mâle ultime, alors même que c'est avec Moore qu'il est le plus maniéré. La panoplie jean délavé, débardeur blanc et bronzage caramel est totalement décalée par rapport à la virilité du personnage. Moore joue la partition Bond à la coule, sans s'en faire le moins du monde, toujours flanqué d'un demi-sourire satisfait. Si Jane Seymour, pour son premier rôle au cinéma, s'en sort bien (son costume étincelant de nombreuses pierres précieuses est sublime), ce n'est pas le cas de la pauvre Rosie Carver, interprétée par Gloria Hendry, qui a du mal à paraître crédible (et, accessoirement, à bien jouer). Sa mort, rapide et efficace, est presque un soulagement...

Quelques clins d’œil à la mythologie sont tout de même bien sentis (Quarrel Jr., le fils du pêcheur dans Dr. No, accompagne Bond), mais l'humour forcé empêtre le film dans la parodie, comme cette Mme Bell qui vient prendre des cours d'aviation et tombe sur l'instructeur Bond, qui décanille l'appareil en quelques minutes, ou encore le shérif Pepper, un nigaud qui chique son tabac pendant toute sa prestation.

Terminons sur une question : mais que vient faire le vaudou dans un James Bond ? La touche d'étrangeté fantastique qui saupoudre le récit n'apparaît pas avoir sa place dans ce film, totalement décalée, participant au melting-pot ambiant. Vivre et laisser mourir peut également prétendre à la mort du méchant la plus ridicule, et ce n'est pas un cadeau...

23:05 Écrit par Raphaël Joly | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : james bond, espionnage, 70's, royaume-uni |  del.icio.us |  Facebook | |  Imprimer | |